C. UNE NOUVELLE ÉTAPE DU PROCESSUS DE RECENTRALISATION DES FINANCES LOCALES ?

La dénonciation par l'Etat du coût budgétaire des collectivités locales marque une nouvelle étape du processus de recentralisation des finances locales.

Depuis 1997, les atteintes à l'autonomie financière des collectivités locales se sont multipliées. Elles ne constituent pas des opérations désordonnées mais s'inscrivent dans un processus de recentralisation des finances locales.

Cette stratégie de l'Etat repose sur l'idée que les gestionnaires locaux sont " d'incorrigibles dépensiers " et que, dans le cadre de ses engagements européens en matière de déficits, la France ne peut pas courir le risque de voir ses performances remises en cause par les dérapages des élus locaux.

Même si cette hypothèse ne repose sur aucune réalité, elle sert de fondement à la stratégie actuelle de l'Etat, qui consiste à rendre les ressources des collectivités locales de plus en plus dépendantes de décisions de l'Etat car, en contrôlant les recettes locales, l'Etat s'imagine pouvoir contrôler également le niveau des dépenses des collectivités locales.

C'est ainsi que, depuis 1997, l'assiette de la taxe professionnelle a été amputée d'un tiers, les collectivités ont perdu la faculté de voter les taux des droits de mutation à titre onéreux, les régions ne perçoivent plus cet impôt et, bientôt, ne percevront plus non plus la taxe d'habitation.

Ces évolutions aboutissent à accroître les dépenses de l'Etat dans des proportions considérables. En 2000, l'Etat consacre près de 23 milliards de francs à la compensation de la réforme de la taxe professionnelle, environ 13 milliards de francs à la réforme des droits de mutation et 5 milliards de francs à la compensation de la suppression de la part régionale de la taxe d'habitation. Aucune de ces dépenses n'aurait été nécessaire si l'Etat avait choisi de réduire ses propres impôts au lieu de toucher aux impôts locaux.

Ainsi, après accru son influence sur les dépenses des collectivités locales en contrôlant une part accrue de leurs recettes, l'Etat dénonce désormais le coût budgétaire des collectivités locales, comme pour préparer le terrain à une réduction du montant de ses transferts en direction des collectivités locales.

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