II. LE SUIVI DE L'EXÉCUTION, MONOPOLE DU POUVOIR EXÉCUTIF

A. LES INSTRUMENTS DE SUIVI DE L'EXÉCUTION

Dans les réponses écrites au questionnaire de votre commission, MM. Jacques BONNET et Philippe NASSE, chargés par le Premier ministre en juin 1997 d'une mission d'audit des finances publiques, ont considéré que " l'extrême complexité des structures administratives et l'archaïsme des méthodes comptables de l'Etat rendent vaines toute tentative de développer dans le domaine public une fonction de " reporting " à l'instar de ce que font les entreprises qui suivent régulièrement l'avancement de leur budget et anticipent ainsi la formation de leurs résultats comptables ".

Les imperfections du système comptable n'empêchent cependant pas les services de réaliser de nombreux documents à destination des ministres. La direction du budget a indiqué dans ses réponses écrites au questionnaire de votre commission que l'ensemble des notes destinées au ministre en matière de " reporting " et de prévision d'exécution " constitue une production volumineuse, dépassant la trentaine de documents par an ". La direction générale de la comptabilité publique élabore également des documents de suivi de l'exécution budgétaire.

1. Les outils de reporting

M. Jean ARTHUIS a considéré que, s'agissant des outils de " reporting ", " situation hebdomadaire et situation mensuelle sont des éléments appréciables ". M. Christian SAUTTER a également indiqué dans ses réponses écrites : " je recevais les situations mensuelles budgétaires quelques jours avant leur publication ainsi que les situations hebdomadaires particulièrement sensibles aux phénomènes calendaires ".

La direction générale de la comptabilité publique joue un rôle central dans l'élaboration de ces documents. Comme elle l'indique dans ses réponses écrites, elle a pour mission la " centralisation et valorisation des résultats budgétaires et comptables " ; " pour reconstituer l'unité de la comptabilité, toutes les opérations intégrées dans les écritures des TPG sont centralisées quotidiennement à l'ACCT. Sur cette base, la DGCP réalise des situations périodiques qui sont produites hebdomadairement (la SH), mensuellement (situation mensuelle des dépenses, situation mensuelle des recettes, SROT, situation mensuelle budgétaire, réalisée avec la direction du budget) ".

a) La situation hebdomadaire (SH)

La situation hebdomadaire est réalisée par le bureau 5A de la direction générale de la comptabilité publique. Elle porte la mention " ce document a un caractère confidentiel et ne doit faire l'objet d'aucune diffusion, directe ou indirecte, par les destinataires désignés ".

Le ministre est destinataire de la situation hebdomadaire, ainsi que certains services du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, en particulier le bureau 1D de la direction du budget, responsable du suivi de l'exécution, la direction de la prévision et à l'inspection générale des finances. Elle est également adressée à la Cour des comptes. M. François LOGEROT a en effet indiqué à votre commission que " concernant la situation hebdomadaire et plus généralement les situations infra-annuelles budgétaires, nous les recevons, d'ailleurs certaines d'entre elles sont publiées ".

Conformément à l'engagement écrit en date du 11 juillet 2000 pris par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et la secrétaire d'Etat au budget en réponse à une demande de votre président M. Alain LAMBERT, les présidents et rapporteurs généraux des commissions des finances des deux Assemblées reçoivent désormais une situation hebdomadaire.

La situation hebdomadaire retrace semaine par semaine l'évolution du solde, des dépenses et des recettes du budget général, des opérations des comptes spéciaux du trésor et les opérations de trésorerie. Elle compare les résultats de la semaine à ceux de la même semaine l'année ou des deux années précédentes. Les données ne sont pas assorties de commentaires.

Evoquant ce document, M. Thierry BERT, chef du service de l'Inspection générale des finances, a livré le témoignage suivant : " Une situation hebdomadaire des recouvrements est établie et communiquée, je pense, aux diverses institutions de la République. C'est un document confidentiel et secret, auquel je pense nous avons tous accès et nous pouvons voir avec une fiabilité suffisante quels sont les écarts entre les prévisions et les réalisations, et corriger en hausse ou en baisse les évaluations ".

b) La situation mensuelle budgétaire

Le ministre est informé tous les mois de l'évolution du solde d'exécution par la situation mensuelle budgétaire (SMB), réalisée conjointement par la direction du budget et la direction générale de la comptabilité publique.

Dans ses réponses écrites, la direction du budget a indiqué que " la SMB est accompagnée d'éléments d'appréciation de l'exécution mensuelle en comparaison au même mois de l'année précédente (11 par an). Ces commentaires sont repris page 4 de la SMB publiée dans les notes bleues et mentionnées sur le serveur Internet du Ministère ". Elle est publiée 36 jours après la fin du mois, soit à " M + 36 " et, selon les informations obtenues par vos rapporteurs à l'occasion du contrôle sur pièces et sur place réalisé au ministère des finances, l'exemplaire transmis au ministre comportait des commentaires spécifiques.

Cette situation mensuelle est rendue publique depuis 1996, sur une décision de M. Jean ARTHUIS prise à la fin de l'année 1995. A ce sujet, M. Christian SAUTTER a formulé une remarque " en passant " : " Avant cette date, tous les gouvernements antérieurs ne risquaient pas d'avoir des problèmes de " cagnotte " puisqu'ils ne donnaient aucune information sur l'exécution budgétaire ". Il a ajouté : " j'insiste sur le fait que nous sommes le seul pays à publier les situations budgétaires mensuelles, aussi bien sur les recettes que sur les dépenses ".

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