2. Un outil de prévision : les quatre notes annuelles du directeur du budget

Le ministre reçoit quatre prévisions d'exécution dans l'année, à chacun des temps forts de la préparation du budget : avril, juillet, octobre, décembre. Selon M. Alain LAMASSOURE, ces documents prennent la forme d'un " dossier détaillé d'une trentaine de pages qui ne laisse rien dans l'ombre ".

a) Des notes trimestrielles actualisées chaque mois

Dans ses réponses écrites, la direction du budget indique que " le bureau 1D de la direction du budget réalise tous les trois mois un grand exercice de prévision d'exécution pour l'année en cours, prenant la forme d'une note pour le ministre. Ce document retrace et synthétise les principaux écarts à la loi de finances en dépenses comme en recettes (4 par an) ".

Elle ajoute que " un tableau de bord est transmis tous les mois au ministre d'avril à décembre. Il a pour objet de confronter l'exécution cumulée à la fin du mois précédent et la prévision d'exécution la plus récente, afin de se prononcer qualitativement sur le sens d'une éventuelle révision de la prévision d'exécution (8 par an) ". Lors de son audition, le directeur du budget a précisé que ces documents sont " à destination de notre ministre ".

b) Un suivi précis et complet

Ces quatre notes constituent un élément essentiel du suivi de l'exécution budgétaire. Lors de son audition, M. Christophe BLANCHARD-DIGNAC a souligné que " plus on approche de la fin de l'année, plus on a tendance à voir juste et quand on a évidemment le résultat on est encore plus sûr des données ". Il a précisé que " étant la première, la prévision d'avril est entachée de très grandes incertitudes. .... En juillet, on commence à avoir des éléments sérieux sur les recettes, et un semestre sur les dépenses. En octobre, c'est en accompagnement du projet de collectif, en décembre c'est une fois le collectif arrêté et déposé ".

M. Jean ARTHUIS a confirmé la précision croissante des notes trimestrielles : " au début du mois d'octobre, le directeur du budget prépare une analyse très fine et très documentée qui sert d'appui à la préparation du collectif. C'est à mon avis le document le plus déterminant. Je crois que l'on a une connaissance assez précise du bouclage de l'exercice budgétaire ". M. Denis MORIN a indiqué : " cela donne l'exacte situation de la consommation, des dépenses et de l'ensemble des recouvrements fiscaux " mais que " les situations sont très divergentes d'un mois sur l'autre ".

Dans le questionnaire adressé à la direction du budget, votre commission avait demandé à avoir accès aux principales notes adressées au ministre et à son cabinet afin de les tenir informés de la situation du budget de l'Etat et des perspectives à moyen terme depuis 1990. Elle n'a obtenu que les quatre notes de prévision concernant l'exercice 1999. M. Jacques BONNET et M. Philippe NASSE ont remis à la commission d'enquête la note de prévision d'exécution d'avril 1997.

L'évolution de la présentation des notes de prévision d'exécution budgétaire

Leur présentation de ces notes semble avoir évolué entre 1997 et 1999. La note du 8 avril 1997 est un document succinct qui récapitule la prévision de solde, l'évolution des recettes et les prévisions de dépenses et le besoin de financement de toutes les administrations publiques. Elle comprend en annexe une prévision d'exécution détaillée et des tableaux récapitulant les prévisions de besoin de financement et d'exécution.

Les notes de 1999 comportent les mêmes annexes mais la présentation initiale par le directeur du budget est plus détaillée. Les notes d'avril et juillet comportent une prévision d'exécution pour le budget de l'Etat, comparent l'évolution des recettes et des dépenses par rapport à la loi de finances initiale et, en se référant aux travaux de la direction de la prévision, établissent une prévision de solde des administration publiques au sens du traité sur l'Union européenne.

La note du mois de juillet 1999 prévoyait une prévision de déficit budgétaire de 210 milliards de francs " soit une amélioration de 25,9 milliards de francs par rapport à la loi de finances initiale ". Cette prévision ne s'écarte du résultat constaté en exécution au début de l'année 2000 que de 4 milliards de francs. L'exemple de l'année 1999, année au cours de laquelle la conjoncture a été pourtant particulièrement fluctuante, tend à montrer que, dès la mi-année, le ministre dispose d'une prévision relativement fiable sur la réalité de l'exécution.

Les notes d'octobre et de décembre comparent les prévisions en matière de solde à la loi de finances initiale mais également à la maquette du collectif budgétaire qui sera discuté au Parlement au mois de décembre. Elles comportent également des prévisions en terme de solde des administrations publiques.

La note du mois d'octobre présente la particularité d'expliquer de manière détaillée les différences entre la prévision de juillet et la nouvelle prévision.

Aucune de ces quatre notes ne mentionne l'évolution des prévisions de croissance du produit intérieur brut.

c) Un instrument de préparation de la décision politique

Dans toutes notes consultées par vos rapporteurs, le directeur du budget tire les conséquences de la prévision d'exécution qu'il transmet au ministre en formulant des préconisations.

Un exemple, la note du 8 avril 1997

Dans cette note du 8 avril 1997, le directeur du budget considérait que " l'ampleur des écarts d'ores et déjà prévisibles, aussi bien en termes de déficit budgétaire qu'en termes de besoin de financement, entre le résultat prévisionnel d'une part, et les objectifs associés à la LFI et au plan de convergence d'autre part, indique que les objectifs de LFI et, par delà, les objectifs européens ne pourront être approchés qu'au prix d'un effort de redressement qui doit être engagé dès à présent de manière décisive (...) Sauf à renoncer à atteindre l'objectif de 3 % du PIB, ou à perdre rapidement toute crédibilité face aux observateurs internationaux, il est donc impératif en premier lieu, de prendre des mesures supplémentaires de redressement budgétaire, à hauteur de 25 à 30 milliards de francs, afin que l'Etat au moins respecte ses engagements. En second lieu, il me paraît également indispensable de prévoir rapidement des mesures permettant le redressement du besoin de financement du reste des APU, car il n'est guère envisageable que l'Etat puisse compenser l'intégralité du dérapage prévisible ".

En 1999, l'amélioration de la conjoncture économique conduit le directeur du budget à s'inquiéter d'abord du respect de la norme de progression des dépenses. En décembre, le directeur du budget profite de sa note de prévision pour aborder les modalités du pilotage de fin d'exercice. Il indique que " la remontée en gestion 1999 d'une partie ou de la totalité du produit de privatisation du GAN actuellement porté par la SGGP ne fait pas partie du scénario " de prévision qu'il transmet au ministre. Il estime que, " Si l'opération devait toutefois être décidée, il conviendrait alors d'absorber l'intégralité de cette recette par des anticipation de dotations 2000, sauf à envisager une amélioration importante du solde budgétaire. Une note signée du ministre avant le 31 décembre 1999 et prévoyant l'ensemble de ces opérations sécuriserait un tel schéma ; elle constituerait aussi un fait générateur permettant l'imputation 1999 ".

Comme le souligne M. Denis MORIN, " il appartient au ministre de traiter cette information lorsqu'il en est saisi ". Il est de la responsabilité de l'autorité politique de tirer les conséquences des informations qu'elle reçoit de la direction du budget.

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