4. Un excédent volontairement minoré fin août

Alors que la révision de 20 milliards de francs est faite dès le début juillet, et que la note du directeur du budget fait état de montants " arbitrés ", notamment pour l'impôt sur le revenu, la décision gouvernementale n'intervient que fin août-début septembre, c'est-à-dire deux mois après la réunion dite d'arbitrage.

La note conjointe du directeur du budget et du directeur de la prévision du 2 septembre 1999, présentant les recouvrements de recettes fiscales nettes en juillet 1999 (tableau de bord interdirectionnel), indique que le ministre n'a toujours pas procédé aux révisions de recettes : " les encaissements sont comparés aux profils mensuels établis sur la base des arbitrages de recettes fiscales rendus en février dernier dans le cadre du dossier des " Perspectives 2000 ". Les dernières réunions de prévision de recettes ont eu lieu les 5 et 6 juillet 1999. Dès que les arbitrages correspondants seront rendus de nouveaux profils pourront être établis et serviront de comparaison pour les analyses des prochains mois ".

Le tableau de bord interdirectionnel du 1 er octobre 1999 continue, " à la demande du cabinet du ministre ", à faire référence à l'arbitrage de février. Ce n'est que dans la note du 3 novembre 1999, ayant pour objet les recouvrements de recettes fiscales nettes en septembre 1999, qu'il est fait référence " aux nouveaux profils élaborés sur la base des arbitrages rendus fin août dans le cadre de la préparation du PLF 2000 ".

L'arbitrage du 2 septembre 1999

La direction du budget a communiqué à votre commission le tableau de " l'arbitrage du 2 septembre 1999 ". On peut s'étonner de constater que ce tableau ne correspond pas aux conclusions de la réunion d'arbitrage telles qu'elles figurent dans la note au ministre du directeur du budget du 13 juillet 1999.

En effet, alors que le 13 juillet était mentionnée une révision à la hausse des recettes fiscales nettes de 20,2 milliards de francs, le 2 septembre, le tableau de propositions des différentes directions fait ressortir une réévaluation comprise entre 12,7 milliards de francs (direction du budget) et 14,7 milliards de francs (direction de la prévision). Il pourrait s'agir d'une prise en compte des mesures du PLF 2000 qui n'avait pu intervenir en juillet, mais la note du directeur du budget en date du 26 octobre 1999 rappellera l'évaluation de 20,2 milliards de francs pour la réviser à la hausse de 3,3 milliards de francs...

Quoiqu'il en soit de ces contradictions, l'arbitrage gouvernemental du 2 septembre 1999 témoigne d'une prudence excessive , puisque les recettes fiscales nettes sont arbitrées à 1.546 milliards de francs, soit moins que la prévision de la direction du budget (1.547,6 milliards de francs) et surtout de la direction de la prévision (1.549,6 milliards de francs).

Les prévisions les plus basses sont retenues pour l'impôt sur le revenu et les droits d'enregistrement, et l'arbitrage en matière d'impôt sur les sociétés brut est encore plus bas que l'ensemble des propositions des différentes directions (253,9 milliards de francs, alors que la fourchette allait de 256,2 milliards de francs pour la direction générale des impôts à 262,5 milliards de francs pour la direction de la prévision, ces deux directions s'étant " échangé les rôles " s'agissant des prévisions les plus optimistes ou pessimistes par rapport au mois de février).

Il faut remarquer que l'évaluation retenue le 2 septembre, soit 1.546 milliards de francs (+ 11 milliards de francs par rapport à la loi de finances initiale), est encore revue à la baisse dans la révision associée au projet de loi de finances pour 2000. La réévaluation est réduite de 11 milliards à 6 milliards de francs, en raison de l'incidence, dès 1999, de deux mesures fiscales, la réduction du taux de TVA pour les travaux réalisés dans les logements d'habitation et la baisse des droits de mutation, pour un total supposé de 5 milliards de francs.

Ainsi, on est passé d'une révision " arbitrée " par les services de la direction du budget à 20,2 milliards de francs au début juillet, à une révision limitée à 6 milliards de francs par le gouvernement dans le projet de loi de finances pour 2000.

Cette diminution est d'autant plus surprenante que, parallèlement, les tableaux de bord interdirectionnels mensuels comme les notes de la direction du budget montrent, au cours du dernier trimestre 1999, que les plus-values de recettes s'amplifient.

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