3. Des modifications comptables plus restreintes en 1999

Dans sa note au ministre du 13 juillet 1999, le directeur du budget évoque " la réforme du calendrier des versements de la Française des jeux qui permet de décaler environ 900 millions de francs sur la gestion 2000 " . Il faut relever que la modification du calendrier des versements de la Française des jeux s'est traduite concrètement par l'abandon à compter de la mi-novembre 1999, des versements hebdomadaires au profit d'un rythme mensuel prenant effet à la mi-décembre.

Ainsi, si les modifications comptables sont encore utilisées en pure opportunité en 1999, la réforme " permet " de décaler des recettes, l'ampleur de ces modifications ne semble pas avoir atteint ce qu'elle a été fin 1998, peut-être faute de nouvelles mesures à mettre en oeuvre.

Au total, des reports très importants auront brouillé la lisibilité des exercices 1998, 1999 et 2000.

A la fin 1998, le gouvernement a choisi de reporter sur 1999 d'importantes recettes fiscales et non fiscales pour un total de 22 milliards de francs . Les reports ont principalement porté sur les remboursements de TVA et des modifications comptables ont permis de faire disparaître 9 milliards de francs.

A la fin 1999, le choix a été fait de reporter massivement des recettes non fiscales, pour un total de 15 milliards de francs. Il a été jugé préférable de ne pas recourir une seconde fois aux artifices comptables.

Ainsi, d'une certaine manière, le gouvernement se retrouve " pris à son propre piège " : à force de " piloter à vue " le niveau des recettes et de l'ajuster en toute circonstance, quelle que soit la réalité de la situation, pour qu'il corresponde aux chiffres annoncés dans la loi de finances initiale, il en est arrivé à éprouver les limites de l'exercice.

4. L'utilisation des opérations de trésorerie à des fins de lissage budgétaire : les imputations provisoires

Dans une note du 5 janvier 2000, le directeur du trésor soumet au ministre un projet de décision relatif au versement à la France de la prime de garantie correspondant à son soutien bilatéral au Brésil. La France a obtenu des versements en juin, octobre et décembre 1999 sur le compte du trésor à la Banque de France pour un montant total de 173 millions de francs. La note indique que le ministre a exprimé dès le 24 août 1999 sa préférence pour que le versement du montant total au budget général n'ait lieu qu'à l'extinction de la ligne, soit à la date prévisionnelle du dernier remboursement par le Brésil, a priori en avril 2000.

Suite à cette note, une décision écrite du ministre confirme que la prime de garantie versée à la France par la Banque centrale du Brésil fera l'objet d'une recette au budget général à l'extinction de la ligne, soit prévisionnellement en avril 2000, y compris pour le montant perçu en 1999.

D'une manière générale, les remboursements de prêts aux Etats étrangers servent de variable d'ajustement pour le budget de l'Etat
.

Par une note du 28 janvier 2000, à l'attention du directeur général de la comptabilité publique, de l'agent comptable central du trésor et du directeur du trésor, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et la secrétaire d'Etat au budget demandent aux services " de faire le nécessaire pour que les montants suivants portés au crédit des comptes d'imputation provisoire 475-188 (intérêts) et 475-223 (capital) soient imputés définitivement sur la gestion 2000 ". Il s'agit des remboursements en capital et du versement en intérêts correspondants de la Bosnie, du Pérou, du Brésil, de l'Inde, de l'Indonésie et des Philippines. Le total s'élève à 727,3 millions de francs en capital et 541,8 millions de francs en intérêts.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1999, la Cour des comptes confirme ces reports : " lors de l'examen des pièces relatives au compte n° 903-17 (prêts du Trésor à des Etats étrangers pour la consolidation des dettes envers la France), la Cour a constaté que des remboursements perçus en 1999 et début 2000 n'ont pas été enregistrés sur l'exercice 1999 ; il s'agit de neuf opérations, pour un montant total de 728,4 millions de francs reportés en 2000 ".

D'autres décisions signées du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et de la secrétaire d'Etat au budget, dénommées " régularisations comptables " ont été prises très tardivement, le 24 ou le 28 janvier 2000. Ainsi la décision prise le 24 janvier 2000 d'imputer sur la gestion 2000 du budget général les reversements de fonds n'ayant pas donné lieu à rétablissements de crédits et demeurant en solde en gestion 1999. De même, les décisions prises le 28 janvier 2000, date ultime de la période complémentaire, d'imputer en gestion 2000 le dividende exceptionnel de la SEITA porté au crédit du compte d'imputation provisoire 475-188 pour 85 millions de francs et les remboursements effectués par l'AFD portés en compte d'imputation provisoire (475188 et 475222) en janvier 2000 pour un total de 192,2 millions de francs.

Les explications de la direction générale des impôts

La direction générale des impôts indique, dans une note du 27 juin 2000, que l'augmentation des imputations provisoires s'explique par la progression des paiements par virement résultant de l'abaissement du seuil, " avec pour conséquence en fin d'année un effet accru de report d'un exercice budgétaire sur le suivant ".

L'abaissement en 1999 de 100 à 10 millions de francs du seuil de chiffre d'affaires au delà duquel les redevables de la TVA sont astreints au paiement par virement aurait eu un double effet :

- un effet masse, avec un doublement du nombre de paiements à traiter ;

- un effet ponctuel portant sur quelques virements de très gros montants " que l'encombrement accru à la fin 1999 des postes comptables concernés n'a pas permis d'apurer avant la clôture de l'échéance de décembre ".

Des chiffres résultant de l'enquête effectuée auprès des services, il ressort que, du 31 décembre 1998 au 31 décembre 1999, le montant des imputations en instance d'affectation est passé de 2.706 millions de francs à 5.236 millions de francs, cette évolution tenant pour l'essentiel aux paiements par virement.

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