2. Des reports comptables démentis en séance publique

Dans son rapport sur le projet de loi de finances rectificative pour 1998 publié en décembre 1998 puis dans ses rapports sur le débat d'orientation budgétaire en juin 1999 et sur le projet de loi de finances pour 2000, en novembre 1999, le rapporteur général de la commission des finances s'était interrogé sur les chiffres délivrés par le gouvernement en matière de recettes fiscales pour l'année 1998.

Sous le titre " une évolution des recettes fiscales inexplicable ? ", il avait, en juin 1999, fait part de ses interrogations sur l'évolution des recettes fiscales en fin d'année 1998. Dans son rapport sur le projet de loi de finances 2000, il avait titré, au sujet de l'année 1998 " Les effets de reports de recettes fiscales d'une année sur l'autre ou "l'art" de la gestion budgétaire ".

Ce qui n'était à l'époque que des présomptions est désormais confirmé par les faits tels qu'ils sont rapportés par les notes de la direction de la prévision.

Dès la discussion générale du collectif budgétaire pour 1998, le 14 décembre 1998, M. Philippe Marini indiquait :

" L'examen des recettes suscite quelques interrogations. En effet, la dynamique des recettes est une bonne mesure de la conjoncture économique. Les recettes fiscales attendues pour 1998 représentent 42,5 milliards de francs de plus que l'exécution de 1997 si l'on raisonne en chiffres bruts. Mais peut-être convient-il de se demander ce qu'auraient dû être les recettes de l'Etat pour l'exercice en fonction des données dont nous disposions au 30 septembre dernier !

Nous avons fait cet exercice dans le rapport écrit et nous nous sommes, à ce sujet, posé quelques questions. Analysant l'augmentation des recettes constatée par l'administration des finances fin septembre 1998 par rapport à fin septembre 1997, on constate une croissance de 3,9 % ; or, selon les données incluses dans le collectif budgétaire, qui mesurent ce que devrait être le volume des recettes fin décembre 1998 par rapport à fin décembre 1997, la croissance n'est plus que de 3 %, soit une différence de près de 1 % entre les deux estimations.

Différentes analyses de cette situation sont, bien entendu, possibles, mais nous pouvons nous demander si deux phénomènes ne se combinent pas : d'un côté, l'effet d'une baisse de la conjoncture et, de l'autre, des estimations peut-être prudentes de la part du Gouvernement. Les recettes fiscales nettes nous semblent progresser moins qu'il aurait été logique à en croire les déclarations que nous avons entendues sur la conjoncture ainsi que les indications recueillies en cours d'année et dont nous ne voyons pas vraiment la traduction intégrale sur l'ensemble de l'exercice
".

M. Christian Sautter, alors secrétaire d'Etat au budget, avait répondu " j'ajoute, sans trop y insister, une volonté de transparence puisque ce collectif budgétaire prouve a posteriori que les dépenses et les recettes avaient été calculées le mieux possible lorsque la représentation nationale les avait adoptées il y a un an ".

Alors que l'argument de la transparence était avancé, des " marges de manoeuvre " étaient bel et bien constituées pour l'exercice 1999, minorant de fait les réalisations de 1998.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page