SEANCE DU 27 NOVEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° I-100, présenté par MM. Masseret et Todeschini, Mme Printz et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le 2° du I de l'article 403 du code général des impôts, il est inséré un 3° ainsi rédigé :
« 3° Dans le cadre de la politique d'aménagement de l'espace rural, et pour soutenir et valoriser les vergers familiaux, la production d'alcool de fruits, par des particuliers propriétaires de ces vergers, est exonérée de toute taxe, dans la limite de cinq litres d'alcool pur. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par une hausse des droits sur les importations d'alcool en provenance des pays non membres de l'Union européenne, tels que prévus aux articles 302 C et 302 D du code général des impôts. »
La parole est à M. Masseret.
M. Jean-Pierre Masseret. Par cet amendement, nous proposons une mesure d'appui à l'entretien de l'espace rural.
Lorsque nous nous déplaçons dans les communes, les élus appellent notre attention sur la situation des vergers familiaux, qui sont de plus en plus fréquemment à l'abandon.
Comment pouvons-nous remédier à cette situation ? On ne trouve guère de solutions. La seule, finalement, est celle qui consisterait à permettre la transformation de quelques kilos de fruits en eau-de-vie. Quelle belle expression, n'est-ce pas, monsieur Ostermann ? (Sourires.)
Il ne s'agit pas de rétablir le privilège des bouilleurs de cru.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Mais si !
M. Jean-Pierre Masseret. Non, il ne s'agit pas de cela !
M. le président. C'est dommage !
M. Jean-Pierre Masseret. Voilà dix-huit ans que je dépose des amendements de ce type. Tous ont été rejetés parce qu'ils s'apparentaient trop au rétablissement du privilège supprimé en 1954 par le gouvernement de Pierre Mendès France.
Je propose simplement que les propriétaires de vergers familiaux soient exonérés de toute taxe pour la production d'alcool de fruits à hauteur de cinq litres d'alcool pur, ce qui correspond à peu près à dix bouteilles de mirabelle ou de framboise.
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est excellent !
M. Jean Bizet. Cela peut être du calvados !
M. Alain Joyandet. Cinq litres d'alcool pur, c'est votre consommation annuelle ?
M. Jean-Pierre Masseret. Non, c'est ma consommation hebdomadaire, mon cher collègue, vous le savez bien ! (Sourires.)
J'imagine les reproches qui vont m'être adressés sur le thème de l'incitation à l'alcoolisme.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Mais non !
M. Jean-Pierre Masseret. Cet argument n'est pas sérieux, mes chers collègues !
Par ailleurs, le gage porte sur une augmentation des taxes sur les alcools importés venant des Etats non-membres de l'Union européenne. Il y aurait donc un transfert. On voit bien que j'ai mis beaucoup d'eau dans mon vin par rapport au passé. (Nouveaux sourires.)
Mme Marie-Claude Beaudeau. Et du café dans votre mirabelle ?
M. Jean-Pierre Masseret. L'entretien des vergers familiaux dans nos espaces ruraux est un sujet assez sérieux pour que je puisse être entendu par l'ensemble de mes collègues.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Avec cet amendement extrêmement sympathique, nous voyons les branches des pommiers, les branches des pruniers qui se dépouillent, qui se dressent, suppliantes, vers le ciel chargé de la Moselle ! (Sourires.)
Les bouilleurs de cru ont un privilège de franchise de droits de dix litres à titre familial. Cependant, comme leur nombre, hélas ! diminue avec le temps et que ce « privilège » est personnel, non transmissible, la production familiale doit passer désormais par des bouilleurs de cru professionnels et être soumise, hélas ! madame le secrétaire d'Etat, aux droits de consommation.
L'amendement de notre collègue M. Masseret est un soutien à la petite production individuelle d'alcool faite à partir des vergers familiaux, qui sont non seulement un élément de la vie traditionnelle de nos terroirs mais aussi un élément important de l'équilibre de nos paysages et de l'esthétique de nos villages.
M. Roland du Luart. Quel poète !
M. Philippe Marini, rapporteur général. A travers l'évocation par cet amendement de la convivialité de la « petite prune » à laquelle personne ne peut être insensible, c'est une certaine conception de « la France de toujours » qui est défendue.
Toutefois, il conviendrait que notre collègue veuille bien opérer une rectification : cet amendement est en effet rattaché techniquement à l'article 403 du code général des impôts, alors qu'il devrait l'être à l'article 406 énumérant les exonérations.
M. Jean-Pierre Masseret. J'accepte bien volontiers de procéder à cette rectification, monsieur le rapporteur général.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° I-100 rectifié, présenté par MM. Masseret et Todeschini, Mme Printz et les membres du groupe socialiste et apparentés, et qui est ainsi libellé :
« Après l'article 11 sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le 2° du I de l'article 406 du code général des impôts, il est inséré un 3° ainsi rédigé :
« 3° Dans le cadre de la politique d'aménagement de l'espace rural, et pour soutenir et valoriser les vergers familiaux, la production d'alcool de fruits, par des particuliers propriétaires de ces vergers, est exonérée de toute taxe, dans la limite de cinq litres d'alcool pur. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par une hausse des droits sur les importations d'alcool en provenance des pays non membres de l'Union européenne, tels que prévus aux articles 302 C et 302 D du code général des impôts. »
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Dans ces conditions, j'espère que le Gouvernement soutiendra l'intérêt spontané que la commission témoigne à l'égard de cette initiative et que, comme elle, il pourra émettre un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° I-100 rectifié ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur général, monsieur le sénateur, vous avez décrit avec tant de poésie nos vergers familiaux, l'esthétique de nos campagnes et de nos villages...
M. Alain Lambert, président de la commission des finances du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. C'était effectivement émouvant !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... que je ne me risquerai pas à rivaliser avec vous sur ce terrain.
Veuillez me pardonner, monsieur Masseret, mais je m'en tiendrai à un avis d'une extrême sobriété (sourires) : cet amendement me paraît inopportun.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Comment croire une chose pareille ?
M. le président. Monsieur Masseret, l'amendement n° 100 rectifié est-il maintenu ? (Quel dilemme !sur les travées du RPR.)
M. Jean-Pierre Masseret. Non, ce n'est pas un dilemme ! Pour la première fois de ma vie, je ne vais pas répondre favorablement au Gouvernement que je soutiens et mêler ma voix à celle de M. Marini. C'est dire ce que nous réalisons ce matin ! (Sourires.)
Madame la secrétaire d'Etat, j'acquiesce tout à fait à vos propos. Cela étant, j'aimerais tout de même que cet amendement, très modeste au demeurant, fasse l'objet d'une navette jusqu'à l'Assemblée nationale, afin que nos collègues députés, qui ont aussi des intérêts ruraux à défendre, puissent se prononcer.
Si, au bout du compte, cet amendement ne va pas jusqu'à son terme, c'est que la souveraineté nationale en aura ainsi décidé.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-100 rectifié.
M. Yves Fréville. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Madame le secrétaire d'Etat, je pense tout comme vous que cet amendement est inopportun. Dans la conjoncture actuelle, où les problèmes de l'alcoolisme sont ce qu'ils sont, la situation des bouilleurs de cru en Alsace-Lorraine constituant, à mes yeux, un cas particulier, je pense qu'il vaut mieux ne pas voter cet amendement.
M. Jean Bizet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. Monsieur le président, permettez-moi de mêler ma voix à celle de M. Masseret et de soutenir son amendement. Au-delà des quelques litres de liquide proprement dit, je veux tout simplement souligner l'importance du biotope et de l'entretien des paysages.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Bien sûr !
M. Jean Bizet. Plus nous nous dirigeons vers une mondialisation des échanges, plus nous devons manifester une réactivité territoriale forte.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-100 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 sexies .
L'amendement n° I-200, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau et M. Loridant, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 sexies , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 1° de l'article 1467 du code général des impôts est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« ... L'ensemble des titres de placement et de participation, les titres de créances négociables, les prêts à court, moyen et long termes. Ces éléments sont pris en compte pour la moitié de leur montant figurant à l'actif du bilan des entreprises assujetties. Pour les établissements de crédits et les sociétés d'assurance, le montant net de ces actifs est pris en compte après réfaction du montant des actifs représentatifs de la couverture des risques, contrepartie et obligations comptables de ces établissements.
« La valeur nette des actifs, déterminée selon les dispositions du précédent alinéa, est prise en compte après réfaction de la valeur locative des immobilisations visées au a . »
« II. - L'article 1636 du même code est ainsi rédigé :
« Art. 1636 . - Le taux grevant les actifs définis au c de l'article 1467 est fixé à 0,5 %. Il évolue chaque année, pour chaque entreprise assujettie, à proportion d'un coefficient issu du rapport entre la valeur relative aux actifs définis au c de l'article 1467 au regard de la valeur ajoutée globale créée par l'entreprise. »
« III. - 1. - Le II de l'article 1648 A bis du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... La moitié du produit résultant de l'imposition des actifs définis au c de l'article 1467, suivant les règles fixées par l'article 1636. »
« 2. - Le I de l'article 1648 bis du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... La moitié du produit résultant de l'imposition des actifs définis au c de l'article 1467, suivant les règles fixées par l'article 1636. »
« IV. - 1. - Dans le deuxième alinéa du 1 du I ter de l'article 1647 B sexies du même code, après les mots : "la base", sont insérés les mots : "à l'exception de celle définie par le c de l'article 1467". »
« 2. - Le premier alinéa du 4° du 1 de l'article 39 du code général des impôts est complété in fine par les mots : "et de l'imposition résultant de la prise en compte des actifs financiers définis au c de l'article 1467, selon les règles fixées par l'article 1636". »
La parole est à M. Foucaud. M. Thierry Foucaud. L'examen de notre amendement relatif à la réforme de la taxe professionnelle prend cette année un relief particulier.
Nous proposons, vous le savez, d'inclure les actifs financiers dans la base de la taxe professionnelle, sous la forme d'un prélèvement effectué au niveau de l'Etat et d'une redistribution selon les critères de la part péréquée de la dotation globale de fonctionnement.
Cela fait partie, bien entendu, des pistes de réforme que le Gouvernement nous a présentées dans sa note d'orientation du 12 juillet dernier. Nous nous en félicitons, et nous espérons d'ailleurs un large débat autour de cette idée.
Si nous demandons la prise en compte des actifs financiers dans la base de la taxe professionnelle, c'est pour répondre à de multiples attentes qui n'ont cessé de s'exprimer, notamment ces derniers temps.
Il s'agit de redonner aux collectivités locales les moyens d'une autonomie de gestion, plus particulièrement aux plus pauvres. Inclure des actifs financiers dans la base de la taxe professionnelle permettrait, en effet, d'augmenter très sensiblement leur dotation globale de fonctionnement.
De plus, notre proposition vise à lutter contre l'inégale répartition de l'effort entre les contribuables et entre les catégories de contribuables. Il s'agit donc d'assurer une contribution équitable entre les différents assujettis à la taxe professionnelle.
La taxe professionnelle unique, d'une part, la suppression de la part salariale, d'autre part, doivent nécessairement s'accompagner d'une redéfinition de cet impôt.
Nombreux sont les collectivités locales et les contribuables qui se sont manifestés pour dénoncer l'incomplétude de cette réforme.
Concernant les collectivités, c'est la perte de ressources fiscales qui alimente les mécontentements.
S'agissant des contribuables, il y a inégalité entre ceux qui investissent et ceux qui spéculent. La taxe professionnelle est en effet d'autant plus faible que la part des actifs financiers au regard des immobilisations corporelles est grande, comme nous l'enseigne une étude de la direction générale des impôts sur laquelle nous reviendrons. A ce sujet, nous avons franchi cette année un cap important avec l'adoption de la taxe sur les flux financiers, dite « taxe Tobin ».
Nous souhaitons aussi lutter contre le sous-investissement des entreprises françaises, qui peut encore s'aggraver à la suite du chantage de M. Seillière, qui se félicitait, en octobre 2001, qu'on appelle les « entrepreneurs » au patriotisme économique, et qui lance aujourd'hui des menaces de grève des investissements.
Pourtant, un autre des représentants du MEDEF, le mouvement des entreprises de France, M. Kessler, affirmait voilà peu : « Je rêverais d'un taux d'autofinancement dégradé, ce qui prouverait que nous serions en train de produire un formidable effort d'investissement, ce qui irait tout à fait dans le sens du développement de l'économie productive et des entreprises françaises. »
Si l'on analyse les causes de ce sous-investissement, il est évident que c'est, avant tout, la recherche de la rentabilité immédiate, la spéculation financière à laquelle se livrent plus particulièrement les grands groupes qu'il faut incriminer, et c'est cette situation qu'il nous faut dépasser.
« L'économie est devenue principalement une économie de services et la richesse essentielle est aujourd'hui financière. Or elle se trouve sous-fiscalisée », nous disait M. Delevoye en 1996.
Les conclusions de l'étude menée par la direction générale des impôts, dans le cadre du groupe de travail sur les actifs financiers, vont dans le même sens : les entreprises détenant plus 500 millions de francs d'actifs financiers ont vu leur part d'actifs corporels, d'investissements productifs, croître beaucoup moins fortement que les autres.
De plus, et c'est particulièrement inique, ces mêmes entreprises ont vu leur profit moyen augmenter de 30,7 %, ce qui est largement plus que le profit moyen de celles qui investissent pour la croissance, pour l'emploi.
Les actifs financiers pèsent, rappelons-le, plus de 26 000 milliards de francs ! Avec la taxation de ces actifs financiers, nous souhaitons mettre en place une fiscalité incitative, qui pénaliserait les investissements à caractère spéculatif et favoriserait, bien sûr, l'investissement productif.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission constate que nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen veulent « tobiniser » la taxe professionnelle, en faisant entrer dans son assiette les actifs financiers de l'entreprise, actifs qui sont à l'origine de toutes les turpitudes, de tous les maux de l'économie et qu'il faut évidemment bannir de son horizon tout en s'efforçant de récupérer de l'argent grâce à eux. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Naturellement, à amendement rituel, réponse rituelle ! (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.)
Chaque année, vous faites des propositions de cette nature et nous aurons le plaisir d'y revenir à l'occasion de la discussion de la deuxième partie de ce projet de loi avec la version « Assemblée nationale » de la fameuse taxe Tobin.
Vous aviez également prévu de présenter un amendement en ce sens hier soir. C'eût été un débat intéressant et substantiel, en présence du ministre de l'économie et des finances lui-même. Malheureusement, vous avez retiré cet amendement. Il eût pourtant été intéressant d'entendre les uns et les autres sur un thème planétaire de cette importance.
Il s'agit donc d'un amendement qui est tout à fait contraire à l'esprit de la taxe professionnelle et auquel la commission ne saurait en aucun cas souscrire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement conduirait à un élargissement de l'assiette de la taxe professionnelle aux actifs financiers, qui seraient imposés au taux de 0,5 %, sous réserve d'indexations ultérieures, et dont le produit serait reversé à la fois au fonds national de péréquation et au fonds national de péréquation de la taxe professionnelle.
Comme vous le savez, monsieur Foucaud, ainsi que le Gouvernement s'y était engagé au printemps 2000, un groupe de travail procède actuellement à une étude approfondie sur les perspectives et les conséquences de la mise en place d'une telle proposition.
Ces premiers travaux, auxquels vous avez, je crois, vous-même participé, ont recensé les difficultés qu'il y a à appréhender la matière taxable, notamment en ce qui concerne les actifs financiers, parce que ceux-ci sont difficilement localisables. Par ailleurs, des simulations doivent être entreprises, qui ne sont pas simples à conduire, et l'expertise doit donc être poursuivie.
Dans ces conditions, monsieur Foucaud, je vous propose de laisser ce groupe de travail poursuivre ses travaux, sans anticiper à ce stade sur les conclusions qu'il pourrait être amené à présenter.
Je souhaite donc que vous acceptiez de retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. L'année dernière, j'avais retiré un amendement identique, puisque Mme la secrétaire d'Etat s'était engagée à mettre en place un groupe de travail. Il est vrai que ce groupe de travail a discuté et que les choses ne progressent pas très rapidement. Mais ce qui est valable pour certains l'est aussi parfois pour nous !
Je comprends les difficultés qui ont été exposées par Mme la secrétaire d'Etat, notamment pour un certain nombre de calculs. Dans la mesure où ce groupe de travail poursuit actuellement ses travaux, j'accepte de retirer mon amendement, tout en appelant l'attention de Mme la secrétaire d'Etat et celle de M. le rapporteur général sur les difficultés financières des collectivités locales et les problèmes qui se posent à elles.
Il faut enclencher la vitesse supérieure et aboutir sur cette question des actifs financiers pour donner plus de moyens à nos collectivités, notamment aux plus pauvres d'entre elles.
M. le président. L'amendement n° I-200 est retiré.
Je suis saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° I-28 est présenté par M. Marini au nom de la commission des finances.
L'amendement n° I-72 est présenté par MM. Badré, Baudot, Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste.
L'amendement n° I-145 est présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud, Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Après l'article 11 sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa du 2° de l'article 1467 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Dans le cas des titulaires de bénéfices non commerciaux, des agents d'affaires et intermédiaires employant moins de cinq salariés, le onzième des recettes en 2002, le douzième en 2003, le treizième en 2004 et le quatorzième à partir de 2005, ainsi que la valeur locative des seules immobilisations passibles des taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties et dont le contribuable a disposé pour les besoins de son activité professionnelle pendant la période de référence définie au a du 1°. »
« II. - Le prélèvement sur les recettes de l'Etat institué au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est majoré, à due concurrence, de la perte de recettes résultant de l'application du I.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la compensation de la baisse de la taxe professionnelle pour les assujettis au régime des titulaires de bénéfices non commerciaux employant moins de cinq salariés est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-58 rectifié, présenté par MM. Badré, Baudot, Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste est ainsi libellé :
« Après l'article 11 sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa du 2° de l'article 1467 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Dans le cas des titulaires de bénéfices non commerciaux des agents d'affaires et intermédiaires employant moins de cinq salariés, le treizième des recettes en 2002, le quatorzième en 2003, et le quinzième en 2004, ainsi que la valeur locative des seules immobilisations passibles des taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties et dont le contribuable a disposé pour les besoins de son activité professionnelle pendant la période de référence définie au a du 1°. »
« II. - Le prélèvement sur les recettes de l'Etat institué au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est majoré à due concurrence de la perte de recettes résultant de l'application du I.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la compensation de la baisse de la taxe professionnelle pour les assujettis au régime des titulaires des bénéfices non commerciaux employant moins de cinq salariés est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-176, présenté par MM. Ostermann, Joyandet, Oudin, Besse, Del Picchia et Demunynck, Mme Olin, MM. Cazalet et Calmejane, Mme Michaux-Chevry, MM. Darcos, Gournac, Hamel, Lardeux, de Richemont, Gruillot, Lassourd, César, Doublet, Goulet, Murat, Fournier, Ginésy, Leclerc, Rispat, Braye, de Broissia, Legendre, Doligé, Vasselle, Eckenspieller et Vial, Mmes Brisepierre et Rozier, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 sexies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa du 2° de l'article 1467 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Dans le cas des titulaires de bénéfices non commerciaux, des agents d'affaires et intermédiaires de commerce, employant moins de cinq salariés, le douzième des recettes en 2002, le treizième en 2003 et le quatorzième à partir de 2004, ainsi que la valeur locative des seules immobilisations passibles des taxes foncières sur les propriétés bâties et non bâties et dont le contribuable a disposé pour les besoins de son activité professionnelle pendant la période de référence définie au a du 1°. »
« II. - Le prélèvement sur les recettes de l'Etat institué au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998) est majoré à due concurrence de la perte de recettes résultant pour les collectivités locales de l'application du I.
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n° I-28.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, le Gouvernement que vous représentez se réfère souvent à la réforme ; de la taxe professionnelle. Malheureusement, il y a des oubliés de cette réforme ; je veux parler des titulaires de bénéfices non commerciaux employant mois de cinq salariés. Nous avons déjà eu l'occasion de le dire à différentes reprises, il s'agit là d'une injustice et d'une distorsion de concurrence.
Nous avons été attentifs à cette situation ainsi qu'aux expressions successives de vos collègues du Gouvernement en charge des PME et des professions libérales.
A l'occasion de la séance de questions d'actualité au Gouvernement du 7 juin 2000 à l'Assemblée nationale, Mme Marylise Lebranchu, alors secrétaire d'Etat aux PME, avait indiqué : « Nous avons proposé à l'Union nationale des associations de professions libérales, l'UNAPL, à la Confédération nationale des professions libérales, la CNPL, et à l'ensemble des professionnels qui ont accepté de travailler avec nous de soumettre au ministère de l'économie et des finances, dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances, l'idée d'un système de décote pour les personnels embauchés... A partir du moment où l'on raisonne sur les bénéfices industriels et commerciaux, les BIC, ou sur les bénéfices non commerciaux, les BNC, il conviendrait d'instituer, pour l'imposition des professions libérales, une franchise en fonction du nombre de personnes embauchées avec un chiffre d'affaires équivalent. » C'est sans doute un peu compliqué, mais, dans l'ensemble, cela allait dans le même sens que nos préoccupations.
Plus récemment, le 14 août 2001, le successeur de Mme Lebranchu, M. François Patriat, s'est adressé à l'un de nos collègues du Sénat en ces termes : « Sans, à ce stade, préjuger la position qui sera finalement adoptée, nous étudions actuellement avec Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2002, différentes hypothèses qui pourraient permettre une suppression graduelle de ce régime spécifique s'appliquant aux entreprises libérales. »
Madame le secrétaire d'Etat, avec cet amendement n° I-28, nous voulons vous aider ainsi que vos collègues en charge des PME et des professions libérales.
Rien, malheureusement, n'a été fait jusqu'ici, rien n'est proposé, d'où l'initiative de la commission des finances, qui suggère un système simple d'allégement progressif de la taxe professionnelle pour les titulaires de bénéfices non commerciaux employant moins de cinq salariés.
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour défendre l'amendement n° I-72.
M. Yves Fréville. Cet amendement a le même objet que celui qui vient d'être présenté, au nom de la commission des finances, par M. le rapporteur général. Nous connaissons tous le problème, il n'est donc pas besoin d'épiloguer très longtemps.
Le fait que la part assise sur les salaires de la taxe professionnelle soit en voie de disparition, alors que demeurent, dans les bases de la taxe professionnelle, 10 % des recettes des professions libérales qui tiennent lieu de bases au lieu des salaires, crée une distorsion évidente qu'il convient de gommer, même si, personnellement, je regrette que la part salaires de la taxe professionnelle soit supprimée.
Cela étant, ce maintien de la base recettes crée une seconde distorsion, naturellement, au sein d'une profession : suivant qu'un cabinet d'avocat a plus ou moins de cinq salariés, il est ou non détaxé.
Dans ces conditions, je considère que le dispositif de la commission des finances, qui est identique au nôtre, est satisfaisant, et permet progressivement de réduire l'imposition des professions libérales sur ce qui, en fait, représente la part salaires de leur activité.
M. le président. La parole est à M. du Luart, pour présenter l'amendement n° I-145.
M. Roland du Luart. Notre amendement du groupe des Républicains et Indépendants est exactement le même que ceux de la commission des finances et de MM. Fréville et Badré. Notre objectif est d'atteindre une certaine équité fiscale et de ramener progressivement la fraction des recettes prise en compte dans les bases de taxe professionnelle des titulaires de BNC, des agents d'affaires et des intermédiaires de commerce employant moins de cinq salariés de 10 % à 7 % en quatre ans. Cet amendement revient à réduire de 25 % en moyenne la cotisation de taxe professionnelle acquittée par ces contribuables.
Cet amendement se justifiant par son texte même, je me propose, pour gagner du temps, de le retirer au bénéfice de celui de la commission, afin de bien montrer que nous appuyons la logique de cette dernière.
M. le président. L'amendement n° I-145 est retiré.
La parole est à M. Fréville, pour présenter l'amendement n° I-58 rectifié.
M. Yves Fréville. Comme M. du Luart, je retire cet amendement, qui a le même objet.
M. le président. L'amendement n° I-58 rectifié est retiré.
La parole est à M. Ostermann, pour présenter l'amendement n° I-176.
M. Joseph Ostermann. Cet amendement ayant également le même objet, je le retire au profit de celui de la commission.
M. le président. L'amendement n° I-176 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-28 et I-72 ? Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cela ne surprendra pas M. le rapporteur général, le Gouvernement n'est pas favorable à ces amendements, d'autant que nous avons déjà examiné un amendement de ce type l'an dernier.
Je rappelle que le Gouvernement a réduit de près de 30 % la taxe professionnelle des entreprises, qui était calculée en partie sur les salaires. Il s'agissait, par cette réforme, d'encourager le retour au plein emploi.
La taxe professionnelle due par les professions libérales, je le reconnais volontiers, n'a pas été réduite du fait de cette réforme. En effet, cette taxe n'étant pas assise sur la base salaire, elle ne pouvait pas, par conséquent, produire ce type d'effet.
J'insiste néanmoins sur le fait que les modalités de détermination de l'assiette de la taxe pour ces professions, qui ont été définies en 1980, n'ont été ni modifiées ni donc aggravées. Ces modalités particulières d'imposition, qui concernent les titulaires de BNC, les agents d'affaires et les intermédiaires de commerce qui emploient moins de cinq salariés, résultent de la volonté du législateur de mieux prendre en compte les capacités contributives de ces professions pour lesquelles l'assiette traditionnelle de la taxe professionnelle est inadaptée. A ce titre, la fraction de recettes imposables qui est actuellement retenue est censée être représentative de l'ensemble des biens d'équipement et des biens mobiliers dont disposent les titulaires de bénéfices non commerciaux, les agents d'affaires, les intermédiaires de commerce qui emploient, comme je le disais, moins de cinq salariés. Il n'y a donc pas lieu de modifier cet équilibre.
Par ailleurs, nombre de ces redevables n'emploient aucun salarié. Or la réforme de la taxe professionnelle, qui est actuellement en cours, s'inscrit, je l'ai rappelé voilà un instant, dans un contexte de lutte en faveur de l'emploi. C'est la raison pour laquelle elle se concentre aujourd'hui sur les redevables dont la base d'imposition comprend des salaires, et tout particulièrement sur ceux qui ont plus de cinq salariés.
Je voudrais dissiper un malentendu : c'est l'activité qui détermine les conditions d'imposition et non la forme sous laquelle elle se poursuit. Le Conseil d'Etat a en effet récemment confirmé que la forme sociale sous laquelle les professionnels libéraux qui emploient moins de cinq salariés exerçaient leur activité n'est pas de nature à modifier leurs règles d'imposition.
Cela étant, si tel était votre souhait, d'autres pistes pourraient être explorées pour réformer l'imposition à la taxe professionnelle des titulaires de BNC et assimilés, par exemple la piste qui consiste à imposer, comme pour la généralité des redevables, sur les équipements et les biens mobiliers.
Je préviens tout de suite que cette réforme conduirait à faire disparaître la quasi-totalité de l'assiette de taxe professionnelle de cette catégorie de redevables. En effet, nous avons expertisé ce scénario sur une direction des services fiscaux, celle des Hauts-de-Seine nord, qui a recensé 420 redevables imposés sur une fraction des recettes, dont la valeur locative des locaux est inférieure à 10 000 francs et les recettes supérieures à 1 million de francs. Aujourd'hui, leurs cotisations s'élèvent en moyenne à un peu plus de 28 000 francs. Sur la base du taux moyen départemental relevé l'année dernière, c'est-à-dire en 2000, leurs cotisations, calculées sur la valeur locative foncière des locaux et sur celle des matériels d'équipement, serait en moyenne, par redevable, de moins de 3 000 francs, soit une réduction de près de 90 % par rapport à la situation actuelle, sous réserve, bien entendu, de l'application de la cotisation minimale.
Monsieur le rapporteur général, je ne pense pas que tel soit votre objectif pour cette catégorie de redevables. Par conséquent, je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° I-28 est-il maintenu ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Madame le secrétaire d'Etat, vos objections très vives ne s'appliquent pas en totalité au dispositif préconisé par la commission.
Par ailleurs, si les choses étaient aussi évidentes, pourquoi votre collègue secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises aurait-il, au mois d'août dernier, écrit à un parlementaire une lettre dont je vais citer un autre extrait et qui a été transmise par celui-ci à des fédérations professionnelles et est donc devenue un document public ?
« Je suis conscient des critiques et de l'incompréhension des professions libérales à l'égard de cette réforme. Elles l'estiment injuste et inéquitable. Ainsi, les cabinets libéraux les plus importants, employant plus de cinq salariés ou exerçant au travers de structures juridiques différentes, bénéficient de la réduction des bases de la taxe professionnelle, alors même que les plus modestes, mais qui constituent le plus grand nombre, sont exclus de ce mouvement de baisse des charges sociales qui demeure une priorité du Gouvernement ». Cette lettre est signée de M. Patriat. Ce n'est pas moi qui l'ai inventée !
Vous nous dites que tout est satisfaisant mais, malheureusement, ce n'est pas ressenti ainsi. C'est pourquoi il convient de trouver une formule, ce à quoi la commission, en toute modestie, s'est efforcée, pour aller dans le sens de l'équité.
Selon vous, les mesures de réduction de taxe professionnelle sont favorables à l'emploi et n'ont donc vocation à s'appliquer qu'à partir d'un certain seuil de salariés. Mais, madame le secrétaire d'Etat, l'équité et l'efficacité voudraient que l'on encourage aussi, et de manière proportionnelle, les entreprises plus petites, qui peuvent se développer et créer de l'emploi, ce qu'elles feront d'autant mieux qu'elles auront confiance et qu'elles seront confortées dans leurs activités par un dispositif tel que celui que nous préconisons.
Madame le secrétaire d'Etat, permettez-moi d'exprimer ma relative surprise. Si je m'attendais à votre réponse, puisque vous la réitérez d'année en année, je peux dire très sincèrement qu'il ne sera pas possible de faire comprendre durablement aux personnes concernées que cette solution est réaliste et équitable. Il faudra trouver des méthodes et surmonter la contradiction qui apparaît encore entre la position de la commission et celle du Gouvernement. Dans l'immédiat, la commission appelle au vote de l'amendement qu'elle a déposé.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s I-28 et I-72, repoussés par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 sexies .

C. - Mesures diverses

Article 12