État civil :
Né le 2 avril 1854
Décédé le 16 avril 1934
Département :
Lozère
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 6 décembre 1903
Elu le 7 janvier 1906
Elu le 11 janvier 1920
Elu le 6 janvier 1924
Fin de mandat le 9 janvier 1933 ( Ne se représente pas )

1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

1889-1940

LAS CASES (EMMANUEL, JOSEPH, AUGUSTIN, comte de), né le 2 avril 1854 à Auxerre (Yonne), décédé le 16 avril 1934 à Paris.

Sénateur de la Lozère de 1903 à 1933.

Le comte de Las Cases, né à Auxerre, fait des études secondaires, qu'il complète à la Faculté de droit par une licence, puis un doctorat en droit. Avocat à la Cour d'appel de Paris, il est en 1880-1881 secrétaire de la conférence des avocats et président de la conférence Molé. La Cour d'assises retentit souvent de ses plaidoiries en faveur des obligataires du Panama.

Propriétaire du château de la Baume, tout près de Marvejols dans la Lozère, il s'intéresse très vite aux questions agricoles et sociales et fait de nombreuses conférences politiques et économiques qui sont publiées sous forme de brochures. La vie politique le tente : conseiller général, il devient président de l'assemblée départementale de la Lozère.

Mais ce n'est qu'au Sénat qu'il devait donner la mesure de son talent. Le 6 décembre 1903, il est- élu sénateur de la Lozère par 209 voix sur 382 votants, en remplacement de feu Théophile Roussel, alors que son adversaire, Pelisse, radical, n'en obtenait que 172.

Ainsi commence à la Haute Assemblée une carrière qui durera trente ans. Siégeant à droite, le comte de Las Cases y déploie une activité étonnante, s'intéressant à tout, parlant sur les sujets les plus variés, nationaux ou locaux, économiques ou juridiques, civils ou militaires. On peut cependant considérer tous ces sujets comme secondaires si l'on se souvient que le début du mandat sénatorial du comte de Las Cases se place dans la période la plus virulente des luttes religieuses et scolaires.

Dès le 11 février 1904, il attaque, à l'occasion de la discussion du projet de loi sur l'enseignement secondaire libre. Occupant la tribune du Sénat pendant plus d'une heure, il conteste à la gauche le droit d'interdire aux congrégations autorisées d'enseigner dans les établissements secondaires. Discours enflammé : point par point, il réfute l'argumentation développée par M. Combes ou la reprend à son compte si elle est favorable à sa thèse. Toute la droite le soutient et l'applaudit. Pour la première fois - ce sera ensuite la règle générale - on lit au Journal officiel, à la fin de son intervention, l'expression consacrée : « Applaudissements prolongés à droite. L'orateur, en regagnant sa place, reçoit les félicitations de ses collègues.»

Désormais, il consacrera toute son ardeur à défendre sa foi chrétienne et à contester les idées « laïques » de ses adversaires.

Est-il nécessaire de préciser qu'il vota contre la séparation des Eglises et de l'Etat ?

Mais son premier mandat expire. Le 7 janvier 1906, ses électeurs lui renouvellent leur confiance par 213 voix sur 380 votants. Un an après, le 14 janvier 1907, il est élu secrétaire du Sénat et le restera jusqu'en 1909.

La France vient de vivre un drame qui l'a divisée en deux camps : l'affaire Dreyfus. En 1906, le comte de Las Cases dépose une proposition de loi tendant à ne décerner à un citoyen les honneurs du Panthéon que dix ans après sa mort. Texte de combat : la gauche a demandé le transfert au Panthéon des cendres d'Emile Zola dont la position dans l'affaire Dreyfus a été explosive. Toute la droite s'oppose à ce transfert et le comte de Las Cases, en son nom, fera de Zola un opportuniste pour qui J'accuse ne fut qu'un moyen de se faire connaître.

A la fin de l'année 1906, nouveau débat au Sénat sur l'exercice public des cultes. Le comte de Las Cases revient à la charge contre la loi de séparation. Deux ans plus tard, le Sénat discute de la dévolution des biens ecclésiastiques. Le sénateur de la Lozère monte encore à la tribune et prend la défense de l'Eglise tout au long d'un discours, très documenté et souvent passionné, qui occupe neuf pages du Journal officiel !

En 1912 est inscrit à l'ordre du jour le rapport de la commission d'enquête sur la liquidation des congrégations. Le comte de Las Cases ne peut que s'opposer à ses conclusions.

Dernier débat important avant la guerre : celui qui, le 24 mars 1914, s'ouvre sur le projet de loi tendant à assurer la fréquentation régulière des écoles publiques et privées et la défense de l'école laïque. Le comte de Las Cases rend responsable la loi de séparation de toutes les difficultés que connaît l'enseignement primaire en France et accuse certains maîtres de l'école laïque de partialité.

Pendant la Grande Guerre, les querelles religieuses s'estompent. Le gouvernement n'a plus qu'un souci : gagner la guerre et les textes qu'il soumet au parlement sont toujours plus ou moins en relation avec les hostilités.

Le 11 janvier 1920, il sollicite et obtient son troisième mandat sénatorial, par 265 voix sur 376 votants.

Le 11 novembre 1921, après avoir suspendu sa séance quelques instants pour honorer les morts de la guerre, le Sénat aborde la discussion du projet de loi sur la fréquentation scolaire et sur la prolongation de la scolarité obligatoire. Si, depuis le début du siècle, les esprits se sont calmés, pour le comte de Las Cases les problèmes scolaires et religieux sont restés indissociables.

Son quatrième mandat sénatorial, obtenu par 269 voix sur 375 votants, commence le 6 janvier 1924. Le 20 novembre de cette même année, il reprend la parole, après une éclipse de trois ans due à son état de santé, sur un sujet qu'il avait déjà eu maintes fois l'occasion de traiter : l'amnistie. S'il n'y est pas hostile dans son principe, il n'en accepte pas n'importe quelle forme et il le proclame avec un talent oratoire que les ans n'ont point altéré.

Sa dernière grande intervention porte sur le vote des femmes - juin 1932 - intervention très nuancée, plus souvent consacrée à l'aspect humain de la question qu'à son aspect politique.

Le 9 janvier 1933, il ne se représente pas. C'est son fils, le vicomte Philippe de Las Cases, qui sollicite, mais sans succès, la confiance des électeurs.

Retiré de la vie politique, le comte de Las Cases mourut à Paris le 16 avril 1934, âgé de 80 ans.

Il était chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Emmanuel de LAS-CASES

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