Appartenance politique :
Groupe Communiste
État civil :
Né le 3 août 1898
Décédé le 27 novembre 1982
Profession :
mineur de fond
Département :
Nord
IVème République

Ancien sénateur de la IVe République

Elu le 8 décembre 1946
Elu le 7 novembre 1948
Fin de mandat le 17 juin 1951 (Démission (élu(e) député))

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

MARTEL (Henri)

Né le 3 août 1898 à Bruay-sur-Escaut (Nord)

Décedé le 27 novembre 1982 à Sin-Le Noble (Nord)

Député du Nord de 1936 à 1940

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Nord)

Deputé du Nord en 1946, puis de 1951 à 1958

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VII, page 2382).

Henri Martel, arrêté le 8 octobre 1939, et resté fidèle au parti communiste, est déchu de son mandat de député le 20 février 1940. Il est jugé, en même temps que vingt-six autres députés communistes, en avril 1940 et condamné à cinq ans de prison et 4 000 F d'amende. Il est incarcéré dans diverses prisons françaises (La Santé, l'Ile de Ré, Tarbes, Le Puy) puis déporté en Algérie, à Maison-Carrée. En captivité, il a la douleur d'apprendre la mort successive de ses deux fils, Aimable (né en 1920) en avril 1942 et Henri (né un an après son frère, instituteur, membre du comité central des Jeunesses communistes), en mai 1943, tous deux fusillés par les Allemands pour leurs activités dans la Résistance.

Libéré en cette même année 1943 par le débarquement des troupes alliées, Henri Martel se consacre à l'organisation des syndicats de la région d'Oran avant d'être envoyé à Londres où il travaille au cabinet de François Billoux. Il prend part aux travaux de l'Assemblée consultative provisoire, à Alger puis à Paris, au titre de la CGT. Membre de la Commission de l'équipement national, de la production et des communications, il intervient sur les questions de reconstruction, de dédommagements et sur la production charbonnière.

De retour dans son département du Nord à la Libération, il y devient le chef incontesté du parti communiste, tout en conservant une intense activité syndicale. Il reconstitue en effet, dès son retour, la Fédération CGT du sous-sol, où il occupe les fonctions de secrétaire, et il devient président du syndicat CGT des mineurs du Nord. Comme il le faisait avant guerre, Henri Martel se préoccupe de la dimension internatio nale de la lutte syndicale : en juillet 1947, il est fondateur et président de l'Union internationale des syndicats de mineurs (affiliée à la Fédéra tion syndicale mondiale, fondee en septembre 1945), qu'il dirige jusqu'en 1961. Il exerce aussi des fonctions au sein du comité syndical franco soviétique.

Henri Martel reprend aussi son activité politique. Il est élu, en 1945, maire de Sin-Le-Noble et conseiller général du canton de Douai-Nord ; il est aussi réélu au comité central du parti communiste, où il siégera jusqu'en 1959. En 1945 -1946, il est successivement élu à la première et à la seconde Assemblée nationale constituante, puis à la première législature de la Quatrième république, enfin au Conseil de la République.

C'est à chaque reprise comme tête de la liste communiste qu'Henri Martel se présente aux suffrages de ses concitoyens de la troisième circonscription du Nord. Le score de sa liste est régulier : 37,1 % le 21 octobre 1945, 35 % le 2 juin 1946, et 36,8 % le 10 novembre 1946, ce qui permet au parti communiste d'obtenir trois à quatre mandats de député.

A la première Assemblée nationale constituante, Henri Martel retrouve la Commission de l'équipement national et de la production (forces motrices, mines, travaux publics), et va déployer une intense activité, en coordination avec le ministre de la production Marcel Paul, pour faire aboutir la loi de nationalisation des Houillères, dont il est l'un des auteurs et le rapporteur pour sa commission. Le 26 avril 1946, il exhorte ses pairs à être brefs dans la défense de leurs amendements, afin de ne pas retarder le vote du projet (intervenant dans les derniers moments de la première Constituante), « démontrant ainsi aux mineurs qu'ils ne sont pas parmi ceux qui espéraient qu'en prolongeant les débats jusqu'à une heure tardive, les mines ne seraient pas nationalisées. Ainsi, les capitalistes miniers qui, si souvent, ont brimé la classe ouvrière minière et, en même temps, mis en péril les richesses de la nation, seront déçus, et nous nous séparerons après avoir fait tout notre devoir envers les mineurs ». Cette loi fait tomber dans le domaine public les exploitations des mines de combustibles minéraux, et crée plusieurs établissements publics, notamment les Charbonnages de France et les « Houillères de.. » chaque bassin minier.

A la seconde Constituante, Henri Martel s'attache à défendre les intérêts des ouvriers mineurs, déposant deux propositions visant à relever les prestations de leur Caisse autonome et à inclure dans leur régime particulier de sécurité sociale des dispositions en faveur des ouvriers licenciés pour action syndicale ou politique. Il dépose également deux rapports au nom de la Commission de l'équipement et de la production sur la remise en état et le développement des ports de Dunkerque, Boulogne et Calais. Avec le groupe communiste, il vote bien sûr en faveur de la nationalisation de la Banque de France et d'autres banques (2 décembre 1945).

Henri Martel se prononce en faveur des deux projets de constitution soumis au vote des députés, le 19 avril et le 28 septembre 1946.

Quelques semaines après avoir remporté les premières élections législatives de la Quatrième République, Henri Martel donne sa démission de député, car il préfère siéger au Conseil de la République où il se présente le 8 décembre dans le département du Nord. La liste communiste conduite par Henri Martel et Isabelle Claeys, avec 1280 voix sur 4053 suffrages exprimés, emporte deux des cinq sièges à pourvoir. Un temps vice-président de cette assemblée, il est brièvement inquiété : il lui est en effet reproché, dans une plainte formulée par le ministre de l'intérieur le 14 décembre 1948, d'avoir, lors les grèves de cette époque, signé, en tant que secrétaire général de la fédération régionale des mineurs, une affiche mettant en cause le préfet du Pas-de-Calais. Mais la Commission sénatoriale chargée d'examiner la demande en autorisation de poursuites contre lui aboutit au rejet de cette demande, considérant que sa déclaration n'avait pas de caractère diffamatoire.

Le 17 juin 1951, le sénateur Martel choisit de se présenter à nouveau aux élections législatives, et la liste communiste qu'il conduit, dont le score est constant (37,2 %), n'a pas à souffrir de la nouvelle loi électorale, dénoncée dans ses déclarations de campagne comme un « trucage » « révélant » la peur du bulletin de vote des partis gouvernementaux« : elle remporte à nouveau quatre mandats, l'apparentement conclu entre les listes SFIO, MRP, RGR et Indépendants n'atteignant pas la majorité absolue.

Henri Martel donne sa démission du Conseil de la République et siège à la Chambre, où il retrouve la Commission de la production industrielle. Son activité est exclusivement consacrée au sort des mineurs, en particulier à leur régime de retraite. Il dépose ainsi, à deux reprises en 1951, puis une nouvelle fois en 1955, une proposition de loi tendant à augmenter les retraites minières de 15 à 25 % et à accorder la réversion des deux-tiers aux veuves des mineurs. Par la voie des propositions de loi, il suggère d'autres avancées favorables aux mineurs : compter deux fois les années de guerre, d'internement, de déportation ou de captivité dans le calcul des retraites, ou encore accorder la pension de retraite à partir de 30 années de service minier, quel que soit l'âge. Il souhaite aussi que soient payées aux ouvriers les jours chômés décidés par les Charbonnages de France, comme le 5 décembre 1953, ou encore le 26 décembre 1953 et le 2 janvier 1954.

Henri Martel intervient à plusieurs reprises à la tribune sur ses sujets de prédilection, par exemple sur le sursis de service militaire qu'il souhaite attribuer aux mineurs, le 19 septembre 1951, ou encore pour critiquer le projet de Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) qu'il juge dangereux pour l'économie française, et qui risque d'aboutir à de nombreux licenciements de mineurs français du fait de la concurrence écrasante de la Ruhr.

Les votes d'Henri Martel sont strictement conformes à ceux de son groupe parlementaire. Il s'oppose ainsi à la loi Barangé - Marie sur l'aide à l'école privée, qui divise la Troisième force d'entrée de jeu, le 21 septembre 1951. Il s'oppose, comme il a été noté, au projet de CECA, le 13 décembre 1951. Il refuse successivement de voter la confiance à Antoine Pinay, le 6 mars 1952, et à Joseph Laniel, le 26 juin 1953, de même qu'il vote contre l'investiture de Pierre Mendès France, le 17 juin 1954, confirmant son vote de défiance le 4 février 1955, le jour où le Président du Conseil doit abandonner son poste. En politique extérieure, il se prononce pour la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la discussion de la ratification de la CED (Communauté européenne de défense) le 30 août 1954, vote équivalent au rejet du traité, et refuse la ratification, quelques mois plus tard, des accords de Londres et des accords de Paris qui mettent fin à l'occupation de l'Allemagne et permettent le réarmement de la RFA au sein de l'OTAN. Enfin, le 23 février 1955, il vote contre la confiance à Edgar Faure, qui l'obtient néanmoins, mais qui échoue neuf mois plus tard, lorsqu'Henri Martel et la majorité de ses pairs la lui refusent le 29 novembre 1955.

Les élections du 2 janvier 1956 n'apportent aucun changement à la situation électorale de la liste communiste conduite par Henri Martel dans la troisième circonscription du Nord : avec 37,4 % des suffrages exprimés, elle conserve ses quatre mandats. Pour cette élection, les communistes ont proposé aux socialistes de conclure un apparentement (procédé électoral pourtant à nouveau décrié dans les engagements électoraux de 1956) afin de conquérir tous les sièges de deux circonscriptions du Nord où, ensemble, les deux listes pouvaient obtenir la majorité absolue. Mais la Fédération socialiste a refusé, et Henri Martel, dans ses déclarations de campagne, appelle à lutter contre le « prétendu front républicain » entre les socialistes et les républicains sociaux, et critique sans ménagement Pierre Mendès France.

A l'Assemblée nationale, Henri Martel retrouve la Commission de la production industrielle et de l'énergie, et poursuit, à travers ses propositions de loi et de résolution, son activité en faveur des ouvriers des mines : augmentation des retraites de 15 % (9 mars 1956), indexation des retraites minières sur la base de 66 % du salaire moyen des mineurs (20 mars), revalorisation des salaires des personnels de mines de charbon non nationalisées (18 octobre), extension des bénéfices de la convention générale franco-allemande sur la sécurité sociale aux mineurs polonais ayant travaillé dans les deux pays (18 décembre 1957). Il intervient devant ses pairs à deux reprises sur les questions minières, notamment pour dénoncer le 6 juin 1956, dans un contexte d'augmentation des importations, la responsabilité des gouvernements ayant ordonné la fermeture de puits de mines, et déplorer l'insuffisance des salaires - alors que le rendement individuel progresse - et le développement de la silicose. Cette maladie frappera Henri Martel lui-même trois ans plus tard, et le contraindra à réduire temporairement son activité politique et syndicale.

Avec le groupe communiste, Henri Martel accorde sa confiance à Guy Mollet le 31 janvier 1956, mais la refuse à M. Bourgès-Maunoury le 12 juin 1957. Il vote contre la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom, le 9 juillet 1957, et n'accorde pas au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre 1957). Il s'abstient volontairement lors du vote de confiance à Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, soutient la révision de la constitution (27 mai), et refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin. Le lendemain, il refuse également de lui accorder les pleins pouvoirs et vote contre la révision constitutionnelle.

S'il échoue le 30 novembre 1958 dans la 14e circonscription du Nord (Douai) en raison du maintien du candidat socialiste il est réélu dans cette même circonscription aux élections législatives en 1962.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Henri MARTEL

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