Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

Mme Janine Rozier, sénatrice du Loiret

Oui bien sûr. Vous avez dit que j'ai été sénatrice, mais j'ai été maire aussi pendant 30 ans et conseiller général pendant 19 ans, seule avec 40 hommes ! Je crois avoir fait entendre la voix des femmes.

Jean Dumonteil : Aujourd'hui, vous vous sentez un peu moins seule ?

Janine Rozier : Non, mais je fais partie de ce 1 % de maires qui était là en 1971. Cela se voit d'ailleurs allez-vous me dire. Donc, nous étions très peu nombreuses et, puisque vous avez fait tout à l'heure allusion à l'histoire, sachez qu'en 1975, le Premier ministre de l'époque, qui était Jacques Chirac, a voulu fêter le 30 e anniversaire du vote des femmes et il nous avait toutes invitées à Matignon, et nous étions 500 femmes à venir à Matignon à son invitation. Mme Françoise Giroud était alors « ministre de la Condition féminine ».

Donc 68 % des femmes ont jugé nécessaire de réorienter la gestion municipale. Cela prouve que les femmes ont une conception extrêmement active de la gestion, qu'elles réorientent les choses de façon significative. Pourquoi ? Tout simplement, parce que je pense qu'elles sont de plain-pied dans la vie de tous les jours. Qu'aucun des problèmes qui touchent les enfants : la scolarité, la restauration scolaire, la santé, etc. ne nous échappe parce qu'on les mène en même temps.

Ensuite, quand nos aînés vieillissent, c'est souvent nous les femmes, même quand c'est la maman de notre mari, qui nous occupons de la maison de retraite, des problèmes des anciens, etc. Les problèmes de tous les jours, nous les gérons à la maison et c'est plus facile après, de gérer les problèmes de la commune.

Jean Dumonteil : Est-ce que vos collègues savent déléguer ? Justement, on va regarder. C'était l'objet de la question suivante.

Janine Rozier : Oui. Je pense aussi qu'elles savent déléguer. Vous avez vu sur le tableau, qu'elles ont une conception participative. Dans une équipe, il faut que tout le monde travaille et quand on est une équipe, on est complémentaires et cela nous enrichit, finalement, de partager et de déléguer.

Mais je pense qu'on délègue un petit peu suivant son caractère particulier et ses compétences particulières et aussi les compétences des gens qui nous entourent. C'est pourquoi il y a tant de disparités, et autant d'éléments dans ce tableau.

Quand on est maire, on est surtout là pour fédérer et je crois que cela, les femmes savent bien le faire. Et si on fait participer, par exemple, nos collègues masculins, cela évite que, par-derrière, ils critiquent. On peut alors leurs répondre : « vous étiez là ! ».

Jean Dumonteil : Justement, Janine Rozier, on va le voir avec la question suivante : est-ce que vous êtes partageuses ? Est-ce que vous choisissez des femmes pour adjointes ? Ah ! C'est assez partagé là !

Janine Rozier : Enfin, pour ma part quand je suis devenue maire, j'ai été seule femme avec des hommes.

J'ai fait cinq mandats. Alors que je n'étais pas obligée à la parité puisque j'avais 800 habitants au début du premier mandat et 3 000 au dernier mandat, j'ai toujours fait entrer des femmes dans mon conseil municipal. Je choisissais, bien sûr, évidemment pas à cause de l'idée politique puisque dans les petites communes, on ne s'occupe pas de cela, mais je choisissais des femmes qui s'investissaient soit dans les comités de parents d'élèves, soit dans les associations familiales.

Jean Dumonteil : On ne dira jamais assez que la vie associative est un vivier, est un tremplin pour l'engagement au public.

Janine Rozier : Et quelqu'un l'a dit tout à l'heure avant moi : quand les femmes s'investissent, quand elles acceptent un dossier, elles le font avec beaucoup de rigueur, de compétence, de sérieux. On parle toujours de la loyauté et de la parole donnée comme un élément masculin et ce n'est pas vrai du tout. C'est tout à fait applicable aux femmes.

Jean Dumonteil : Quand vous dites que ce n'est pas vrai du tout, vous voulez dire que ce n'est pas exclusif ?

Janine Rozier : Ce n'est pas exclusif.

Jean Dumonteil : Voyons les difficultés que rencontrent vos collègues maires dans l'exercice de leur fonction.

Janine Rozier : Bien qu'il y ait de plus en plus de femmes et qu'on ait beaucoup gagné sur le terrain, il arrive encore que nous soyons malmenées verbalement parce que nous sommes des femmes, et inférieures en force physique.

Jean Dumonteil : Merci Madame Rozier, en tout cas on a vu que vous n'étiez pas inférieure en intensité et en conviction.

Jean-Claude Frécon, vous êtes Sénateur de la Loire. On va continuer la lecture du questionnaire et des réponses de vos collègues élues sur le thème : « S'informer, communiquer et participer », et on va regarder ensemble. Il y a des domaines dans lesquels vos collègues maires ont défini de nouvelles orientations.

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