La ruralité,un atout pour demain à défendre ensemble



Palais du Luxembourg, 28 mai 2003

Jean BALIGAND Président de GROUPAMA

Premièrement, le monde rural n'est plus agricole. Je partage ce point de vue. On fait une confusion dans la segmentation. Il y a un côté marché - le monde rural, le monde urbain - et un côté métier - le monde agricole et d'autres métiers. Deuxièmement, le monde rural n'est donc plus le monde agricole mais le monde agricole est bien à la base du monde rural, par son histoire et le poids qu'il représente encore. Troisièmement, l'espace rural est une propriété collective. Il faut donc le partager mais cela ne signifie pas partager des hectares mais partager de l'air, des couleurs, des odeurs, des bruits, un certain nombre de choses qui appartiennent à tous dans ce monde rural. Enfin, il n'y a pas une ruralité mais des ruralités. La ruralité est quelque chose de difficile à définir. J'ai trouvé un document où on parlait de ruralité isolée, traditionnelle, touristique, frontalière et touristique, des choses assez compliquées et déclinées parfois jusqu'au périurbain. Elle est difficile à définir et d'ailleurs, à cet instant, je me demande si je suis un urbain ou un rural. Dans tous les cas, je défendrai la ruralité. Pour exister, le monde rural doit trouver des services publics et des services au public, doit avoir une offre de santé, des possibilités de formation, une vie culturelle, ne doit pas se sentir enfermer dans ce monde rural.

Pour parler de services, société de services d'assurance, la Mutuelle Groupama est particulièrement impliquée dans le monde rural :

ï de par ses sociétaires : nous avons près de 5 millions de sociétaires, essentiellement des ruraux regroupés et assurés par 9 000 caisses locales - c'est l'assureur de base

ï de par nos responsables : nous avons plus de 100 000 élus qui font vivre ces caisses locales ;

ï et de par l'animation que cela engendre : les conseils d'administrations, les assemblées générales où 400 000 sociétaires se retrouvent chaque année.

Une solution aux problèmes économiques du monde rural consiste en une activité agricole forte et rémunératrice, parce que l'agriculture est le socle de ce monde rural et qu'à partir de là tout s'enchaîne : de l'emploi, du commerce, des artisans, des services et des associations. Je partage assez bien ce double PDPSP, « pas de pays sans paysans et pas de paysans sans prix ». Les paysans sont le fond de cuve du monde rural. Ils garantissent notre sécurité alimentaire et ce paysage qu'ils ont entretenu.

La préservation des services publics est une affaire de volonté publique. L'école, la poste devraient être les derniers à fermer. Les maintenir a un coût mais c'est le prix à payer pour une vie rurale.

On n'empêchera pas la disparition des services de proximité privés si le milieu où l'on est n'offre pas un marché conséquent. Nos caisses locales sont animées par des conseillers locaux qui sont rémunérés modestement en fonction du chiffre d'affaires. Récemment, ils ont subi une cotisation de solidarité qui ne leur rapporte rien. Avec les 35 heures où un homme seul ne peut plus répondre à la demande des clients et qui conduit à concentrations et des chefs-lieux de cantons. À partir de là, bon nombre d'entre eux ont décidé d'arrêter. Il faut qu'une entreprise comme La Poste, fasse attention à la concurrence, en se sauvant, elle peut tuer d'autres activités.

Il paraît très difficile d'enrayer la disparition des services liés à la santé. On peut y suppléer par de l'assistance téléphonique médicale pour les soins les plus simples. Nous mettons en place des plates-formes de santé, nous développons la sécurité des personnes à travers de la télésurveillance, la souscription de contrats dépendance pour faire en sorte que ces personnes soient assistées le plus longtemps possible. Les services de santé doivent être à proximité. À Paris, on peut être à un kilomètre d'un hôpital et mettre une heure pour le rejoindre ; en campagne, cela n'est pas le cas.

Pourquoi l'insécurité augmente-t-elle en milieu rural ? Nous faisons le constat qu'à une époque on pouvait laisser ses clés de contact sur le véhicule et que cette période est révolue. Groupama Alsace a enregistré une augmentation de 30 % des petits délits et des cambriolages en cinq ans. Une première solution est la télésurveillance et une seconde de ne pas laisser ses clés sur le véhicule. Mais l'insécurité, ce n'est pas que le vol et les larcins. L'insécurité, c'est les risques automobiles, les accidents et nous y travaillons bien sûr avec les gendarmes. Cela peut être également les chasseurs et nous y travaillons avec eux dans le cadre d'un partenariat.

Quelles mesures novatrices pour conserver une économie rurale ? Il faut tout d'abord des équipements excellents en termes d'infrastructures. Quatre voies sans péages et vous avez la Bretagne moderne. En termes de transports, on a constaté les efforts de la SNCF en matière de régionalisation. Il faut développer les nouvelles techniques d'information et de communication, pour permettre le développement de différents secteurs.

Nous devons surtout préserver l'originalité du tissu associatif rural. Nous assurons beaucoup d'associations, associations extrêmement importantes si je pense aux Aînés Ruraux qui ont 800 000 adhérents mais également les 80 000 associations de chasseurs. Préserver le tissu rural, c'est recenser ces associations, les identifier, les classer, les conforter par des moyens adaptés à cette classification retenue - une association sportive ne demande pas les mêmes moyens qu'une association culturelle ou humanitaire -, savoir les écouter et les entendre - je pense que les maires les entendent et les écoutent bien -, mais les associer aussi aux réflexions d'aménagement et de réalisation. Je prendrai un exemple. Bon nombre de nos responsables locaux Groupama signalent des points noirs en termes de circulation. Vous ne pouvez pas savoir comme ils sont heureux quand l'équipement a fait l'aménagement nécessaire. Ils rendent service et tout le monde est gagnant. Pour terminer, je dirai qu'il y a les faiseurs et les diseurs, faisons en sorte de faire partie des faiseurs.

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