2.14. DÉBAT AVEC LA SALLE

Question

Bonjour, Christophe Rouesne, je représente la société Cyber-Deck. Notre métier consiste à concevoir des solutions de bornes interactives connectées à Internet. C'est très intéressant, mais ça ne marche pas beaucoup... Oui, je crois que ce que vous avez souligné, M. le président, sur l'utilisation de la carte à puce est très intéressant.

J'aimerais interroger MM. Hirokawa et Ohyama, qu'on a entendus tout à l'heure, sur leur expérience des cartes à puce. La carte à puce multiservice fait également son chemin en France - on peut voir de ce point de vue l'avancée par exemple de la RATP qui propose des solutions de ce type - mais s'agissant des villes, je crois qu'il y a assez peu de choses mises en place et sans doute on se heurte à l'impossibilité de mettre en France un certain nombre d'applications sur la même carte.

J'aimerais savoir précisément - même si j'ai bien compris ce qui a nous été présenté tout à l'heure - si l'on imagine au Japon, prenons l'exemple de la ville de Yokosuka, une carte sur laquelle on aurait à la fois les données de la carte nationale d'identité, les données d'informations concernant la santé des individus, l'équivalent de la carte Sésame Vitale, mais aussi la carte multiservices qui pourraient servir aux enfants à aller dans les cantines des écoles, ou bien encore à un individu d'aller à son club de tennis ?

Et pour terminer, est-ce que c'est sur cette même carte que l'on imagine la signature électronique d'un individu délivrée à ce moment-là par la ville, comme je l'ai compris, ou est-ce que la signature serait encore un élément à part ? J'ai l'impression qu'au Japon on veut mettre tout sur la même carte et j'ai le sentiment qu'en France on n'arrivera jamais à tout imaginer sur une seule carte.

M. Hirokawa

Pour notre part, nous voulons mettre sur la carte tout ce qu'on peut y mettre. Ceci dit, cela dépend d'abord des désirs de l'utilisateur de la carte. Si quelqu'un veut avoir une carte multiservice, tant mieux. Et si quelqu'un veut avoir une carte mono-service, c'est bien aussi. En tout cas, nous laissons les utilisateurs choisir. En fait, il suffit de faire de façon à ce que la même carte puisse être utilisée en mono-service ou en multiservice. Nous mettons en application sur le terrain ce qu'a présenté tout à l'heure Monsieur le Professeur Ohyama.

M. Ohyama

Comme on a parlé de sécurité et que je n'ai pas eu assez de temps pour vous en parler plus en détail, j'ajoute quelques mots d'explication. En fait, l'utilisation de la carte à puce suppose l'utilisation des réseaux. C'est un point très important. Je connais très bien la carte Vitale en France. Il y avait une carte d'assurance maladie auparavant au Japon, qui avait été conçue comme support permettant de transporter des données médicales telles que le groupe sanguin et les allergènes. Aujourd'hui, une carte à puce est considérée comme une clé d'accès à des réseaux.

Si la carte à puce ne comporte que des clés, elle est comme un porte-clé, et à priori, il n'y a pas de risque de mettre la clé d'accès à la banque et celle à un établissement médical. Il faudrait bien entendu prendre des mesures pour qu'une clé ne donne pas accès à d'autres réseaux que celle à laquelle elle est destinée, et le code existe pour éviter ce problème. En effet, il est extrêmement dangereux de mettre sur la carte des informations qui ont de la valeur comme l'argent électronique. C'est pourquoi la carte magnétique est remplacée par la carte à puce. Les banques françaises ont adopté la carte à puce pour des raisons de sécurité. Je disais à l'instant qu'on partait de l'hypothèse de l'utilisation des réseaux. C'est une hypothèse qui conforte la sécurité, mais la carte va coûter très cher. Et comme la clé d'accès ne représente que peu de quantité d'informations, il serait inutile de se munir de plusieurs dizaines de cartes mono-service. C'est pourquoi nous laissons à chacun le choix des services dont il bénéficiera, comme le choix des clés qu'il mettra sur son porte-clé.

Si l'on perd la carte, c'est un petit peu comme si on perdait une clé. Il suffit de changer de serrure, ce qui nous donne une nouvelle clé. C'est comme cela qu'il faut envisager l'usage de la carte à puce.

Quant à la question de la sécurité des réseaux, on parle beaucoup de la sécurité du serveur et du terminal. Pour les banques, par exemple, les terminaux sont gérés à l'intérieur de l'établissement, et on ne peut pas les emporter à la maison. La vraie sécurisation ne se fait donc pas au niveau du terminal, mais par la carte qui appartient à chacun. Je crois que la mise en réseau dans la société d'information à venir sera à envisager sous une optique très différente de celle que l'on avait jusqu'à présent.

M. Bellanger

Merci messieurs. D'autres questions.

Question

On a parlé de cette carte multiservice. Effectivement, en France, nous aurions plutôt tendance à empiler les cartes dans notre portefeuille, la carte multiservice a cet avantage de réduire le nombre de cartes. Mais le coût de cette carte est aujourd'hui, semble-t-il, supporté par le gouvernement japonais, et je voulais savoir quel était son coût et comment le gouvernement l'a subventionné. Cette question est plutôt pour M. Ohyama.

M. Ohyama

Pour l'instant, je n'ai jamais entendu dire que le gouvernement allait tout financer. Si c'était le cas, je le féliciterais de sa grande décision. On aura certainement des subventions. Concrètement le coût se situe entre dix et vingt dollars par carte et le nombre de services qu'on pourra y inclure est d'environ trente, quarante, jusqu'à plus de cent. L'État ne va pas tout payer, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, dans le plan de politique prioritaire e-Japon, les cartes à puces sont définies comme interface pour le gouvernement électronique. Aussi il est impensable que le gouvernement ne subventionne pas du tout. Pour être simple, on ne sait pas encore sous quelle forme la première carte va apparaître, peut-être une carte d'identité ou une carte de sécurité sociale. En tout cas pour la première carte, le gouvernement devra subventionner pour plus de la moitié du coût. À partir de la deuxième carte, l'utilisateur devra payer lui-même parce que c'est lui qui en veut deux au lieu d'une. Cependant, à partir du moment où il y aura des concurrents sur le marché, il y aura plusieurs dizaines de millions de cartes, jusqu'à cent millions de cartes qui vont circuler. Dans ce cas, le prix de la puce sera à peu près comme celui de la puce pour les téléphones mobiles, environ un dollar soit environ cent yens, ce qui est tout à fait probable.

M. Bellanger

Merci. D'autres questions ? Pas d'interrogations. Bien, nous allons donc passer maintenant à des exercices plus pratiques, puisque nous allons avoir une présentation de sites Internet de collectivités japonaises avec M. Hirokawa, qui est directeur de nouvelles technologies de l'information et de la communication de la ville de Yokosuka, puis Madame Marie-José Tulard, directrice du service des collectivités territoriales au Sénat, nous présentera ce que nous faisons nous-mêmes.

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