Les premiers découvreurs

Au XIXème et au début du XXème siècle, de grands noms de l’archéologie parisienne ont été des acteurs privilégiés lors de nombreuses recherches sur le site du Jardin du Luxembourg. Parmi eux : 

Claude-Madeleine GRIVAUD de LA VINCELLE (1762-1819)

Sous-chef de la trésorerie du Sénat et antiquaire, il est l’auteur, en 1807, d’un ouvrage très documenté sur les découvertes archéologiques faites lors du réaménagement de la partie orientale du Jardin par l’architecte Jean-François CHALGRIN : Antiquités gauloises et romaines recueillies dans les jardins du palais du Sénat. Les 26 planches de cet in folio gravé, par la précision et l’élégance de leurs dessins, apportent un précieux témoignage sur ces pièces aujourd’hui perdues. Cet ouvrage est conservé à la Bibliothèque du Sénat.

Malheureusement, la plupart des pièces décrites par l’auteur sont actuellement perdues et un grand nombre de vestiges avaient échappé à son étude "On avait, avant mon retour, découvert et détruit un grand pavé circulaire en mosaïque, des fours, des âtres et des restes de constructions anciennes sur lesquels je n’ai pu obtenir que des renseignements imparfaits… un petit vase en argent avec des pieds de biche fut fondu rue de Thionville. Plusieurs objets ont été donnés au chef des travaux, d’autres dispersés ou vendus, et je n’ai pu les récupérer" relate-t-il avec dépit.

Planches illustratives

Extraits de l’ouvrage Antiquités gauloises et romaines recueillies dans les jardins du palais du Sénat, Claude-Madeleine GRIVAUD de la VINCELLE, 1807, Source : Gallica.BnF.fr/Bibliothèque nationale de France

Théodore VACQUER (1824-1899)

Archéologue parisien, considéré comme le fondateur de l’archéologie moderne, il a notamment suivi les grands travaux haussmanniens, qui ont affecté, entre autres, la partie orientale du Jardin. L’une de ses nombreuses découvertes fut la mise au jour des Arènes de Lutèce en 1869.

Sous-conservateur du Musée Carnavalet, il est à l’origine de plus de 10 000 pièces manuscrites les « Papiers VACQUER » qui retracent les découvertes réalisées au cours de sa carrière, et notamment sur le site du Jardin du Luxembourg.

Louis Arthur HUSTIN (1850-1924)

Secrétaire général de la Questure du Sénat, critique d’art et critique littéraire, peintre à ses heures et passionné d’archéologie, Louis Hustin est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire du palais de Marie de MÉDICIS et du Jardin, ainsi que sur les découvertes archéologiques faites au XIXème siècle. Les sources utilisées pour rédiger cet ouvrage sont regroupées dans un fonds (34EO) conservé aux Archives du Sénat.

Pour en savoir plus :

Des sénateurs au service de l'archéologie

Même si l’archéologie constitue une profession relativement peu représentée au sein de la Chambre haute, plusieurs sénateurs archéologues ont eu à cœur de faire partager leur passion et d’imprimer leur marque dans ce qui demeure leur discipline de prédilection.

Simon Joseph Léon Emmanuel de LABORDE (1807-1869)

Marquis et Sénateur du Second Empire de 1868 à 1869, il parcourut avec son père une grande partie de l’Orient, et grâce à son remarquable talent de dessinateur, tira de l’oubli une foule de monuments antiques de l’Asie Mineure et de la Syrie ; il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur des sujets variés (la géographie, l’histoire, l’archéologie, les beaux-arts, les monuments, l’industrie, les bibliothèques… mais aussi la magie). Ses intérêts éclectiques le conduiront vers une carrière diplomatique puis politique (sur les bancs de la Chambre des députés comme ceux du Sénat), et lui vaudront également la charge de conservateur au Louvre et de directeur général des Archives de l’Empire.

Simon Joseph Léon Emmanuel de LABORDE

William WADDINGTON (1826-1894)

Sénateur de l’Aisne de 1876 à 1894, il a conduit d’importantes fouilles en Asie Mineure et en Grèce et publié plusieurs ouvrages majeurs sur ses campagnes archéologiques (conservés à la Bibliothèque du Sénat), avant d’entamer une carrière politique qui le conduira au Sénat, au ministère de l’Instruction publique et au ministère des Affaires étrangères.

Pour en savoir plus :

William WADDINGTON

Émile COMBES (1835-1921)

Sénateur de la Charente inférieure de 1885 à 1921, Émile Combes était un archéologue et collectionneur passionné, avant de se consacrer à sa carrière politique, et avait coutume de prélever lui-même de nombreux objets archéologiques lors de ses déplacements ; le "petit père Combes" a participé à l’ "invention" de la préhistoire et c’est également lui qui défendit devant le Sénat la protection des monuments mégalithiques.

Émile COMBES

Pierre OUZOULIAS (1964-)

Plus récemment, Pierre OUZOULIAS, sénateur des Hauts-de-Seine, est archéologue et chercheur au CNRS, spécialiste de l’histoire économique et sociale des Gaules romaines, des sociétés rurales gallo-romaines et des systèmes agricoles de l’Antiquité, co-auteur notamment de l’ouvrage Comment les Gaules devinrent romaines et de plusieurs études sur l’agriculture gauloise et l’époque romaine tardive.


Il est à l’origine de l’exposition permanente aménagée au sous-sol du Palais du Luxembourg.

Pierre OUZOULIAS

Le Sénat, acteur de la législation relative à l'archéologie

La législation relative à l’archéologie préventive s’est construite au cours des XXe et XXIe siècles. Ses étapes majeures furent les suivantes :

Le Sénat a été un acteur majeur dans l’élaboration de ce cadre législatif et demeure force de réflexion et de proposition sur les questions relatives à l’archéologie préventive.

Pour en savoir plus :

La mise en valeur des vestiges exhumés

Les pièces les plus marquantes sont valorisées au Sénat et au Musée Carnavalet (Paris).

Une exposition permanente au Sénat

Cette exposition présente aux visiteurs du Palais du Luxembourg le riche patrimoine archéologique issu du domaine qui lui est affecté.

Cette présentation a été retenue par le Conseil de Questure le 14 janvier 2020, sur la proposition du sénateur Pierre OUZOULIAS, et dévoilée aux visiteurs en septembre 2021.

Plus de 110 vestiges y sont mis en valeur : vaisselle, objets ludiques, fragments d’éléments balnéaires, ossements, rebuts artisanaux… accompagnées de cartels explicatifs, de photographies, de cartes et de plans.

Cette présentation a été réalisée en collaboration avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui en a assuré le commissariat scientifique

Les pièces exposées au Musée Carnavalet

Afin de les rendre accessibles à un public le plus large possible, le Sénat a confié au musée Carnavalet, dans le cadre d’une convention de dépôt conclue en 2020, l’exposition de plusieurs de ses pièces les plus importantes. Ce musée a consacré une vitrine entière à l’ensemble dit du « Gaulois du Sénat », exhumé en 1973 à l’occasion d’un chantier conduit dans les sous-sols du Palais du Luxembourg, et dont l’enjeu scientifique fut déterminant pour documenter la transition représentée par la conquête des Gaules et l’acceptation des mœurs italiques par la population autochtone.

Le musée Carnavalet expose en outre une intéressante équerre d’architecte, découverte en 1962 dans un puits funéraire, ainsi qu’une petite figurine de MERCURE très bien conservée, exhumée par Théodore VACQUER en 1867 près de l’École des Mines.

Les autres pièces

Les autres pièces exhumées sur le domaine public affecté au Sénat sont conservées par le département d’Histoire de l’Architecture et d’Archéologie de la Ville de Paris (DHAAP), qui les tient à la disposition des chercheurs et des organisateurs d’expositions.