C. UNE PRÉSENCE FRANÇAISE QUI MÉRITERAIT D'ÊTRE ACCENTUÉE

Indépendamment de l'action de l'Union européenne -dont il faut se féliciter, même si elle ne concourt pas directement à l'influence propre de chacun des États qui la composent- et hormis l'active coopération civilo-militaire liant nos deux pays ( cf. le chapitre suivant du présent rapport), force est de constater que la présence française au Tadjikistan est assez limitée ; elle mériterait sans doute d'être renforcée, notamment dans le domaine économique (où nos entreprises sont quasiment absentes) et dans le domaine culturel.

Cette lacune peut sembler regrettable dans un pays avec lequel, par ailleurs, notre dialogue politique est suivi, notamment du fait du soutien que le Tadjikistan a apporté dès 2001 à notre engagement en Afghanistan aux côtés des autres États de la Coalition 20 ( * ) .

Notre coopération dans le domaine de la sécurité intérieure connaît elle aussi un certain dynamisme, le Tadjikistan étant le premier pays de la région avec lequel la France a signé un accord de coopération en cette matière (décembre 2002) ; nous relayons d'ailleurs cette coopération au niveau de l'Union Européenne et de l'OSCE avec le renforcement de la sécurité aux frontières (programme BOMCA -- Border Management in Central Asia ) et la lutte contre le trafic de drogues (programme européen CADAP - Central Asia Drug Action Program ).

Sur le plan de la sécurité des affaires, les opérateurs économiques disposent d'un cadre juridico-fiscal approprié, puisque lors de la visite officielle du Président Rakhmon à Paris en décembre 2002, un accord de protection réciproque des investissements a été signé entre la France et le Tadjikistan, complété l'année suivante par un protocole de coopération en matière financière et monétaire.

Mais les échanges franco-tadjiks demeurent d'un montant très modeste , nos exportations s'étant élevées à 5,4 millions d'euros et nos importations à 7,3 millions (montants 2008, derniers connus). A ce jour, l'ambassade de France ne recense qu'un très petit nombre d'entreprises françaises implantées au Tadjikistan, avec la présence de seulement quatre bureaux de représentation : EDF, INEO, AREVA, SOFEMA.

En outre, au risque de ternir un peu plus ce panorama assez morne, force est de constater que la construction d'un nouveau terminal de l'Aéroport de Douch anbé -seul véritable projet d'envergure impliquant des entreprises françaises (SOFEMA et Alpha Airport)- s'exécute dans des conditions pour le moins laborieuses , comme l'a noté le Président Rakhmon lors de l'audience accordée à la délégation sénatoriale (message relayé par plusieurs autres personnalités rencontrées durant cette mission)...

Financé sur fonds publics français, ce projet devait atteindre un montant total de 24 millions d'euros, couverts en majeure partie (17 millions d'euros) par un prêt concessionnel du Gouvernement français accordé en contrepartie de la présence du DETAIR depuis 2001 (à propos du DETAIR, cf. infra ). Or le coût estimatif initial s'est trouvé majoré du fait, notamment, de la mise en vigueur entretemps de nouvelles normes applicables à l'aviation civile tadjike, contraignant à modifier les plans, à solliciter des autorisations administratives supplémentaires et, fin 2009, à suspendre les travaux qui n'ont toujours pas repris depuis lors.

Selon un premier tour de consultations avec les sous-traitants en 2010, il est apparu qu'en dépit d'un apport complémentaire français de 3 millions d'euros, la fourniture « clé en main » de la nouvelle aérogare ne pourrait pas tenir dans l'enveloppe de 27 millions d'euros, conduisant la partie tadjike à accepter un report d'achèvement (à fin 2012) et à remettre en discussion les modalités de financement du projet. Lors de la visite de la délégation sénatoriale, la situation semblait dans une impasse temporaire même si, selon l'ambassade de France, plusieurs solutions restaient envisageables.

Le groupe d'amitié espère que cet épisode trouvera rapidement une issue favorable ; il invite d'une manière plus générale les entreprises françaises à porter plus d'attention qu'aujourd'hui aux opportunités du marché tadjik , en particulier dans des secteurs où leur expertise est mondialement reconnue (la gestion de l'eau, par exemple) : c'est d'ailleurs le message qu'ont fait passer les intervenants au colloque économique sur l'Asie centrale (« Les dividendes de la persévérance, les promesses de la confiance »), organisé au Palais du Luxembourg le 12 mai 2011 par le Sénat et Ubifrance 21 ( * ) .


* 20 Une antenne diplomatique a été ouverte au Tadjikistan en 2001 ; elle a été transformée en ambassade de plein exercice à la suite de la visite officielle du Président Rakhmon à Paris en décembre 2002.

* 21 Les actes de cette rencontre sont accessibles sur le site internet du Sénat.

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