PARTIE III - L'AIDE HUMANITAIRE DE L'APRÈS-SÉISME : INITIATIVES PRIVÉES, ORGANISATIONS NATIONALES ET INTERNATIONALES, ACTIONS DE L'ÉTAT

Mme Sylvie CASIULIS, professionnelle du développement

Le 25 avril 2015, à 11h56, alors que chacun vaque à ses activités, un séisme de magnitude 7,8 sur l'échelle de Richter secoue le Népal. Les Népalais sont habitués à ressentir régulièrement des secousses de petite amplitude, mais cette fois ci, tout le monde est sous le choc. Nous savons qu'il s'agit d'un « gros », peut-être même du « big one » que tout le monde attendait.

Dans les premières minutes, en fonction de l'endroit où ils se trouvent, les gens prennent plus ou moins la mesure de la gravité de la situation. Ceux qui étaient à Patan, à Basantapur, à Bhaktapur, dans les centres historiques de la vallée de Katmandou ont vu les temples s'effondrer devant eux. Dans d'autres quartiers, peu de dégâts matériels sont à déplorer. Nous savons juste que « celui-là était vraiment fort », assez fort pour nous déséquilibrer dans notre fuite.

Les premières répliques sont fortes aussi. Pendant deux heures, elles seront régulières. A chaque nouvelle secousse, on voit les bâtiments trembler, le sol onduler, les enseignes, les briques et les réservoirs d'eau chuter.

Personne ne se risque à retourner à l'intérieur des bâtiments. Contrairement au séisme de 2009 dont l'épicentre était au Sikkim et qui avait été fortement ressenti à Katmandou, les populations adoptent les « bons réflexes ». Les programmes de prévention conduits par le gouvernement du Népal et diverses organisations nationales et internationales ont porté leurs fruits.

Cet évènement sonnera le début d'une véritable catastrophe humanitaire et nous savons tous que la tâche va s'avérer longue et difficile.

I. LES PREMIÈRES 48 HEURES

A. SITUATION GÉNÉRALE

1. Les premières nouvelles, le rôle des médias

Les radios nationales et locales diffusent des nouvelles dès la première heure suivant le séisme. Nous apprenons qu'un des symboles de la capitale, la tour de Sundhara, s'est effondrée ; que les temples des trois centres historiques de la vallée, Basantapur, Patan et Bhaktapur, ont été sévèrement touchés. Progressivement, les nouvelles sismologiques sont diffusées, magnitude, épicentre, profondeur... Les médias joueront un rôle essentiel dans la diffusion d'informations relatives à la sécurité des populations touchées : rester dehors, dormir à l'extérieur etc.

Il n'y aura pas d'interruption dans la publication des grands quotidiens nationaux, qui constitueront une source d'information précieuse pour les acteurs de l'aide humanitaire.

2. Les rumeurs

Le traumatisme est sévère. Il est accentué par le rythme fréquent de répliques plus ou moins fortes. Les rumeurs les plus folles vont commencer à circuler. Certaines d'entre elles annoncent l'heure et l'amplitude des prochaines répliques : « entre 21 h 00 et 21 h 30, il y aura une réplique de 9 sur l'échelle de Richter », « aujourd'hui, vers 14 h 00 une réplique plus grosse que la première secousse frappera Katmandou »...

D'autres rumeurs suivront : le tigre du zoo de la capitale s'est échappé ; la lune s'est retournée annonçant une apocalypse proche ; les entrailles de la Terre vont s'ouvrir et laisser s'échapper des flux de lave brûlante... Ces rumeurs vont accentuer la peur de populations parfois peu éduquées et déjà fortement traumatisées.

a) Communications

Pendant 48 heures, les réseaux téléphoniques demeureront extrêmement perturbés. Ils seront rapidement rétablis dans la vallée de Katmandou. Internet, quant à lui, fonctionne presque normalement dans la capitale et les réseaux sociaux joueront un rôle essentiel pour prendre des nouvelles des proches.

En milieu rural, l'absence totale de moyens de communication pendant plusieurs jours constituera non seulement une forte entrave au déploiement de l'aide humanitaire, mais aussi un facteur de stress supplémentaire pour les citadins ayant des proches vivant dans les villages les plus touchés.

b) Electricité

L'électricité sera rétablie dans la vallée 36 heures après la première secousse. Dans certains districts, cela prendra plusieurs semaines.

c) Axes routiers, mouvements véhiculaires

Plusieurs axes routiers majeurs ont été endommagés. De nombreux glissements de terrains provoqués par le séisme et les répliques qui l'ont suivi ont totalement paralysé l'accès à certains villages. Dans la vallée de Katmandou, les mouvements de véhicules sont extrêmement restreints. Les populations donnent priorité à leur sécurité physique, tout déplacement inutile ou jugé non indispensable est proscrit.

d) Commerces/Accès aux biens de première nécessité

Katmandou est en état de « ville morte » : mouvements de véhicules quasi nuls, commerces fermés. Il n'y a néanmoins pas de pénurie d'eau potable, de gaz, de riz, de lentilles et autres biens de première nécessité.

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