II - LE PARAGUAY, LA NÉCESSAIRE OUVERTURE

La France bénéficie au Paraguay d'un solide capital de sympathie. Les relations bilatérales, jadis peu substantielles, se sont notablement renforcées depuis deux ans.

C'est ainsi que le 17 mai 2006, dans la perspective de s'ouvrir à l'Europe, le Président DUARTE FRUTOS est venu rechercher à Paris le soutien de la France dans son effort de modernité et notamment d'accès au marché européen et de renforcement des liens commerciaux avec l'Union Européenne.

Les autorités gouvernementales paraguayennes souhaitent également renforcer le dialogue politique avec la France, accroître la coopération bilatérale que ce soit dans les domaines de la coopération institutionnelle ou de l'environnement (gestion des ressources hydriques, biodiesel) et redynamiser nos relations économiques.

Le Paraguay partage en effet avec la France la conception d'une globalisation mieux maîtrisée et plus équilibrée et désire développer une coopération qui conforterait les idéaux démocratiques défendus par une majorité de parlementaires et de citoyens paraguayens.

En bref, la visite de la délégation sénatoriale a conforté les relations désormais régulières entre les deux Parlements. C'est d'ailleurs l'un des domaines où les relations franco-paraguayennes ont pris un tour confiant.

L'exemplarité française dans les domaines touchant aux secteurs de la l'énergie, de la défense des Droits de l'Homme et l'organisation des institutions a prévalu dans les discussions avec les autorités paraguayennes.

LE PARAGUAY - LES DONNÉES DE BASE


Nom officiel :
République du Paraguay

Superficie : 0,4 millions km²

Population : 6,1 millions

Capitale : Assomption (0,6 millions)

Langue (s) officielle (s) : espagnol, guarani

Monnaie : Guarani (1 euro = 7150 guaranis)

Fête nationale : 15 mai

Croissance démographique : 2,51 % (estimation 2004)

Espérance de vie : 72,12 (hommes); 77,29 (femmes)

Taux d'alphabétisation : 94 % (taux officiel)

Religions : catholiques (90 %); protestants (mennonites)

Indice de développement humain (classement ONU) : 0,751 (89 ème rang mondial)

PIB (2005) : 7,4 Mds USD

PIB par habitant (2005) : 1087 USD

Taux de croissance (2005) : 3,4 % (2,8 % en 2004, 2,6 % en 2003)

Taux de chômage (2005) : 16 % (16,2 % en 2004)

Taux d'inflation (2005) : 9,9 % (2,8 % en 2004)

Solde budgétaire du secteur public consolidé (2005) : 0 % du PIB (2,7 % en 2004)

Dette du secteur public (2006) : 28 % du PIB

Principaux clients en 2005 (MUSD): Uruguay (479), Brésil (326), Iles Caymans (169), Argentine (107), Russie (101), Chili (65).

Principaux fournisseurs en 2005 (MUSD) : Brésil (884), Chine (667), Argentine (639), États-Unis (169), Suisse (137).

Solde commercial (2005): - 700 MUSD

Part des principaux secteurs d'activités dans le PIB :

- agriculture : 21 %

- industrie : 27 %

- services : 52 %

Exportations françaises vers le Paraguay (2005) : 29 M EUR

Importations en provenance du Paraguay (2005) : 14 M EUR

Consulat de France : Assomption (consul honoraire à Encarnacion)

Communauté française au Paraguay : 1000 français immatriculés (300 non immatriculés)

Communauté paraguayenne en France : 150 (estimation)

Source - Ministère des Affaires étrangères

1. Les entretiens de la délégation à Asunción

A Asunción, où elle a séjourné du 16 au 19 septembre, la délégation sénatoriale a été reçue par le Vice-Président de la République, Luis CASTIGLIONI, Président en exercice (le Président était à New-York à l'Assemblée Générale des Nations Unies).

Le Vice-Président a rappelé que la relation avec la France, pays des Droits de l'Homme et promoteur de la diversité culturelle, s'inscrit dans la perspective de contacts plus riches de son pays avec l'Union Européenne. La France est en effet perçue par le gouvernement paraguayen comme la clef permettant un approfondissement des relations du Paraguay avec Bruxelles.

Indiquant qu'une loi sur la décentralisation est en préparation, le Vice-Président CASTIGLIONI a fait part de son intérêt personnel pour la promotion d'un système décentralisé au Paraguay. Il a rappelé qu'en 2000, lorsqu'il était venu en France, l'un de ses principaux sujets d'intérêt avait été d'étudier la décentralisation à la française, qui lui paraît en partie transposable au Paraguay.

Il a également exprimé le souhait d'avoir une coopération plus importante avec la France dans le secteur de l'environnement, de la gestion de l'eau et de l'énergie, domaines d'excellence de notre pays.

Soulignant que le Paraguay ne consomme que 5 % de l'électricité qu'il produit, il a confié que son pays a besoin de l'expertise d'EDF pour améliorer la gestion de l'énorme contingent d'électricité produite, qui est actuellement commercialisée vers l'Argentine et le Brésil, en application des traités d'Itaipu et de Yacyreta, à un prix très au-dessous du marché.

Il s'est dit par ailleurs soucieux d'améliorer la sécurité juridique au Paraguay afin d'attirer davantage les investissements français et européens. Il a rappelé sur ce point que l'impôt sur les sociétés au Paraguay (10 % des bénéfices) est l'un des plus faibles du monde et que cela devrait permettre d'accroître les investissements. Et il a confirmé que le Paraguay honore toutes ses dettes.

Sur la politique intérieure du Paraguay, le Vice-Président CASTIGLIONI a déploré l'actuel blocage législatif au Parlement dû, selon lui, aux rigidités des parlementaires de l'opposition, mais également aux maladresses du Président de la République, M. Nicanor DUARTE FRUTOS.

Quant à la politique régionale, le Vice-Président de la République s'est déclaré inquiet de la stagnation du processus d'intégration au sein du Mercosur. Ce bloc régional doit permettre une négociation aboutie avec l'Union Européenne et permettre aux deux petits États, Paraguay et Uruguay, de prendre toute leur place « face aux égoïsmes subsistants des grands, le Brésil et l'Argentine ». Il a déploré aussi que le Mercosur se contente actuellement de soutenir leur protectionnisme, alors que son rôle doit être de s'ouvrir au monde.

Le Vice-Président a néanmoins précisé que le Paraguay n'envisage pas pour autant de quitter le Mercosur. Il souhaite simplement un Mercosur plus juste et améliorer ses relations avec l'Uruguay, de manière à en obtenir des bénéfices.

Réitérant l'attachement de son pays au multilatéralisme, M. Luis CASTIGLIONI a confirmé que le Paraguay est pour un régionalisme ouvert, pour une intégration économique qui puisse s'ouvrir à d'autres groupes (Chine, Russie, Union européenne).

La délégation a ensuite eu un entretien avec le vice-ministre des Relations Extérieures, M. Jose Antonio DOS SANTOS. Comme le Vice-Président, le vice-ministre (le ministre était à New-York) a souhaité le renforcement des liens économiques entre la France et le Paraguay, considérant que les bonnes relations avec notre pays est l'une des clefs d'un contact harmonieux avec l'Union européenne. Préoccupé par le problème du traitement des déchets, il a déclaré que le Paraguay aimerait s'appuyer sur l'expérience française pour avancer sur une politique satisfaisante de l'environnement. Les experts français, a-t-il ajouté, pourraient l'aider dans la réflexion qui doit être menée.

Le Président du Congrès, M. Enrique GONZALEZ QUINTANA, et les membres de la Commission des Relations Extérieures et du groupe d'amitié, ont exprimé, à l'occasion d'un déjeuner offert en l'honneur de la délégation sénatoriale, leur attachement à la diplomatie parlementaire, qui complète utilement les échanges gouvernementaux.

Répondant à la délégation sur le blocage actuel des relations entre le Parlement et le Gouvernement qui risque de porter atteinte à la mise à disposition des crédits de coopération, en particulier des 6 millions d'euros d'appui de la part de l'Union Européenne, le Président du Congrès a précisé que cette situation de blocage résulte de la « violation » de la Constitution par le Président DUARTE FRUTOS, qui a cumulé pendant 3 heures la Présidence de la République avec celle du parti Colorado. Les parlementaires paraguayens se sont néanmoins déclarés conscients que cette situation de blocage ne peut durer et qu'une solution devrait la dénouer au plus tôt.

Pour la partie française -d'ailleurs fort réduite, puisque la communauté française au Paraguay ne dépasse guère un millier de personnes, binationaux inclus- la délégation sénatoriale, outre des entretiens de travail avec notre ambassadeur, a rencontré notamment les responsables de l'Alliance française, dont elle a visité les installations.

Elle s'est penchée à cette occasion sur le dossier de rénovation de la salle Molière.

Les medias écrits et audiovisuels ont largement rapporté la visite de la délégation, mettant l'accent sur les bonnes relations du Paraguay avec la France et sur le développement de notre coopération.

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