3. L'influence du milieu

Traditionnellement, il était préférable d'habiter en ville plutôt qu'à la campagne pour suivre des études car, si les établissements primaires étaient répartis dans tout le pays, les établissements secondaires et supérieurs restaient concentrés à Séoul et dans les villes principales. Il y avait bien des lycées dans les petites villes, mais inégalement répartis et de niveau généralement inférieur. Les parents préféraient donc envoyer leurs enfants dans la capitale dès le début des études secondaires, pour leur permettre d'accéder plus facilement à l'université. Cela entraînait de très gros efforts, tant pour les enfants qui devaient suivre les études loin de leur famille, que pour les parents qui devaient assumer de lourdes dépenses.

L'exode rural, dû à une industrialisation rapide au cours des trois dernières décennies, a évidemment accentué cette tendance : il a eu pour conséquence de réduire le nombre de classes, même de les supprimer dans le milieu rural. Certaines écoles, dans les montagnes isolées ou les îles peu peuplées, ont des conditions de fonctionnement extrêmement dures. Les élèves doivent effectuer un déplacement quotidien en car ou en bateau. Les collèges de moins de cent cinquante élèves souffrent du manque de professeurs et d'installations. Afin d'améliorer cette situation, le Ministère de l'Education encourage les enseignants à s'installer dans ces zones isolées, en leur offrant des indemnités importantes et d'autres avantages. Mais encore faut-il qu'il y ait un minimum d'effectifs.

Au sein des grandes villes, des disparités existent en dépit des mesures de sectorisation : jusqu'en 1969, l'admission au lycée était conditionnée par le succès au concours d'entrée. Depuis cette date, le choix du lycée résulte d'un tirage au sort effectué dans chaque zone d'habitation. Cette réforme a eu pour objectif d'éliminer la discrimination entre les établissements de bonne qualité et ceux de moindre réputation. Elle a permis ainsi d'uniformiser la qualité de l'enseignement et de diminuer les tensions que subissaient les élèves avant, pendant et après le concours, dans l'attente du résultat, tout autant que l'inquiétude des parents.

Mais, malgré cette sectorisation, on observe encore des différences entre établissements. Les meilleurs se trouvent dans les nouveaux quartiers résidentiels, où les familles ont un niveau de vie élevé, avec peu d'enfants (un ou deux au maximum). Les parents soutiennent particulièrement les études de leurs enfants et participent généreusement à l'amélioration des conditions matérielles. Ces écoles, proches et bien équipées, offrent ainsi de bonnes conditions de travail : effectifs raisonnables (trente ou quarante élèves), groupes homogènes, salles avec vidéo...

Ces écoles font cependant figure d'exception. La concentration des écoles dans les grandes villes et l'attrait qu'elles exercent alentour, entraînent des effets pervers dus aux sureffectifs, d'une part, et aux temps de trajet, d'autre part. En raison des surcharges en effectifs, certains établissements primaires sont obligés de séparer leurs plus jeunes élèves en deux groupes et de dispenser un enseignement en alternance, la place dans les locaux étant encore insuffisante.

Les élèves et surtout les étudiants habitant loin des établissements, subissent un surcroît de fatigue due aux transports longs et pénibles. La majorité d'entre eux perd deux heures en moyenne dans les trajets aller retour ; ils arrivent fatigués au cours, après avoir subi la bousculade, le bruit et les embouteillages. En effet, la croissance économique fulgurante, largement fondée sur les initiatives privées, a négligé le développement parallèle des infrastructures. C'est le cas notamment du réseau routier et des voies urbaines, qui ne peuvent supporter l'accroissement trop rapide des automobiles, plus de 6 millions en 1993. Il en est de même pour les transports collectifs urbains, qui n'ont pas suivi le développement exponentiel et anarchique des villes.

On observe, depuis quelques années, un changement en réaction contre ces inconvénients. De plus en plus de Coréens souhaitent s'éloigner des villes surpeuplées pour s'installer à l'écart, dans un environnement plus favorable à la qualité de vie. Cette extension des zones urbaines en direction des proches campagnes pourrait favoriser une répartition plus équilibrée des écoles sur l'ensemble du territoire avec, pour conséquence, des classes moins chargées et une meilleure qualité d'enseignement.

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