VII. PRÉSENTATION ET BILAN DE L'ACTION LINGUISTIQUE ET CULTURELLE DE LA FRANCE EN CORÉE

D'emblée, les relations historiques entre la France et la Corée ont eu un contenu culturel, ce qui donne à la France une place particulière, différente des autres pays occidentaux.

L'enseignement du français a été généralisé dans les lycées et les universités au lendemain de la capitulation japonaise. L'impulsion du gouvernement français au travers du BCLE, du Centre Culturel Français et de l'aide fournie à l'Alliance Française, dès 1964, a été déterminante pour la diffusion de la langue-culture française.

L'action linguistique et culturelle de la France dépend du Service culturel scientifique et technique de l'Ambassade de France. Il est dirigé par le conseiller culturel et son adjoint, attaché culturel.

Son objectif premier est de maintenir une " belle " position du français dans le milieu institutionnel, malgré le statut marginal de cette langue dans la société coréenne. Son action, longtemps cantonnée dans les domaines linguistique et culturel, s'est élargie et diversifiée aux secteurs scientifiques et techniques.

Le conseiller culturel propose à son ministère l'allocation des différentes aides et subventions à partir d'une " enveloppe globale " . Il gère le budget annuel, une fois celui-ci décidé. Il exerce son autorité sur les trois entités qui concourent à l'action linguistique et culturelle : le BCLE pour les enseignants, le Centre Culturel Français pour les activités culturelles et l'Alliance Française pour les enseignés. Les deux premières sont d'origine publique et dépendent directement de l'Ambassade de France. La dernière concilie initiative locale et aide publique.

A. LE BCLE OU BUREAU DE COOPÉRATION LINGUISTIQUE ET ÉDUCATIVE

Son responsable, attaché linguistique, est chargé de promouvoir la langue-culture française dans le pays d'accueil. Pour la Corée, cette tâche est réalisée essentiellement auprès des lycées et des universités.

Le BCLE s'occupe de la formation continue des enseignants et organise des stages. Il s'adresse directement aux associations des professeurs de lycée et d'université pour envoyer, chaque année, un certain nombre d'enseignants en France. La logistique est assurée après concertation.

Au sein des universités, le bureau entretient des rapports avec les lecteurs qui peuvent recevoir des conseils et obtenir un soutien logistique (matériel didactique, support audiovisuel, aide à l'organisation de festival théâtral, de concours de chansons, de conférences...). Certains lecteurs sont des coopérants du service national (C.S.N.), directement rémunérés par le gouvernement français. Cette aide concerne également les échanges de professeurs, ou l'offre de séjours en France à des membres du Ministère de l'Education pour les sensibiliser à la langue-culture française.

A ce titre, le BCLE accorde trois types de bourses :

- bourses de longue durée de trois à quatre ans, réservées aux cadres universitaires qui souhaitent effectuer leur recherche doctorale en France, notamment dans les domaines scientique, technique et médical. Ces bourses qui atteignirent environ le nombre de quatre-vingt dans les années 75-78, tournent maintenant autour d'une vingtaine chaque année.

Les bourses destinées aux chercheurs littéraires et didactiques sont récentes et beaucoup moins nombreuses. Pour l'année 1991-1992, dix-huit personnes en ont bénéficié dans les domaines suivants : littérature (4), français langue étrangère (4), français de spécialité (3), terminologie/lexicologie (3), traduction (2), linguistique (2).

Le nombre de bourses offertes varie d'une année à l'autre : en 1993, aucune offre n'a été attribuée au FLE ni à la lexicologie. Cette offre est préparée en liaison avec le Ministère de l'Education coréen et exprime donc les souhaits de ce dernier. La disproportion entre les bourses réservées aux scientifiques et celles destinées à la langue-culture française met en évidence l'état d'esprit des dirigeants coréens et aussi des diplomates français, qui ne considèrent pas la langue comme une fin en soi, mais comme un moyen d'accéder à d'autres disciplines ;

- bourses de stage , attribuées aux professeurs de lycée (vingt personnes chaque été pendant six semaines) et aux professeurs d'université. Depuis 1989, quinze universitaires coréens participent au stage d'été dans une ville différente, chaque année. Ils peuvent également suivre des stages de longue durée, pendant un an ;

- bourses de vacances , dénommées " connaissance de la France ", réservées aux étudiants ou même aux lycéens qui souhaitent se rendre en France pour se perfectionner en langue sur place. L'information est diffusée par le BCLE, dans l'ensemble des facultés et dans les Alliances Françaises. Les candidats sont sélectionnés par leurs professeurs. Les lycéens doivent réussir le concours de français, organisé par l'Ambassade de France. La durée du séjour est limitée, de deux à trois semaines. Le stage sur place est pris en charge, mais le déplacement est aux frais des élèves.

Dans son souhait d'élargir l'action linguistique et culturelle, le BCLE a fait évoluer sa politique d'allocation de bourses. Il considère que la diffusion du français ne doit pas être limitée au domaine littéraire enseigné en faculté, mais aussi élargie à d'autres secteurs d'activités où l'apprentissage de la langue peut être utile : journalisme, édition, médecine, sciences et technologie.

Au départ, la distribution de bourses était massivement réservée au domaine du français " pur " 51 . Malgré la sélection des candidats qui pouvaient présenter " les projets les plus solides et les plus poussés " 52 , la plupart n'arrivaient pas à achever leur recherche en deux ou trois ans et demandaient systématiquement une prolongation. Ces retards bloquaient petit à petit la marge de sécurité du budget, finissant par remettre en question l'intérêt des bourses elles-mêmes.

La question était de savoir comment satisfaire à la fois l'intérêt de Séoul et celui de Paris. A l'initiative du Service culturel et des représentants coréens des instituts scientifiques, une association a été créée en 1984, dans le but de faire la jonction entre la recherche scientifique et la formation en langue française. Pour optimiser les résultats, tous les moyens ont été mis en oeuvre. Pourtant, cela n'a pas toujours débouché sur " ce que les uns et les autres souhaitaient " 53 . Le projet est resté en sommeil de 1988 à 1992

Le problème qui se pose à l'heure actuelle est la sélection des candidats. Entre un bon linguiste et un bon professionnel, la priorité va vers celui-ci. La libéralisation des quotas de bourses nécessite encore plus l'envoi de meilleurs chercheurs coréens en France, non seulement pour faire fructifier les échanges, mais surtout pour assurer un avenir prometteur au statut du français en Corée.

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51
Selon un ancien attaché culturel à l'Ambassade de France à Séoul.

52 Idem.

53 Selon un ancien conseiller culturel à l'Ambassade de France à Séoul.

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