Actes colloque Moyen-Orient



Quelles priorités pour un développement durable ?

Jean-Pierre FAVENNEC
Économiste, Institut Français du Pétrole (IFP)

La consommation d'énergie repose à 80 % sur l'énergie fossile (charbon, pétrole et gaz). Le pétrole représente 30 à 35 % de la demande d'énergie et le gaz 20 à 25 %.

Les pays du Moyen-Orient, qui constituent un centre majeur d'exportation pétrolière, s'inquiètent de savoir si la demande de pétrole va se maintenir. Le Moyen-Orient abrite 60 % des réserves de pétrole mondiales et fournit 30 % de la production. Les principaux pays producteurs sont l'Arabie Saoudite, l'Iran, les Émirats Arabes Unis, le Koweït et l'Irak. S'agissant du gaz, il existe d'importantes réserves en Iran et au Qatar. Le Qatar constitue l'une des principales sources de GNL dans le monde. L'Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats Arabes Unis produisent du gaz mais à destination de leur consommation nationale.

Toutes les prévisions s'accordent pour dire que la consommation d'énergie fossile va rester importante, voire va même augmenter. D'après les experts, il faudrait réduire de 50 % les émissions de CO 2 . Or les énergies fossiles constituent la principale source de CO 2 mesurable.

Pour le Moyen-Orient, le problème du changement climatique sera plus important que celui des réserves. Lorsque le Président des Etats-Unis déclare qu'il faut réduire la consommation de pétrole, les dirigeants du Golfe hésitent à construire massivement de nouvelles capacités de production.

La diversification des économies des pays de la région est en cours. Nombre d'entre eux envisagent de recourir à l'énergie nucléaire, qui constitue une source d'énergie relativement sûre. Les énergies renouvelables au Moyen-Orient concernent l'éolien et le solaire. Le projet Masdar de cité sans carbone est pour le moment encore assez confidentiel.

Il existe des opportunités pour les entreprises françaises dans le domaine des services, du pétrole et du gaz, même si l'Arabie Saoudite et le Koweït restent encore très fermés.

Éric GHEBALI,
Directeur du Développement International, Suez Environnement

La situation de l'eau au Moyen-Orient est critique. La population, nombreuse et très urbanisée, vit dans une situation de pénurie d'eau. Les ressources en eau douce sont nettement insuffisantes et ces pays doivent recourir au dessalement d'eau de mer. Ces cinq dernières années, 61 % des projets de dessalement ont pris place dans cette région du monde. Par ailleurs, la gestion des réseaux est mauvaise. Les réseaux ne sont pas entretenus et occasionnent 50 % de pertes physiques ou commerciales.

La demande ne cesse d'augmenter. L'eau dessalée a augmenté de 6 %, contre 3 % en moyenne dans le monde. De nombreux projets vont donc voir le jour. La région semble avoir pris conscience qu'il ne servait à rien de produire toujours davantage d'eau si celle-ci était gaspillée. L'eau est quasiment gratuite dans la région, sauf à Oman. Facturer l'eau à la population relève d'un processus lent.

Dans ce domaine, la France dispose d'une expérience unique très demandée. Les deux plus grandes entreprises de l'eau sont françaises et elles ont peu de concurrents sérieux. Beaucoup de fonds souverains s'adossent aux entreprises françaises.

Les PME françaises peuvent trouver des opportunités. Il existe beaucoup de sous-contractants et les perspectives de modernisation des réseaux sont considérables.