Table ronde

Pr Mc CONNELL (Directeur de recherche de médecine vétérinaire à l'université de Cambridge, Membre du Spongiform encephalopathy advisory committee) .- Au Royaume-Uni, il y a eu une tragédie énorme dans la santé animale et chez l'homme. Il y a plusieurs années de cela, j'ai décrit la crise de l'ESB au Royaume-Uni comme une sorte de Tchernobyl de la santé animale, comme l'accident nucléaire russe. Les conséquences se prolongeront encore pendant plusieurs années.

La France n'est pas un deuxième Tchernobyl.

Les chiffres pour l'épidémie en Angleterre méritent d'être examinés. L'apparition et l'épidémie en Grande-Bretagne, au cours de ses années d'existence, a causé 180 000 cas d'ESB. La France en a connu 176. Le nombre de cas que vous connaissez est en fait plus bas que ce que l'on trouve au Portugal et inférieur au nombre de cas constatés en Suisse.

La chose à bien comprendre, c'est que la France, tout au moins concernant l'ESB, n'est pas du tout au même niveau que la Grande-Bretagne. Vous êtes bien plus forts que nous, comme pour le foot !

L'enquête publique a coûté à la Grande-Bretagne 15 M. La France peut tirer des enseignements importants des conclusions de cette enquête.

Il n'y a pas de place pour le secret parmi les gouvernements ou pouvoirs publics qui traitent de l'ESB. L'ouverture et la transparence sont importantes, et si l'on ne connaît pas la réponse à un problème particulier, il est préférable, du point de vue de l'opinion publique, de l'avouer. Ainsi, le consommateur pourra prendre une décision.

Au Royaume-Uni, il y a eu beaucoup d'autosatisfaction car on avait le sentiment que l'ESB était une ancienne maladie du mouton présente chez les bovins et, au fur et à mesure que les preuves sont ressorties, il a été constaté que c'était une maladie de bovins qui trouvait ses origines chez les bovins, sans doute au début des années soixante-dix.

L'enquête sur l'ESB a identifié 3 vagues d'infection : une période de 1970 à 1971 qui a produit quelque cas servant à des sources de farines animales provoquant une petite épidémie en période 1975 à 1976. Ces quelques cas ont provoqué un nouveau cycle d'infection et ont abouti à une centaine de cas en 1981. Enfin, ces cas sont passés par la chaîne alimentaire et ont provoqué l'épidémie de 1986.

L'autre leçon qui ressort de l'enquête sur l'ESB est que la protection de la santé publique est primordiale. Des interdictions draconiennes imposées par les pouvoirs publics sont en place au Royaume-Uni depuis les années quatre-vingt dix. Je vous en donne quelques exemples.

Voici la courbe correspondant à l'ESB au Royaume-Uni. Etant donné que nous n'avions pas de procédures en place avant 1985, 54 000 cas d'ESB pré-cliniques sont entrés dans la chaîne alimentaire.

Au moment où l'on a interdit l'utilisation des farines animales, environ un demi-million de cas pré-cliniques d'ESB sont arrivés dans la chaîne alimentaire. La France est très très loin de ces chiffres.

On se pose ensuite la question de savoir quelle est l'origine du problème de l'ESB en France. Il est clair que la crise d'ESB en France dans les faibles nombres de cas présents (176) trouve ses origines dans les farines animales importées sur le territoire en 1990.

L'interdiction sur les protéines animales pour ruminants est en place depuis 1990. Si la source est bien les farines animales importées sur le territoire, vous avez un dispositif par lequel les farines animales ne sont plus données comme aliments aux bovins, autrement dit vous n'amplifiez pas la maladie, la possibilité d'infection a été étouffée et la probabilité de voir en France une épidémie de cette proportion me paraîtrait peu probable.

Si l'on disait que la France a une autre forme d'ESB non liée aux farines animales, là aussi, ce serait l'argument dit du deuxième Tchernobyl, autrement dit un événement rare se produisant à deux reprises dans des pays peu éloignés. Il s'agit d'un événement tellement rare !

Il est vrai que des choses épouvantables peuvent se produire mais les origines se trouvent plutôt dans les farines animales que dans une nouvelle souche d'ESB.

L'autre remarque que je ferai porte sur les pratiques que vous souhaitez mettre en place. Il y avait 3 textes très importants : tout d'abord, l'interdiction sur les farines animales, ensuite toutes les parties de bovins extraites de la chaîne alimentaire et la règle des plus de 30 mois.

La règle des plus de 30 mois signifie qu'aucun bovin de plus de 30 mois n'entre dans la chaîne alimentaire. La raison est la crainte liée au nombre de cas pré-cliniques d'ESB, en période d'incubation de la maladie c'est-à-dire sans les signes cliniques.

Le ratio de cas pré-cliniques aux cas cliniques est un chiffre difficile à déterminer mais une bonne estimation est possible. Pour chaque cas d'ESB, il pourrait y avoir 25 à 50 cas pré-cliniques.

Autrement dit, si vous avez eu 176 cas cliniques au cours des huit dernières années, cela pourrait se traduire par 23 000 cas pré-cliniques qui auraient pu entrer dans la chaîne alimentaire. Cela doit être comparé aux chiffres britanniques.

En France, l'incidence est de 2,7 cas d'ESB par million de bovins ; 100 cas par million de bovins est un taux élevé et, au Royaume-Uni, au pic de l'épidémie, il y avait 3 700 cas par million de bovins. Vous comprenez pourquoi je dis que la France n'est pas le Royaume-Uni.

S'agissant des cas de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, il y en a eu 85 au Royaume-Uni contre 3 chez vous mais je crois savoir qu'un de ces cas concernait une personne qui faisait de la culture physique et s'injectait des protéines de bovins pour améliorer ses performances.

Un choix important qui n'a pas été fait au Royaume-Uni était d'abattre tout le troupeau lorsqu'un cas apparaissait. C'est une mesure très dure, il y a 37 000 exploitations agricoles au Royaume-Uni. C'est la politique en France, elle est tout à fait judicieuse.

Vous n'avez pas le dispositif pour les bovins de plus de 30 mois. Votre Assemblée nationale, vos scientifiques et vos pouvoirs publics souhaiteraient peut-être l'envisager ; c'est un dispositif législatif coûteux mais du fait qu'une vache portant la maladie signifie entre 25 et 50 cas pré-cliniques, vous devriez peut-être l'envisager. Le fait que vous abattiez des troupeaux entiers quand vous découvrez un cas traite en grande partie de l'ESB.

En Grande-Bretagne, des troupeaux avec plus de 4 vaches atteintes de la maladie étaient responsables pour environ 79 % de l'ensemble des cas. Cette politique d'abattage d'un troupeau doit être pesée par rapport à la question du dispositif des plus de 30 mois. En Grande-Bretagne, environ 35 000 exploitations agricoles avaient un cas ou plus.

Je pense avoir posé le point de vue du Royaume-Uni, vous pouvez donc apprendre de nos erreurs, en tirer les enseignements, nous en avons commis beaucoup et vous avez beaucoup à apprendre.

M. REVOL.- Merci de ces propos qui nous rassurent beaucoup. Je demande à mes collègues parlementaires s'ils ont des questions.

M. BATAILLE .- Je veux féliciter le Professeur Mc CONNELL pour la franchise de son propos et notamment la manière dont il vient, sans appel, d'approuver l'abattage de la totalité du troupeau qui est pratiqué chez nous mais qui est un sujet de polémique.

Si j'ai bien entendu ce que vous dites, nous devons persévérer dans cette voie de l'abattage d'un troupeau quand une bête est contaminée. Avez-vous connaissance des politiques pratiquées par les autres pays européens ? Y a-t-il des pays qui, comme la France, pratiquent l'abattage systématique des troupeaux ou sommes-nous les seuls à avoir mis en oeuvre cette politique en Europe ?

Pr Mc CONNELL .- En Irlande, ils ont abattu tous les bovins puis les ont envoyés à l'usine de fabrication de viande. Cela paraît une bonne politique mais il faut se poser la question de savoir où vont les bovins.

Au cours de l'enquête sur l'ESB en Angleterre, des données indiquaient que si le Royaume-Uni avait adopté une politique d'abattage de troupeaux entiers, cette courbe aurait été 10 % moins importante.

C'est une politique très dure car si une ferme achète un veau qui sera le seul à porter l'ESB, quand il aura 3 ou 4 ans, il faudra abattre le troupeau entier en raison de l'importation de cette seule vache.

C'est très dur pour les fermes et si nous avions appliqué cette politique au Royaume-Uni, nous aurions assisté à l'effondrement total de notre industrie laitière.

Les hommes politiques se sont posés la question. J'appelle cela la question dite " Margaret THATCHER ". Lorsqu'on se battait dans les îles malouines, Margaret THATCHER demandait combien de vies valaient les îles malouines. Quelqu'un a peut-être posé la question, Madame THATCHER l'a peut-être fait : combien de vies vaut l'industrie laitière ?

Par ailleurs, cela aurait peut-être décimé la filière laitière britannique. La question est donc erronée.

Si j'avais été le responsable vétérinaire, j'aurais démissionné, j'aurais abattu tous les troupeaux puisque nous sommes confrontés à une maladie avec une très longue période d'incubation.

D'autres pays abattent des troupeaux entiers. En Grande-Bretagne, nous avons survécu à la crise, aucun bovin de moins de 2 ans et très certainement de 3 ans ne porte la maladie. Bien que le Royaume-Uni ait encore 1 000 cas, ils touchent des bêtes plus anciennes.

M. LE DEAUT .- Monsieur le Professeur, vous venez de nous indiquer des chiffres qui paraissent très importants : 54 000 cas pré-cliniques avant 1985 et 500 000 avant que ne soient prises un certain nombre de décisions. Cela signifie que pratiquement la totalité des Anglais et de ceux qui ont mangé de la viande anglaise ont mangé des cas pré-cliniques. Nous parlerons de cette question cet après-midi quand nous aborderons la transmission à l'homme mais confirmez-vous ces chiffres, le fait que tout le monde en ait mangé ?

Ce sont des risques pris il y a un certain nombre d'années dans nos pays européens et particulièrement en Grande-Bretagne ; aujourd'hui, avec les mesures prises, il y aurait moins de risques.

Par ailleurs, vous venez de dire qu'on avait abattu tous les bovins de plus de 30 mois, qu'en avez-vous fait ? Ont-ils tous été incinérés ? Reste-t-il des farines animales non incinérées stockées et y a-t-il danger au niveau de l'épidémie ?

Enfin, sur l'abattage systématique du troupeau, pensez-vous qu'il faudra maintenir la nécessité d'abattre systématiquement si un test fiable est mis au point ?

Pr Mc CONNELL .- Pour répondre à votre première question, malheureusement, la réponse est oui : 500 000 cas sont entrés dans la chaîne alimentaire de l'homme à un moment où il y avait environ 8 000 à 10 000 cas d'ESB. L'infection a commencé en 1970 et, en 1990, l'épidémie était en progression depuis environ 15 ans.

En France, si l'on attribue l'origine aux farines animales britanniques, avec les interdictions mises en place, nous n'assistons pas au niveau d'ESB constaté au Royaume-Uni avant de prendre des mesures.

Faut-il maintenir cette politique d'abattage ? C'est un peu comme notre règle pour les plus de 30 mois. Nous n'allons pas changer la règle pour les plus de 30 mois ou l'interdiction des farines animales. Il est clair que l'interdiction des farines animales existera à jamais car ce qui amplifie la fréquence des maladies à prions est le cannibalisme.

S'agissant de cette politique d'abattage de troupeaux, jusqu'à ce que vous n'ayez plus de cas d'ESB, elle sera nécessaire.

M. LE DEAUT .- Qu'avez-vous fait des bovins de plus de 30 mois ? Ont-il tous été incinérés ? Reste-t-il des farines stockées ? Y a-t-il danger dans ce cas ?

Pr Mc CONNELL .- Non, il y a eu 4 500 000 bovins abattus selon la règle des plus de 30 mois, ce qui a donné lieu à 400 000 tonnes de farines animales, 600 000 de suif, et une montagne de viande morte contrôlée strictement sur des sites désignés. Il est prévu que cette montagne soit incinérée au cours des 3 à 4 années à venir. La capacité maximale d'incinération pour cette montagne de viande morte est de l'ordre de 50 000 à 80 000 tonnes par an.

Autrement dit, ces bovins n'entrent pas du tout dans la chaîne alimentaire, c'est interdit. Le dispositif coûte 1,5 milliard de livres par an en indemnisation. Les bovins sont abattus et le fermier indemnisé pour les plus de 30 mois.

C'est une question dont vous devez débattre. C'est une mesure très rassurante pour ce qui est de la santé publique car vous pouvez affirmer qu'aucun cas pré-clinique n'entre dans la chaîne alimentaire.

Vous avez parlé de l'incidence des cas pré-cliniques. Nous avons un système en place au Royaume-Uni, que vous avez en France je crois, qui est de tester post-mortem les cervelles des bêtes affectées afin de rechercher des changements spongiformes. Nous avons ce système également.

Les résultats indiquent 5 % pour les bêtes de plus de 2 ans. C'est encore un chiffre assez élevé. Je ne sais pas quel est le chiffre pour la France.

M. LENOIR .- Quand vous parlez des responsabilités britanniques, la question se pose de savoir s'il y a dans le processus de fabrication des farines animales des responsables au niveau public ou industriel qui ont pris la responsabilité de produire des farines animales à des normes qui comportaient des risques.

Est-ce que les normes qui s'appliquaient à la Grande-Bretagne lui étaient propres ? Avaient-elles fait l'objet d'une évaluation ?

Est-ce que l'on peut parler de pratiques qui relevaient de la responsabilité de certains industriels ?

Autrement dit, est-ce que dans le dispositif industriel britannique on peut désigner certains responsables, notamment est-il exact que les troupeaux contaminés sont rassemblés plutôt dans la partie sud de la Grande-Bretagne et qu'on trouverait peu de cas dans la partie nord, ce qui laisserait entendre que certaines industries produisant des farines animales seraient plus responsables que d'autres de l'origine du problème ?

Pr Mc CONNELL .- Je ne suis pas expert des normes de la production des farines animales au Royaume-Uni, je parlerai à titre personnel.

Lorsque l'interdiction des farines a été introduite, elle n'a pas eu beaucoup d'effet sur l'incidence de la maladie. En 1988, les farines ont été interdites mais l'épidémie a continué. L'une des raisons est que la prohibition des farines n'a pas été totale, les agriculteurs continuaient à utiliser les farines qu'ils avaient en stock et les fabriques n'ont pas complètement nettoyé leurs systèmes.

Il n'y a pas eu ce rappel de produits très rapide comme dans l'industrie automobile. Ce n'est qu'en 1996 qu'on a pu être certain que les farines carnées n'étaient plus données au bétail parce que devenues illégales au début des années quatre-vingt dix. Il est devenu illégal d'avoir des farines animales mais il y a eu un retard.

Les processus de production étaient relativement sûrs dans la mesure où maintenant on utilise d'autres systèmes d'alimentation, mais il y a eu un certain retard. Quand on fait ce rappel de farines carnées, il faut s'assurer que c'est un couperet, même si cela signifie détruire pour les industries.

Quelle est votre deuxième question ?

M. LENOIR .- Est-ce que certains industriels britanniques ont porté une responsabilité plus marquante que d'autres ?

Il a été dit que les troupeaux contaminés se trouvaient plus dans la partie sud de Grande-Bretagne compte tenu de la présence de certaines entreprises de fabrication de farines animales plus importante que dans la partie nord.

Pr Mc CONNELL .- Au Royaume-Uni, il n'y a que 5 à 6 centres importants de production. La raison pour laquelle la maladie était prévalente dans le sud-ouest provenait du fait que c'était là où se trouvaient les troupeaux de vaches laitières. 79 % de cas d'ESB étaient dans les troupeaux de vaches laitières.

Dans mon pays, en Ecosse, ce sont principalement des troupeaux pour la viande et les cas d'ESB dans les troupeaux destinés à la viande venaient du fait que des veaux avaient été remplacés.

Il y a peut-être des gens en situation illégale mais d'autres ont appliqué nos lois partout. Il n'y a rien de spécifique aux agriculteurs, ils sont comme les banquiers, comme les autres, il y a toujours des gens qui ne respectent pas les lois.

Dans le cas de l'ESB, les sanctions sont très graves si les agriculteurs ont des stocks de farines carnées alors qu'ils ne devraient pas en avoir.

Pr ELOIT (Professeur de virologie à l'Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort) .- Je serai très bref dans la mesure où on nous a demandé de faire un exposé introductif de nos travaux de recherche. Je suis responsable d'un laboratoire de génétique des virus et, comme nous travaillons sur le rôle de la Prp dans certains phénomènes de neuro-invasion, je ne pense pas que ce soit de nature à passionner l'assistance.

Corinne LASMEZAS a préparé une série de transparents magnifiques sur les aspects transmission de l'ESB, je me propose de lui laisser la parole. S'il fallait compléter, je la reprendrais.

Mme LASMEZAS (Service de neurovirologie de la direction des science du vivant du CEA) .- Je vais tenter de vous dresser un tableau récapitulatif succinct de ce que l'on sait à l'heure actuelle sur la transmission de l'ESB à l'animal.

L'épidémie de l'ESB en Grande-Bretagne a débuté par la contamination de farines d'os et de viande à partir de cadavres de ruminants. Ensuite, le passage dans ces farines des déchets des premiers bovins infectés par l'agent de l'ESB et le recyclage ont été à l'origine de l'épidémie en Grande-Bretagne et des cas dénombrés dans d'autres pays européens.

L'ESB a également contaminé accidentellement des antilopes et d'autres ruminants sauvages dans des zoos britanniques, ainsi qu'un certain nombre de carnivores tels que des lions, des tigres, des pumas, des guépards dans des zoos britanniques, ainsi que le chat domestique, ce qui avait soulevé une première vague d'inquiétude dès 1990 en Grande-Bretagne. C'était la première fois que des chats domestiques étaient atteints d'une encéphalopathie spongiforme transmissible.

Sur le plan expérimental, la transmission de l'ESB a été tentée à d'autres animaux de rente qui avaient également été exposés aux farines potentiellement contaminées, à savoir le porc et le poulet. Les transmissions ont été tentées par voie alimentaire et parentérale intracérébrale principalement. La seule transmission qui ait réussi était la voie intracérébrale dans le cas du porc.

S'agissant de la voie alimentaire, l'ESB n'a pu être transmise ni au proc ni au poulet. Je vais revenir sur la transmission aux autres espèces.

Un gramme de cerveau de bovin infecté suffit à infecter une vache par voie alimentaire. Elle développe alors la maladie selon une durée moyenne de 5 ans et demi.

Une autre étude conduite visait à déterminer les organes infectieux chez le bovin tout au long de la maladie, depuis le moment où il se contaminait en ingérant du matériel contaminé jusqu'au moment où il tombait malade.

Pour ce faire, l'expérience a débuté par la contamination de petits veaux avec 100 grammes de bovin infecté. Ces veaux ont été sacrifiés au cours du temps, leurs organes ont été prélevés et testés pour leur infectiosité par inoculation à la souris qui est le seul moyen actuellement de détecter directement la présence de l'agent infectieux.

Les tissus infectieux trouvés ont été le système nerveux central, le cerveau, la moelle épinière, les ganglions rachidiens, et ce dans les stades tardifs de la maladie à partir de 32 mois, tous les animaux étant morts 40 mois après la contamination.

Le deuxième type d'organe trouvé infectieux est l'iléon, c'est-à-dire une petite partie de l'intestin grêle riche en cellules du système immunitaire, qui constitue donc la première barrière du système immunitaire après une infection par voie alimentaire. Cet iléon a été trouvé positif très tôt dans la maladie, six mois après la contamination.

Cependant, rappelons-nous qu'il s'agissait d'une injection par une dose très importante d'agent infectieux concentrée dans l'intestin. Dans les cas d'ESB naturelle, en phase clinique, sur les trois cas étudiés, aucun ne présentait d'infectiosité dans l'intestin, elle n'a été retrouvée que dans le système nerveux central, c'est-à-dire le cerveau et la moelle épinière.

Une question cruciale est de savoir ce qu'il en est de la présence possible d'infectiosité dans le lait. Une expérience a été menée en Grande-Bretagne qui a consisté à prélever 10 litres de lait provenant de vaches atteintes d'ESB à différents stades de la lactation et de mener un essai biologique chez la souris par administration par voie orale, à raison de 10 ml par souris par jour pendant 40 jours, ce qui équivaudrait à la consommation d'un demi-litre par jour pendant 7 ans pour un homme de 70 kilos. Aucune des souris inoculées n'a présenté de signes neurologiques.

L'ESB est également transmissible au mouton. 0,5 gramme de cerveau de bovin infecté suffit pour transmettre la maladie au mouton. Que ce soit après transmission par voie intracérébrale ou par voie alimentaire, dans les deux cas, de l'infectiosité est retrouvée à la fois dans le cerveau et dans la rate, ce qui n'était pas le cas chez les bovins. Ceci montre clairement qu'il existe une différence de répartition de l'infectiosité, qu'il s'agisse du bovin ou du mouton, avec une distribution plus large de l'infectiosité chez le mouton.

C'est ce qui a conduit les scientifiques à se poser la question d'une présence de l'agent infectieux dans le sang puisque présence d'infectiosité en périphérie signifie re-circulation de l'agent infectieux dans la circulation sanguine. Effectivement, il a été démontré récemment que l'ESB est transmissible par transfusion sanguine chez le mouton à partir de moutons nourris avec du cerveau de bovins infectés.

L'ESB se transmet également à la souris. Ceci est une photographie prise au laboratoire sur une souris que nous avions inoculée et qui est tombée malade 500 jours après l'inoculation. Il s'agit d'une souris relativement âgée. Vous constatez sa posture anormale, recroquevillée et voûtée.

Dans le cerveau de ces souris, on retrouve les lésions typiques de spongiose, c'est-à-dire des trous dans le cerveau, avec des neurones noirs qui meurent et la présence de la protéine du prion pathologique qui peut servir de marqueur de l'infectiosité.

Nous avons utilisé ce modèle de transmission de l'agent de l'ESB à la souris pour tenter de déterminer les voies exactes empruntées par l'agent infectieux après qu'il ait été ingéré. Pour ce faire, le protocole expérimental comportait l'administration d'un broyat de cerveaux infectés à des souris à l'aide de biberons, et de sacrifice régulier des souris au cours du temps jusqu'à la phase clinique de la maladie qui survenait très tardivement (370 à 410 jours).

A chaque sacrifice, 22 échantillons étaient prélevés et une recherche de protéine du prion pathologique, marqueur de l'infectiosité, était réalisée.

Dès un mois et demi après l'infection, vous pouvez constater la présence de la protéine du prion pathologique dans les plaques de Prayer qui sont ces fameuses formations lymphoïdes présentes dans l'iléon, donc dans une petite partie de l'intestin grêle, et dans des ganglions lymphatiques associés au tube digestif.

Deux mois après l'infection, il y a augmentation de la quantité de cette protéine du prion pathologique dans ces organes, ce qui montre que l'agent infectieux s'est multiplié dans ces formations lymphoïdes et dans les ganglions lymphatiques associés au tube digestif. Il n'y avait présence de cette protéine de prion nulle part ailleurs.

Ce schéma vous résume la séquence d'apparition du prion pathologique dans les différents organes au cours du temps. Pour résumer, il y a d'abord les ganglions lymphatiques, et les plaques de Prayer, organes lymphatiques associés au tube digestif, puis plus tardivement les autres organes lymphatiques, ce qui implique entre les deux étapes une re-circulation de l'agent infectieux par le sang. Le système nerveux central (moelle épinière, cerveau) est infecté très tardivement.

Une différence majeure a été notée entre deux modèles que nous avons utilisés, celui de l'ESB et celui de la tremblante : la présence de protéine du prion pathologique tout le long du tube digestif dans le cas de la tremblante uniquement, depuis l'estomac jusqu'au gros intestin. Nous constatons l'absence de prion pathologique dans le cas de l'ESB, il n'est localisé que dans les plaques de Prayer donc dans les formations lymphoïdes.

Cependant, la quantité de protéine du prion pathologique dans l'intestin, dans ses formations périphériques, est moindre que celle présente dans le système nerveux central, à peu près 1/50 ème . C'est une donnée importante.

Nous avons également transmis l'ESB au primate. Le primate constitue le meilleur modèle permettant une estimation du risque que représente l'ESB pour l'espèce humaine. Nous avons utilisé le macaque qui est un singe de l'ancien monde, qui est donc génétiquement l'une des espèces les plus proches de l'homme que l'on puisse utiliser à des fins expérimentales.

Ceci nous a permis, dès 1996, c'est-à-dire lors de l'annonce de 10 cas d'une nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob au Royaume-Uni, chez des patients qui tous étaient jeunes, qui tous présentaient une même symptomatologie et des lésions cérébrales identiques et particulières que l'on a appelées les plaques florides, de constater que les lésions retrouvées dans le cerveau de singes inoculés expérimentalement avec l'agent de l'ESB étaient strictement identiques à celles retrouvées dans le cerveau des patients atteints du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Ces plaques florides ont un centre très dense, entouré de vacuoles, qui leur donne un aspect en marguerite. Les dépôts de protéine du prion étaient également strictement identiques dans ces deux maladies. C'était le premier argument expérimental permettant de montrer qu'il existe un lien entre l'ESB et le nouveau variant de cette maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'homme.

Cette hypothèse a été étayée depuis par un certain nombre d'autres arguments au niveau biochimique. Les protéines du prion, de l'ESB et du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob sont identiques et différentes de la protéine du prion que l'on trouve dans la tremblante. Vous observez une différence de migration dans un gel d'électrophorèse.

Nous avons également pu transmettre la maladie chez la souris à partir de macaques infectés par l'ESB, à partir de vaches infectées par l'ESB et à partir de patients atteints du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Nous constatons que l'agent de l'ESB et l'agent responsable du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob présentent le même tropisme chez la souris, les lésions se trouvent dans les mêmes endroits, ce qui prouve que l'agent infectieux est le même.

Vous voyez ici un exemple dans le bulbe d'une vacuolisation dans le cas de l'ESB et du nouveau variant alors qu'il n'y a rien dans le cas de la tremblante. Si l'on s'amuse à compter le nombre de trous dans tout le cerveau, on peut dresser, en fonction des zones cérébrales, des courbes.

La courbe créée par l'ESB et celle du nouveau variant sont identiques. En revanche, une courbe de tremblante est très différente.

Nous avons actuellement la preuve expérimentale que l'agent de l'ESB a bien contaminé l'espèce humaine.

Je vous remercie.

M. REVOL.- Merci madame pour la qualité de votre pédagogie, c'est d'une clarté remarquable, même pour des non-scientifiques.

Pr ELOIT .- Je voudrais insister sur 2 ou 3 points, sur les aspects chronologiques qui ne sont pas toujours évidents pour les personnes qui s'intéressent à l'ESB.

Les cas que nous voyons actuellement, pour l'essentiel, ont été contaminés en 1994-95 par des farines. Depuis 1996, en principe, ces farines destinées à d'autres espèces animales que les bovins sont fabriquées avec des aliments consommables pour l'homme. Par ailleurs, elles sont thermisées depuis 1998.

Gardons en tête que les cas que nous observons sont de contamination relativement ancienne, et que l'efficacité à partir de 1996 et de 1998 de la sécurisation des farines n'est ni démontrée ni infirmée.

Par rapport à ce qu'a dit Corinne LASMEZAS sur la dissémination du prion dans l'organisme des bovins, il faut rappeler que deux types de tissus sont enlevés de la consommation humaine : un premier type où l'on a mis en évidence, de manière indubitable, une infectiosité, c'est-à-dire le système nerveux central, et une petite partie de l'intestin que l'on appelle l'iléon. Toutes les autres parties enlevées, c'est-à-dire le reste de l'intestin, le thymus, les amygdales ne le sont que par précaution par rapport à ce que l'on imagine être la physiopathologie de l'infection, sans que l'on n'ait jamais, dans le modèle bovin, mis en évidence la moindre infectiosité dans ces tissus.

Enfin, contrairement à ce que je viens de dire pour les bovins, l'agent de l'ESB chez le mouton a une dissémination beaucoup plus large. La présence de l'agent de l'ESB chez le mouton n'est pas démontrée mais compte tenu du faible nombre de prélèvements testés, on ne peut pas dire qu'il soit infirmé non plus avec une sensibilité suffisante.

Si la présence de l'ESB chez le mouton devait être démontrée un jour, nous aurions beaucoup de mal à gérer ce problème avec une approche de type MRS, c'est-à-dire en enlevant spécifiquement un certain nombre d'organes à risque compte tenu de la diffusion possible dans l'ensemble de l'organisme de l'animal de cet agent infectieux.

M. SAVEY (Directeur du service de la santé animale de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments).- Compte tenu du temps qu'il nous reste et compte tenu des précédents exposés, je vais simplement essayer de vous illustrer ce qu'est actuellement la situation française et quels peuvent en être à la fois les déterminants et ce que l'on peut essayer de projeter sur l'avenir.

Avant de commencer cet exposé, je voudrais remercier très sincèrement le professeur Ian Mc CONNELL pour son très grand fair-play et pour avoir de nouveau dit ce qu'avaient dit un certain nombre de collègues britanniques, à savoir que les méthodes employées en France pour la gestion de cette affaire depuis maintenant 1990 ne sont pas si mauvaises qu'on a pu le dire à un moment ou un autre.

S'agissant du moteur et du type de développement, que ce soit au Royaume-Uni ou en France, l'essentiel est fondé sur un cycle de dissémination-amplification par les bovins à partir de farines de viandes contaminées. Ces farines de viandes soit peuvent entrer directement dans la ration destinée aux bovins, soit peuvent polluer cette ration en étant issue d'autres espèces.

Il est important de rappeler qu'en France les farines de viandes ont été interdites dans la ration des bovins en 1990 et que, depuis 1996, celles qui étaient encore utilisées pour les autres animaux ont fait l'objet de mesures qu'a rappelées Marc ELOIT.

Il est intéressant, et nous ne nous étions pas concertés avec Ian Mc CONNELL, de regarder non seulement le nombre de cas par pays, le développement du nombre de ces cas, mais aussi de les ramener à un dénominateur commun qui est le nombre de bovins à risque (en l'occurrence le nombre de bovins adultes de plus de 2 ans).

J'ai exclu de ma carte le Royaume-Uni car le nombre de cas est d'un autre ordre de grandeur ; nous y trouvons deux types de pays : ceux qui ont réussi à identifier des cas avant 1996 et ceux qui n'ont réussi à le faire qu'après 1996. On les identifie assez facilement.

Il y a par ailleurs des pays qui ont un nombre de cas significatif, essentiellement la France, la République d'Irlande, le Portugal et la Suisse.

Il est intéressant de regarder rapidement l'ensemble de ces pays et de remarquer que pour deux d'entre eux, la France et la Suisse, il semble qu'il y ait une augmentation du nombre de cas ; ces deux pays portent deux petits signes qui indiquent que les modalités de surveillance ont profondément évolué, ce qui ne veut pas dire que l'augmentation est seulement due à l'augmentation de puissance de la détection des cas mais il est clair qu'on ne peut trouver que ce que l'on cherche réellement.

Voilà deux pays qui enregistrent une augmentation (ces chiffres datent d'octobre mais augmentent toujours) et qu'il serait intéressant d'analyser plus en avant.

Il est aussi intéressant de ramener ce nombre de cas bruts à un dénominateur commun. Nous retrouvons ce que vient de vous dire Ian Mc CONNELL, à savoir que lorsqu'on ramène ce nombre de cas à la population à risque, étant donné que nous sommes le premier pays d'élevage en Europe, les chiffres absolus que je vous ai montrés se nuancent de façon quelque peu différente. Effectivement, pour un pays comme le Portugal ayant un cheptel du 20 ème du nôtre, la différence avec la France apparaît très nettement ; la situation de l'Irlande doit être relativisée, comme celle de l'Irlande du Nord.

On pourrait descendre à un niveau infra national et remarquer qu'en Grande-Bretagne, le nombre de cas résiduels, qui sera cette année de l'ordre de 1 500 à 1 800, se concentre essentiellement en Angleterre alors que, peu à peu, le nombre de cas constatés en Irlande du Nord, en Ecosse ou au Pays de Galles devient très faible et comparable en termes d'incidence à la situation française.

Si l'on veut bien décrire la situation française, il faut employer ce petit indicateur qui est l'incidence ramenée aux millions de bovins adultes, et distinguer les années de 1991 à 1999 pour lesquelles on calculait ces chiffres à l'aide d'un système d'épidémio-surveillance dite passive, qui consiste à repérer les cas suspects, à les abattre et à les analyser au laboratoire.

Depuis juillet 1999, la Commission européenne a validé des tests ayant un double intérêt : ils sont suffisamment sensibles et permettent surtout de mettre en oeuvre non pas quelques dizaines d'analyses par semaine mais plusieurs centaines. Cela permet de passer à une autre phase complémentaire de la première qui se marque dans l'ensemble des maladies infectieuses et qui est une phase de surveillance active connue dans le grand public sous le nom d'étude pilote ou d'étude test.

Cette phase d'étude pilote est concentrée pour l'instant sur trois régions (Bretagne, Basse-Normandie, Pays-de-Loire).

Pour l'année 2000, au 17 novembre, vous avez là les chiffres les plus récents à la disposition du laboratoire de référence situé à l'AFSSA à Lyon, obtenus avec la collaboration de l'ensemble des services et laboratoires qui participent à cette très grande étude, la plus importante quantitativement développée au monde jusqu'à présent puisqu'il est prévu de faire 40 000 tests.

Dans l'année 2000, il faut distinguer la période qui va jusqu'au 8 juin, pendant laquelle on est resté dans un système de surveillance passive, pendant laquelle on avait identifié 21 cas dont 12 dans cette région cible de l'étude pilote. Après le 8 juin, on introduit une épidémio-surveillance active qui décuple ou centuple la puissance d'identification des cas, d'autant qu'elle est centrée sur des animaux à risque, des animaux soit morts naturellement en élevage, soit euthanasiés parce qu'en situation terminale, soit présentés en abattage d'urgence.

Vous avez ici le nombre de cas qui viennent compléter les 21 pour faire 110, c'est-à-dire 89 : 42 par l'épidémio-surveillance active, donc concentrés sur ces 3 régions, et 47 par l'épidémio-surveillance passive qui reste évidemment en oeuvre dans ces régions mais aussi sur l'ensemble du territoire national.

Il y a toujours plusieurs façons de lire des chiffres. Au-delà des chiffres, il y a leur interprétation. La première façon de lire la situation française est de la poser sur une carte.

Une première carte, complétée par une deuxième qui s'intéressera à notre région cible des études tests, comporte un mode de représentation distinguant les cas nés après l'interdiction des farines de viande chez les bovins, c'est-à-dire juillet 1990, de ceux nés avant cette interdiction.

De façon à être le plus informatif possible, on met en cartouche la couleur. C'est une façon intéressante de lire la situation dans la mesure où elle vous permet de localiser les cas et d'avoir de façon assez synthétique une idée de leur âge de repérage, etc.

Maintenant, quand on lit la situation présente dans les trois régions soumises à l'étude test, il faut à la fois distinguer les animaux atteints par l'ESB mais nés avant l'interdiction de ceux repérés.

Pour distinguer ceux repérés dans l'étude pilote avec les tests systématiques, on les entoure en blanc et on laisse les autres dans les cartouches.

Sur cette région, vous avez en termes de population de base un tiers du cheptel français.

Il existe une autre façon de lire qui revient sur le commentaire de Marc ELOIT et qui l'illustre : considérer le nombre de cas non pas par l'année à laquelle ils sont identifiés mais par leur année de naissance.

Pourquoi est-il important de les considérer par leur année de naissance ? Nous observons 2 vagues (il y en a peut-être plus de 2, il faudra retravailler lorsque nous aurons nos 40 000 résultats).

Il existe une première vague où les animaux sont nés jusqu'en 1983, et dont l'infection est très probablement due à des farines de viandes et d'os britanniques. L'interdiction de 1990 donne un coup de hache à l'émergence de cas.

Manifestement, à partir de 1993, on observe 3 colonnes qui se remplissent beaucoup.

Il est intéressant de noter la contribution de l'épidémio-surveillance active, c'est-à-dire l'étude pilote menée systématiquement depuis le mois de juin. Elle est indiquée par un petit trait qui vient renforcer les numéros de cas portés ici.

Avec ces pyramides démographiques, on peut avoir une idée de la projection vers le futur, en faisant très attention à ne pas sur-interpréter ce genre de données.

De façon à bien visualiser la contribution de l'étude pilote au nombre total et à la description des cas, vous avez ici rassemblés les 43 cas identifiés actuellement par l'étude pilote sur les 3 régions, et leur contribution relativement importante à la pyramide globale, en particulier dans certaines classes d'âge, ce qui paraît logique compte tenu de ce que nous connaissons sur cette maladie dans notre pays.

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