B. L'ÉMERGENCE DE DEUX PÔLES AÉRIENS FRANÇAIS UNIFIÉS ?

L'année en cours a vu s'opérer un certain nombre de changements en ce qui concerne les acteurs opérant sur le marché domestique. En particulier, le rapprochement d'acteurs tels qu'AOM, Air Liberté et Air Littoral pourrait donner naissance à un pôle aérien unifié, contrepoids du pôle régional d'Air France, par ailleurs renforcé au cours de ces derniers mois.

1. Le rapprochement d'AOM, Air Liberté et Air Littoral

a) Trois compagnies aux actionnaires désormais communs

Alors qu'AOM avait, l'an dernier, été cédée par le consortium de réalisation du Crédit Lyonnais, dans des conditions détaillées par votre rapporteur pour avis lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2000, c'est Air Liberté qui a, en mai 2000, changé d'actionnaire, créant ainsi les conditions de son rapprochement avec AOM.

En effet, British Airways, qui en était l'actionnaire principal, a cédé le groupe Participations Aéronautiques, auquel appartient Air Liberté, à Taitbout Antibes BV, lui-même contrôlé par le groupe Marine Wendel. Cette situation devrait évoluer rapidement, de sorte que Swissair (via SAirlines) devienne à son tour actionnaire d'Air Liberté, dans les mêmes conditions que celles selon lesquelles il participe déjà au capital d'AOM et Air Littoral.

En définitive, les compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral devraient donc avoir les mêmes actionnaires , à savoir Taitbout Antibes BV (groupe Marine Wendel) et SAirlines (groupe Swissair). Dans ce cadre, la fusion d'AOM et d'Air Liberté a été annoncée, ainsi qu'un rapprochement avec Air Littoral, les trois compagnies devant à terme être exploitées sous le même pavillon.

Ce groupe, concurrent d'Air France, devrait représenter 10 milliards de francs de chiffres d'affaires, transporter 9 millions de passagers par an et employer 6 500 personnes.

b) Vers un pôle aérien unifié ?

Le rapprochement de ces compagnies ne manquera pas de s'accompagner d'une harmonisation de leurs réseaux et d'un redéploiement de leurs moyens .

Prises individuellement, ces compagnies perdaient en effet de l'argent depuis plusieurs années et peinaient à se faire une place sur les marchés français et européen. L'objectif poursuivi par les nouveaux actionnaires est donc de retrouver une rentabilité d'exploitation en constituant un groupe d'une taille qui permette de s'affirmer par rapport à la concurrence et d'avoir des parts de marché significatives sur les principales liaisons intérieures et à destination des départements d'outre mer -notamment en augmentant les fréquences sur certaines liaisons concurentiellement stratégiques-.

AOM et Air Liberté exploitent actuellement toutes deux des vols reliant Paris à Toulon, Perpignan, Nice et aux départements d'outre mer. Leur rapprochement va, d'une part, mettre fin à leur concurrence sur certaines de ces liaisons. Les autorités concurrentielles sont d'ailleurs susceptibles de les obliger à rétrocéder certains créneaux aéroportuaires propres à faciliter l'arrivée d'un nouvel exploitant sur les liaisons où elles étaient les deux seules compagnies présentes (Paris-Toulon et Paris-Perpignan).

D'autre part, hormis ces liaisons où les deux compagnies étaient en concurrence, leur rapprochement va significativement accroître leurs réseaux respectifs puisque ces derniers sont largement complémentaires : AOM exploite la liaison Paris-Marseille, ainsi que des longs courriers internationaux (vers Sydney, Los Angeles, Cuba, les Bahamas, la république Dominicaine, les DOM et les TOM) alors qu'Air Liberté exploite les liaisons Paris-Bordeaux, Paris-Montpellier et Paris-Toulouse, ainsi que des lignes aériennes radiales (province à province) de moindre trafic.

Les relations d'AOM et d'Air Liberté avec Air Littoral pourraient prendre la forme de deux sociétés distinctes, Air Littoral, très présente à Nice et à Marseille, pouvant jouer un rôle d'apport de trafic pour les liaisons internationales desservies via Paris par Air Liberté et AOM.

En tout état de cause, le nouveau groupe s'attachera sans doute à faire valoir deux atouts :

- l'appartenance à l'alliance " Qualiflyer " soudée par des accords commerciaux et des échanges de participation en capital, qui peut générer des économies d'échelle et développer l'activité,

- la présence sur l'aéroport d'Orly Sud, dont le nouveau groupe détient actuellement environ 30 % des créneaux horaires.

Le contexte de ce rapprochement n'est pas facile : le " schéma d'organisation " présenté par la direction le 28 septembre prévoit la suppression de près de 350 emplois, alors que les prévisions des résultats des compagnies concernées pour 2000 sont assez pessimistes.

Si l'on considère l'ensemble des lignes intérieures et intra-européennes , le nombre de passagers transportés par ces trois compagnies, reste près de quatre fois inférieur à celui des passagers transportés par le pôle régional d'Air France . A noter que ce pôle, jusqu'alors organisé notamment autour de franchises et d'accords commerciaux avec des compagnies régionales, est lui aussi en cours de consolidation, Air France ayant récemment pris des participation en capital dans certaines de ces compagnies.

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