B. À LA RECHERCHE D'UNE ÉVOLUTION SPÉCIFIQUE

La configuration de notre réseau culturel à l'étranger est non seulement confrontée à sa nécessaire adaptation aux priorités de notre diplomatie culturelle, mais également à celle de ses méthodes d'action.

1. Comparaisons internationales

Dans le cadre des politiques de diffusion culturelle, l'action de notre réseau est en concurrence avec deux dispositifs d'une ampleur comparable : le British Council et l'Institut Goethe.

Opérateur du Gouvernement britannique pour les relations culturelles extérieures et l'aide au développement, le British Council a pour mission de promouvoir une meilleure connaissance du Royaume-Uni et de la langue anglaise et d'encourager la coopération culturelle, scientifique et technique de la Grande-Bretagne à l'étranger.

Institution non gouvernementale de droit privé poursuivant un but non lucratif, le British Council est financé pour un tiers par une subvention gouvernementale, pour un deuxième tiers par les fonds reçus au titre de son action de coopération ; le reste, représentant près de quatre milliards de francs en 1999, provenant de ses recettes propres. Son réseau comprend près de cent soixante implantations dans cent neuf pays.

En 1996 est intervenue une restructuration entraînant une réduction de près de 30 % des effectifs des services centraux ainsi que des fonds publics, avec une baisse de près de 15 % de la subvention gouvernementale de 1996 à 1998, incitant le British Council au développement d'une stratégie résolument offensive de conquête des marchés et de prospection de fonds privés.

Le Goethe Institut, opérateur de langue germanique reposant sur un réseau de centres et d'instituts au fonctionnement analogue au nôtre, accueille chaque année près de cent dix milles étudiants dans ses dix huit établissements situés en République Fédérale et ses cent trente cinq instituts de l'étranger. Les difficultés rencontrées par l'apprentissage de la langue allemande et les compressions budgétaires, consécutives au coût de la Réunification, ont motivé la fermeture de neuf implantations à l'étranger en 1999 et de vingt sept pour l'année 2000 dans vingt cinq pays (notamment à Beyrouth, Hanoï, Amman, Jérusalem et Luxembourg). La redéfinition de la localisation des Instituts Goethe tend désormais à privilégier les pays d'Europe centrale et orientale, ainsi que les pays émergents d'Asie. Par ailleurs, la création d'instituts culturels locaux allemands, sur le modèle des alliances françaises, et la fusion avec d'autres centres culturels européens font l'objet d'une réflexion engagée Outre-Rhin.

2. Pour une rationalisation de notre dispositif

S'il est vrai que des contraintes budgétaires semblent avoir contraint nos homologues allemands et britanniques à la redéfinition de leur politique culturelle extérieure, et ainsi au redéploiement de leur réseau respectif, le Bureau des établissements culturels et des alliances françaises a entrepris, depuis 1998, une réflexion globale sur l'avenir de notre dispositif.

Ainsi, une typologie a été élaborée et permet, en fonction des différents contextes géopolitiques de nos implantations, d'en identifier cinq catégories :

- les universitaires : structures légères destinées à toucher les étudiants de haut niveau ;

- les symboliques : établissements situés dans les capitales où la France est présente depuis de longues années ;

- les maisons de la coopération culturelle : implantées surtout dans les pays inclus dans la Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP) ;

- les antennes culturelles légères à vocation spécialisée ;

- enfin, dans l'avenir et dans certains pays, les établissements européens.

La définition de cette nouvelle typologie coïncide avec la professionnalisation des personnels, impliquant la redéfinition, à l'issue d'une concertation avec les autres services du Département, des postes de chef d'établissement et l'élaboration de formations à l'intention de l'ensemble des agents (détachés et recrutés locaux).

En outre, la rationalisation de la gestion de notre réseau exige la mise en place d'une culture d'évaluation permettant de mieux cerner le coût des activités, notamment grâce à l'élaboration de ratios permettant non seulement d'évaluer, mais aussi de comparer le prix de revient des prestations (nombre d'heures de cours dispensées, seuil de rentabilité d'un cours de français, fréquentation des médiathèques, rentabilité d'un spectacle) assurées par nos implantations.

Enfin, une intervention prioritaire, à l'issue d'une analyse approfondie des difficultés rencontrées par certains établissements, devrait conjurer la menace d'une fermeture, notamment dans les régions, comme l'Europe centrale et orientale, privilégiées par notre diplomatie culturelle.

3. Renforcer la dimension proprement culturelle de nos implantations

S'il est vrai que nos établissements culturels s'autofinancent en moyenne à plus de 60 %, voire à 75 % dans les pays occidentaux, la recherche d'une diffusion de la culture, qui sache toucher un public sans cesse plus important sans impliquer de surcoût excessif, implique de privilégier une logique de coopération. Ainsi, si des cours de langues semblent pouvoir être autofinancés - bien qu'il faille, à cet égard, rappeler que ces derniers ne doivent pas être considérés comme l'activité principale de nos établissements implantés à l'étranger -, les manifestations artistiques et culturelles devront ainsi davantage mobiliser de ressources locales, en sollicitant notamment le mécénat d'entreprise ou le partenariat institutionnel.

Ainsi, le développement d'une culture scientifique, qui suscite auprès de nos partenaires étrangers un intérêt grandissant, constitue désormais une priorité du Département. En ce sens, la modernisation matérielle et technologique des centres de ressources sur la France Contemporaine, engagée depuis 1999, permet à ces vecteurs privilégiés d'une image contemporaine de notre pays auprès des élites étrangères, de concilier la diffusion de la culture avec l'essor des nouvelles technologies de communication.

En outre, la nécessité de renforcer le partenariat entre le Département et l'alliance française se traduit d'ores et déjà par une réflexion quant à la mise en oeuvre d'une nouvelle convention générale avec l'Alliance française de Paris, ainsi qu'à l'échelle déconcentrée, entre chaque ambassade et les alliances locales, permettant de définir, sur une base annuelle, l'ensemble des objectifs à atteindre.

C'est pourquoi, votre rapporteur tient à souligner la nécessité, non d'imiter les différentes restructurations mises en oeuvre par nos homologues européens, confrontés, tout comme nous le sommes, à des impératifs de gestion, mais, fort de leurs exemples, de mettre en oeuvre les mesures qui permettront à la France de contribuer efficacement à la promotion de la culture francophone. Car il est essentiel de rappeler que la présence de notre réseau culturel extérieur demeure avant tout au service du rayonnement de la francophonie.

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