B. LES SUICIDES EN DÉTENTION : GUÈRE DE PROGRÈS

Il y a un an, votre rapporteur pour avis s'était inquiété du nombre préoccupant de suicides en prison. Le nombre de suicides a en effet fortement augmenté au cours des dernières années pour atteindre 125 en 1999. A la date du 28 novembre, 112 détenus s'étaient suicidés depuis le début de l'année 2000, qui ne se traduira donc pas par une amélioration significative de la situation en cette matière.

Une récente étude de la direction de l'Administration pénitentiaire sur les suicides intervenus en 1998 et 1999 a permis de disposer d'informations plus précises sur le contexte des suicides et les caractéristiques des personnes suicidées.

Il ressort tout d'abord de cette étude que le taux de suicide est nettement plus élevé en détention que dans la population générale.

En 1980, le taux de suicide était cinq fois plus élevé en détention que dans la population générale. En 1997, il était douze fois plus élevé.

L'étude de la chancellerie montre que le taux de suicide tend à augmenter avec le surpeuplement, la vétusté de l'établissement, le sous-encadrement en personnel de surveillance et socio-éducatif. Les détenus se suicident davantage en maisons d'arrêt.

Près des trois quarts des suicides ont lieu dans la cellule du détenu qui, dans la moitié des cas, est occupée par plusieurs détenus. Le nombre de suicides en quartier disciplinaire tend cependant à augmenter.

L'étude montre également que les risques suicidaires augmentent avec l'âge et que les détenus mariés et les détenus ayant des enfants présentent des risques suicidaires plus élevés que les célibataires sans enfant, alors que la situation est plutôt inverse dans la population générale.

20 % des suicides ont lieu au cours du premier mois de la détention. Ces suicides concernent surtout les personnes emprisonnées pour la première fois, les détenus âgés de moins de trente ans et les détenus pour affaires de moeurs.

Parmi les condamnés, ceux qui exécutent une peine d'une durée supérieure à dix ans d'emprisonnement sont ceux qui se suicident le plus. Les risques suicidaires sont particulièrement élevés parmi les détenus écroués pour crime de sang ou pour crimes ou délits sexuels.

L'étude de la direction de l'administration pénitentiaire met ainsi en évidence que l'augmentation du nombre de suicides en détention s'explique pour partie par l'augmentation du nombre de détenus âgés, de détenus pour crimes et délits sexuels, de condamnés à de longues peines. C'est parmi ces trois catégories que le taux de suicide a le plus augmenté au cours des dernières années.

De manière plus inquiétante, l'auteur de l'étude précise que 19 % des détenus qui se sont donnés la mort avaient été repérés suicidaires, 36 % avaient été repérés pour leur fragilité, tandis que 44 % n'avaient jamais été repérés. Ces chiffres montrent d'une part que le repérage demeure imprécis, d'autre part qu'il ne suffit pas à empêcher le passage à l'acte.

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