CHAPITRE II -

DES POLITIQUES PUBLIQUES
MANQUANT D'AMBITION

I. UNE POLITIQUE NATIONALE À COURTE VUE

A. BILAN DES MESURES GOUVERNEMENTALES POUR UN SECTEUR DUREMENT ÉPROUVÉ

1. Le plan gouvernemental en réponse à la tempête et à la marée noire

Afin de venir en aide aux victimes de la tempête des 28 et 29 décembre 1999 et de la marée noire consécutive au naufrage de l'Erika, le 12 décembre 1999, le ministère de l'Agriculture et de la pêche a mis en place dès le 2 février 2000 et conformément aux dispositions du plan gouvernemental arrêtées le 12 janvier 2000, un dispositif d'aides exceptionnelles de l'ordre de 450 millions de francs (69 millions d'euros). Celles-ci sont intervenues en complément des mécanismes d'intervention au titre des calamités agricoles , qui ont représenté environ 50 millions de francs (7,6 millions d'euros) et des indemnisations par les compagnies d'assurances.

Ce dispositif a été mis en oeuvre dans les départements du Finistère, du Morbihan, de la Loire-Atlantique, de la Vendée, de la Charente-Maritime et de la Gironde par les services de l'Etat, sous l'autorité des préfets, en liaison avec les collectivités locales, les organismes bancaires et d'assurances et les représentants des conchyliculteurs, pisciculteurs marins et pêcheurs. Le paiement de ce aides a été assuré par l'Office national interprofessionnel des produits de la mer et de l'aquaculture (OFIMER). Tous les dossiers ont été examinés au cas par cas afin de moduler les aides en fonction de l'ampleur du préjudice subi par chaque entreprise.

Ce dispositif a été complété au mois de mars par une mesure d'allègement de charges sociales au niveau national du fait de la dégradation sensible de l'ensemble du marché des produits de la mer à la suite de ces sinistres.

Le bilan des aides mises en place s'établit ainsi qu'il suit à la mi-août 2001.

a) Dans le secteur aquacole

Aide à la reconstitution des matériels et des stocks

Cette aide est intervenue en complément de l'indemnisation par le fonds national de garantie des calamités agricoles et les assurances. Elle a pris en compte les pertes de stock de poissons et de coquillages en cours d'élevage, les dégâts dans les concessions et dans les établissements. Elle a été calculée sur la base de 75 % du préjudice, déduction faite des indemnisations des compagnies d'assurance et modulée sur la situation globale de l'entreprise. Elle a été plafonnée à 200.000 francs (30.490 €).

1.380 dossiers déposés à ce titre ont fait l'objet du versement d'une avance pour un montant de 99,122 millions de francs (15,11 millions d'euros), correspondant à la moitié de l'indemnisation retenue. La Charente-Maritime a été le département le plus sinistré. Au titre de cette aide aura également été prise en charge la reconstruction des claires ostréicoles endommagées.

Au 9 août 2001, 980 dossiers ont été soldés.

Avance sur l'indemnisation à recevoir au titre du fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL)

Afin que les conchyliculteurs, les pêcheurs à pied et les paludiers bénéficient rapidement d'un concours financier, l'Etat a consenti une avance de la moitié de l'indemnisation à recevoir au titre du FIPOL du fait des dommages aux biens mais également du préjudice économique causé par la marée noire. Cette avance a été plafonnée à 200.000 francs (30.490 €) au 9 août 2001. 1.441 dossiers ont fait l'objet d'un versement par l'OFIMER pour un montant de 39,45 millions de francs (6,01 millions d'euros). Le Gouvernement a, par la suite, décidé de transformer cette avance en complément d'indemnisation par la circulaire du 11 septembre 2000, garantissant ainsi à chaque sinistré le remboursement à 100 % de son préjudice, quel que soit le taux d'indemnisation retenu par le FIPOL.

Allégement des charges financières

L'Etat a pris en charge une partie des intérêts des prêts professionnels échus ou à échoir en 2000, 2001 et 2002. Le montant ne peut pas excéder 48.000 francs (7.318 €), sauf situation particulièrement critique, auquel cas il peut être porté à 62.000 francs (9.452 €). Il est modulé en fonction de la situation globale de l'entreprise.

Le montant global versé par l'OFIMER s'élevait, au 9 août 2001, à 7,327 millions de francs (1,117 million d'euros).

Mesures d'allégement de charges sociales

- Mesure ciblée : destinée aux aquaculteurs et pêcheurs à pied des six départements directement touchés par la tempête ou la marée noire, elle a été décidée au cas par cas, en fonction de la situation du redevable, par le préfet sur proposition de la cellule départementale d'indemnisation. Elle a été calculée sur la base du salaire forfaitaire de la 4 ème catégorie. Elle a porté sur un ou deux mois, pour les cotisations dues au régime social des agriculteurs (MSA : mutualité sociale agricole) ou à celui des marins (ENIM : Etablissement national des Invalides de la Marine), ainsi qu'à la CNAFPM (Caisse nationale d'allocations familiales des pêches maritimes) qui prélève les cotisations d'allocations familiales pour les assujettis à l'ENIM.

- Mesure générale d'allègement des charges sociales : du fait de la dégradation du marché des produits de la mer à la suite du naufrage de l'Erika, une mesure générale d'allégement des charges sociales a été décidée pour l'ensemble des aquaculteurs pour les cotisations dues à l'ENIM ou à la MSA. Elle a porté sur un demi-trimestre.

Ont été concernées 3.600 entreprises de cultures marines.

Exonération de redevance domaniale : pour les mêmes raisons, les concessions de cultures marines sur le domaine public maritime ainsi que les autorisations de prise d'eau pour l'alimentation de parcelles privées ont été exonérées du paiement de la redevance domaniale en 2000. Sur l'ensemble des départements littoraux, le coût de cette mesure a atteint 25 millions de francs (3,8 millions d'euros).

Actions de communication

Les conséquences négatives de la marée noire sur la commercialisation des produits de la conchyliculture ont amené les responsables professionnels du Comité national de la Conchyliculture à mettre en place des actions de communication à destination du grand public. L'OFIMER a ainsi versé 2,37 millions de francs (O,36 million d'euros) en 2000 et 4,79 millions de francs (0,73 millions d'euros) en 2001, à cette fin.

b) Dans le secteur de la pêche

Aide à la réparation des navires endommagés du fait de la tempête et au remplacement des matériels de pêche

Elle a été limitée à 75 % du montant du préjudice après déduction des indemnités d'assurance et plafonnée à 200.000 francs (30.490 €).

199 dossiers se sont avérés éligibles pour un montant d'aide de 3,42 millions de francs (0,521 millions d'euros).

Aide forfaitaire pour perte de revenu

Elle a été accordée à chaque marin embarqué sur un navire rendu inutilisable du fait de la tempête et ayant au préalable été embarqué au moins 15 jours sur ce navire en décembre 1999. Elle a été calculée au prorata du nombre de jours d'inactivité constatés, sur la base du salaire forfaitaire net journalier sans excéder 90 jours. Les jours pris en compte sont ceux où le marin concerné n'a été ni embarqué sur un autre navire de pêche, ni employé à terre.

230 marins ont été retenus pour un montant total de 1,38 million de francs (0,21 million d'euros).

Avance sur l'indemnisation à recevoir au titre du fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL)

Afin que les pêcheurs bénéficient rapidement d'un concours financier, l'Etat leur a consenti, comme aux agriculteurs, une avance de la moitié de l'indemnisation à recevoir au titre du FIPOL du fait des dommages aux biens (engins de pêche), ainsi que des pertes de chiffre d'affaires pour les captures, essentiellement de crustacés, retirées du marché pour raison sanitaire. Cette avance a été plafonnée à 200.000 francs (30,490 €).

202 dossiers ont été déposés et examinés par les cellules départementales pour un montant total de 1,55 million de francs (0,236 million d'euros)

Afin de garantir une indemnisation complète des préjudices, les avances ont été ensuite transformées également en compléments d'indemnisation.

Mesure d'allégement des charges sociales

Du fait de la dégradation du marché des produits de la mer à la suite du naufrage de l'Erika, le bénéfice de la mesure d'allégement des charges sociales a été étendu à l'ensemble des pêcheurs . Elle a porté sur un demi-trimestre.

Le montant global versé par l'OFIMER au titre des mesures d'allégement des charges sociales, tant pour les conchyliculteurs que pour les pêcheurs s'est élevé à 154,7 millions de francs (23,58 millions d'euros).

2. Un plan global pour la pêche, affectée par une nouvelle hausse du prix du carburant

Dès le mois d'août 2000, la situation du secteur a connu une nouvelle dégradation avec une hausse très sévère et sans précédent du prix du carburant.

La gravité de cette évolution et ses conséquences pour le secteur ont conduit le Gouvernement à décider très rapidement de mettre en place un plan global pour la pêche , permettant de compenser la hausse des coûts et de les ramener à un niveau supportable pour l'équilibre des entreprises.

Le gazole vendu aux pêcheurs bénéficiant d'une totale détaxation, il a été décidé de mettre en oeuvre l'aide des pouvoirs publics grâce à un allègement partiel, et dans certains cas total, des charges sociales et portuaires (taxe de criée et part vendeur de la redevance d'équipement des ports de pêche -REPP-). Les modalités de ce dispositif ont été arrêtées en concertation avec la représentation professionnelle afin de tenir compte, dans sa modulation, de la sévérité des difficultés rencontrées par les flottilles en fonction des différents métiers pratiqués.

A l'approche de la fin de l'année, toutefois, les représentants professionnels ont à nouveau sollicité l'aide de l'Etat en raison d'un prix du gazole toujours élevé.

En réponse à cette demande, le Gouvernement a décidé de reconduire pour deux mois supplémentaires en 2001 le dispositif , en place depuis le 1 er septembre, tout en réduisant son intensité de moitié au mois de février pour tenir compte des tendances observées sur le marché énergétique. La prise en charge de la part « vendeur » de la REPP, quant à elle, a en revanche été maintenue jusqu'au 1 er septembre 2001.

Parallèlement, le plan global mis en place en faveur des pêcheurs comportait un important volet structurel dont la mise en oeuvre se poursuite par un travail de recherche avec le concours de l'ADEME.

Il vise à établir un diagnostic de la flotte de pêche et à identifier les gisements d'économie de carburants au niveau des techniques et des pratiques d'exploitation des navires. Une réflexion est également menée, sous l'égide de l'OFIMER, afin d'améliorer l'efficacité et les performances du secteur tout au long de la filière.

Face aux efforts financiers consentis par les pouvoirs publics pour venir en aide aux pêcheurs, la Commission européenne a ouvert une procédure d'enquête formelle à l'encontre du dispositif français comme elle l'a fait pour l'Italie, l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas.

La France a répondu aux observations communautaires en soulignant le caractère exceptionnel et temporaire des allègements de charges consentis pour le secteur de la pêche.

Votre rapporteur pour avis se félicite de ces mesures qui, à défaut de s'attaquer aux difficultés structurelles du secteur, ont néanmoins permis de limiter les difficultés financières des entreprises de pêche. Il souhaite que ce dispositif puisse être accepté par les autorités communautaires. Il veut croire que le Gouvernement s'est assuré de sa compatibilité avec le droit communautaire. Il serait, en effet, inadmissible qu'à l'issue de la procédure ouverte par la Commission européenne, la France se trouve condamnée et que les entreprises de pêche aient à rembourser les aides que l'Etat leur a consenties pour faire face à cette situation de crise.

B. ÉTIQUETAGE : UNE POLITIQUE DE LA TRAÇABILITÉ QUI MÉCONNAÎT LE RÔLE CENTRAL DES CRIÉES

1. Exigence d'une meilleure information du consommateur

Les produits de la pêche et de l'aquaculture ont pendant longtemps été présentés au consommateur de façon très indifférenciée. En dehors du nom de l'espèce, peu d'informations étaient apportées au consommateur pour guider son choix.

Afin de répondre aux attentes légitimes des consommateurs, de plus en plus demandeurs d'informations sur les produits, et afin de valoriser les produits de la pêche et de l'aquaculture, il est apparu nécessaire de mettre en place des dispositions rendant obligatoire l'apport d'une information minimale au consommateur et d'inciter les professionnels de la pêche et de l'aquaculture à rechercher, pour les produits qui le méritent, l'obtention de signes officiels de qualité.

Un nouveau cadre réglementaire communautaire prenant effet au 1 er janvier 2002 et de nouvelles ambitions

Le 17 décembre 1999 , le Conseil des ministres de l'Union européenne chargés de la pêche a arrêté un nouveau règlement de base sur l'organisation commune de marché dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture (OCM).

Afin de s'adapter aux nouvelles conditions de marché, le nouveau règlement met en place une réglementation applicable au 1 er janvier 2002, devant garantir un meilleur étiquetage et une meilleure information des consommateurs concernant les produits vivants, frais ou réfrigérés . L'article 4 prévoit que, pour être proposés à la vente au détail au consommateur final, tous les produits de la mer devront comporter la dénomination commerciale de l'espèce, la méthode de capture ou de production (pêche en eau douce, en mer ou aquaculture) et la zone de production du poisson (Atlantique Nord ou Sud, Mer du Nord, Méditerranée...). La traçabilité instaurée tout au long de la chaîne de commercialisation devra être assurée par un étiquetage ou un emballage du produit ou par tout document commercial comprenant au minimum le nom scientifique du produit, son classement tarifaire et, le cas échéant, le numéro d'agrément sanitaire de l'entreprise. En cas d'importation, l'importateur communautaire répondra de l'exactitude des informations contenues sur l'étiquette ou mentionnées dans le document commercial d'accompagnement.

Ces dispositions pourraient stimuler la demande, dans la mesure où les gens sont plus enclins à consommer un produit sur lequel ils disposent d'informations complètes. Les consommateurs risquent moins d'être trompés sur l'origine et la valeur des produits de la pêche et de l'aquaculture mis en vente, ce qui peut parfois être le cas, notamment avec les produits non emballés. Ces mesures éviteront aussi aux consommateurs d'acheter du poisson produit ou commercialisé dans des conditions défavorables à sa préservation. En outre, les différentes précisions concernant l'origine permettront aux inspecteurs chargés du contrôle de procéder à des vérifications par recoupement avec les données recueillies à bord des bateaux ou lors des débarquements.

Dans son Livre Vert sur la future politique commune de la pêche, la Commission va plus loin en suggérant de mettre en place, sur une base volontaire mais encadrée, un éco-étiquetage présentant aux consommateurs les enjeux de leurs choix, sur la base d'une information relative aux effets environnementaux de tel ou tel produit ou à la durabilité de la ressource considérée.

La Commission convient toutefois des difficultés du projet : obtenir des critères d'appréciation adéquats, assurer l'indépendance du contrôle de la conformité et l'exactitude de l'information donnée aux consommateurs, identifier le produit certifié tout au long de la chaîne de commercialisation, résoudre le cas des poissons « non certifiés » dont les captures s'effectuent pourtant conformément à la politique commune de la pêche.

Les professionnels sont très réservés sur l'idée d'une écolabellisation. Outre les difficultés soulevées par la Commission elle-même, plusieurs arguments sont avancés à l'encontre de ce projet. L'éco-labellisation est présentée comme :

- inutile, puisque la réglementation communautaire visant à gérer de manière responsable l'exploitation des ressources halieutiques constitue déjà le cahier des charges d'une éco-labellisation ;

- trompeuse, car distinguer ainsi les engins de pêche pour leur sélectivité est impossible du fait du caractère toujours approximatif de cette sélectivité ;

- discriminatoire, puisque l'éco-étiquetage jetterait a contrario le discrédit sur tous les produits n'en bénéficiant pas quoique respectant la réglementation communautaire ;

- utopique enfin, car la traçabilité qu'impliquerait l'éco-labellisation est loin d'être garantie.

Les professionnels seraient favorables à une réorientation du projet d'étiquetage, afin de mettre prioritairement l'accent sur la « qualité » du produit commercialisé , ce qui serait une démarche nouvelle pour le secteur.

En effet, les produits de la pêche et de l'aquaculture sont pendant longtemps restés à l'écart des signes officiels de qualité. Seulement six produits de la pêche bénéficiaient encore récemment en France d'un signe de qualité. En 2000, trois nouvelles démarches ont été engagées. Plusieurs d'entre elles se développent également dans le secteur conchylicole, autour notamment des moules de bouchot. Dans le secteur piscicole où seul le saumon bénéficiait de signes officiels de qualité, des démarches ont été validées pour la crevette et le bar, d'autres ont été engagées pour la dorade ou le turbot.

En outre, au sein de la filière pêche, les mareyeurs français se sont engagés dans une démarche de certification de services qui devrait aboutir à l'été 2002.

Enfin, un cahier des charges concernant le mode de production biologique des poissons d'élevage a été homologué par arrêté ministériel en août 2000. Un projet concernant le bar est à l'étude.

La promotion des « démarches qualité » des produits de la pêche et de l'aquaculture : des avancées limitées

- Coquillages : transposition tardive d'une directive communautaire et mesures de circonstance

En application de la directive n° 91/492 CEE du Conseil du 15 juillet 1991 fixant les règles sanitaires régissant la production et la mise sur le marché des mollusques bivalves vivants, modifiée par la directive n° 97/61/ CE du Conseil du 20 octobre 1997, le Gouvernement a pris le 15 décembre 1999 un décret en Conseil d'Etat n° 99-1064. Afin d'améliorer la traçabilité des échanges de coquillages avant leur mise sur le marché pour la consommation humaine, ce décret complète les obligations relatives aux documents d'accompagnement des lots de coquillages afin qu'y soit mentionnée, notamment, l'identification des zones de production. De plus, la durée de conservation de ces documents ainsi que des résultats des analyses microbiologiques d'autocontrôles dans les établissements d'expédition est portée à un an au lieu de six mois. En application de ces nouvelles dispositions, un arrêté interministériel a été publié le 28 février 2000, simplifiant et précisant le régime des documents d'accompagnement (bon de transport).

Le comité national de la conchyliculture, agissant en tant qu'organisation interprofessionnelle au sens du code rural, a par ailleurs adopté le 11 mai 2000 un accord relatif à la dénomination et à la classification des huîtres creuses. Cet accord a été rendu obligatoire jusqu'au 11 mai 2003. Il fixe en particulier le calibrage par taille et les appellations (huîtres fines, spéciales ...).

En outre, la marée noire consécutive au naufrage de l'Erika a entraîné la mise en oeuvre d'un dispositif de contrôle de salubrité adapté aux circonstances, basé sur une multiplication du nombre de points de prélèvements et une intensification des fréquences d'analyses à tous les niveaux de la filière (milieu de production, établissements, distribution).

Ces analyses ont montré une amélioration de la situation dès le début du deuxième trimestre, elles ont conduit à la réouverture des zones de production où avaient été décidées des interdictions de récolte au moment de l'arrivée des nappes de pétrole. Le dispositif de contrôle renforcé a été maintenu tout au long de 2000.

- Produits de la pêche : zèle affiché, mais résultats embryonnaires

Sans attendre l'application des dispositions relatives à l'information des consommateurs dans le règlement communautaire portant nouvelle OCM, le Gouvernement a voulu anticiper en préparant un projet de décret en concertation avec les professionnels. Il rendait obligatoire l'introduction, dans la dénomination de vente des produits d'aquaculture, de la mention « élevé en milieu naturel » pour les coquillages et de la mention « élevé en eau de mer » ou « élevé en eau douce » pour les poissons et autres espèces. Il prévoyait également, pour les produits d'aquaculture commercialisés à l'état frais, l'indication obligatoire de la date de récolte.

Ce projet de décret, après avoir reçu l'aval du Conseil national de la consommation, a été notifié à la Commission européenne, dont l'accord était nécessaire à la publication.

Toutefois, au moment de transmettre le décret au Conseil d'Etat, la procédure a fait long feu, le Gouvernement estimant inutile de prendre un décret en Conseil d'Etat pour couvrir la période de six mois qui séparait de l'entrée en vigueur des dispositions communautaires.

Votre rapporteur pour avis déplore cet empressement vain, motivé par l'effet d'affichage plutôt que par une volonté réelle de répondre aux attentes des consommateurs à l'égard de la pêche.

Les attentes des consommateurs se sont exprimées récemment à travers le rapport d'étape du Conseil national de la consommation devant le Ministre en juillet dernier. Ce rapport a mis au jour quelques inquiétudes relatives notamment aux modes de nutrition dans la filière aquacole, ou à l'introduction de nouvelles technologies du vivant telles la triploïdie chez les huîtres.

2. Méconnaissance du rôle central des criées en matière de traçabilité pour la pêche fraîche

La traçabilité des produits de la mer commence dès leur débarquement à terre. Votre rapporteur pour avis estime à ce titre impératif que soit reconnu le rôle des criées -absentes du Livre Vert de la Commission sur la future PCP-, qui sont à même d'être un lieu de passage obligé et un centre d'enregistrement et d'identification pour tout le poisson frais commercialisé.

Non seulement la criée permet de lutter contre le « black fish » et les débarquements sauvages, mais, en outre, elle a les moyens d'entraîner la filière pêche vers plus de qualité et de traçabilité. A cette fin, elle tend à développer une harmonisation des tris sous criées et un système d'information sur les marchés susceptibles d'apporter plus de transparence.

Préalable au développement des actions qualité, l'harmonisation des tris sous criées selon des normes communes doit être un objectif prioritaire de la filière « pêche fraîche ». Elle facilite les échanges d'informations entre les différents partenaires de la filière comme entre les différents ports, sur la base d'un langage commun. Cette harmonisation des dénominations, des critères de taille et de qualité constitue le support indispensable à une identification claire des produits.

Depuis 1999, l'OFIMER accompagne l'association interprofessionnelle Normapêche Bretagne dans la mise en oeuvre d'un programme de cette nature, sur la base d'un audit des pratiques sous quatorze criées bretonnes réalisé en 1998.

Des projets similaires ont démarré avec le soutien de l'Office dans d'autres régions : un audit des structures de débarquement en Méditerranée et un audit des pratiques de commercialisation en Basse-Normandie.

C'est, en effet, à la fois par la normalisation des produits et par un recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication que la traçabilité peut être organisée en Europe.

Toutefois, cet effort d'investissement des criées à l'heure où leurs revenus sont en baisse ne peut pas reposer uniquement sur la filière pêche, qui supporte déjà de lourdes charges. La criée assure de nombreuses prestations, depuis l'enregistrement jusqu'au contrôle vétérinaire, en passant par la perception de taxes prélevées sur le prix du poisson, qui constituent autant de tâches régaliennes et qui répondent à une demande croissante des pouvoirs publics en ces temps de crises alimentaires.

Il serait donc naturel que l'Etat rémunère les criées pour l'accomplissement de ces missions qu'il leur délègue. Votre rapporteur pour avis tient à attirer l'attention du Gouvernement sur cette question du financement des criées, qui met en jeu leur pérennité et leur rôle dans le service public et, plus largement, dans l'aménagement du territoire .

Il insiste à ce propos sur la nécessité d'interpréter les textes relatifs au financement des investissements des criées d'une manière qui autorise le subventionnement public le plus large.

Ainsi, l'informatisation des criées devrait pouvoir bénéficier de financements publics jusqu'à 100 %, au titre de projet d'équipement collectif à terre, améliorant la mise en marché ; elle ne doit pas être considérée de manière restrictive comme une simple adaptation des modalités de commercialisation, ce qui ne la rendrait pas éligible aux financements publics pouvant atteindre 100%. Les réserves financières de l'IFOP permettent cette interprétation, tout à fait légitime au demeurant.

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