ANNEXE -

RÉPONSES ÉCRITES DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE AUX QUESTIONS POSÉES PAR M. ALAIN GÉRARD, RAPPORTEUR POUR AVIS DU BUDGET DE LA PÊCHE, LORS DE L'AUDITION DU MINISTRE DEVANT LA COMMISSION LE 7 NOVEMBRE 2001

Question n° 1

Le blocus des ports bretons manifeste l'inquiétude des pêcheurs, notamment face au Livre Vert européen qui préconise une nouvelle diminution de 40 % de l'effort de pêche, et la baisse de 3 % des crédits consacrés à la pêche en 2002 n'est pas un signal propre à les rassurer. Le Gouvernement a-t-il réellement la volonté politique de défendre la pêche française?

Réponse

Le Gouvernement mène, bien entendu, une politique des pêches et défend les intérêts des pêcheurs français.

Au niveau national, cette politique s'exprime à travers les grands axes de la loi d'orientation :

- gestion durable de la ressource ;

- modernisation de la flottille et des entreprises de pêche ;

- politique de filière reposant sur le pilotage de la production par le marché et la mise en oeuvre de démarches de qualité ;

- modernisation des relations sociales.

Au niveau communautaire, la France est toujours à l'avant garde de la défense des intérêts des pêcheurs. Deux exemples peuvent être cités.

C'est grâce à l'action déterminée de la France que dans la réforme des fonds structurels, les aides à la construction et à la modernisation ont pu être maintenues.

De même, au dernier conseil TAC et Quotas, la France a obtenu leur maintien à un niveau compatible avec l'exploitation de nos navires.

Mais la France porte également des propositions pour faire avancer la PCP : lancée sous sa présidence, l'idée de la gestion pluriannuelle des TAC et des Quotas est aujourd'hui sur le point d'aboutir. Il en va de même de la mise sous TAC de nouvelles espèces (espèces profondes, bar).

Enfin, le mémorandum sur la réforme de la PCP préparé en 2000 avec les professionnels a déjà apporté une contribution significative au débat qui s'est engagé sur la gestion de la flotte.

Le ministre est déterminé à continuer de défendre, avec acharnement, les intérêts de la pêche française dans les débats actuels sur les plans de restauration et les quotas comme dans la préparation de la future réforme de la PCP.

Question n°2

Vous proposez pour 2002 que les dépenses en capital consacrées à la modernisation de la flotte diminuent de 25 %, après une baisse de 50 % l'an dernier, et justifiez cette baisse par des reports de crédits. Dès lors :

- comment expliquez-vous ces reports de crédits, alors que le vieillissement de notre flotte ne se dément pas et menace sa sécurité ? Quelles solutions préconisez-vous pour relancer l'investissement dans la modernisation des bateaux ?

- ces reports de crédit ne pourraient-ils autoriser un redéploiement en faveur de la recherche, ce qui permettrait ainsi à l'IFREMER -dont les crédits stagnent- d'affiner ses prévisions sur l'état des ressources et d'améliorer la sélectivité des engins de pêche ?

Réponse :

Il faut se rappeler que la crise des années 90 puis la suspension des aides publiques imposée par Bruxelles, en raison des contraintes liées au POP III, ont fortement ralenti le renouvellement de la flotte française.

Dès 1999, le ministre a réussi à obtenir de la Commission que la France puisse reprendre les investissements et assurer ainsi la relance d'une dynamique de renouvellement indispensable au maintien de la compétitivité des flottilles comme à leur adaptation aux nouvelles exigences en matière de sélectivité, de sécurité et de qualité.

Depuis, le ministre a ouvert chaque année un contingent de capacité permettant la réalisation, dans le cadre de la réglementation communautaire, des projets présentés par les pêcheurs : 25.000kW en 1999, 37.000kW en 2000 et près de 30.000 encore cette année.

Mais il y a forcément un délai dans la mise en oeuvre effective de ces projets, lié aux démarches individuelles des pêcheurs, d'une part, et au plan de charges des chantiers navals, d'autre part. Ceci est d'ailleurs prévu par le décret qui fixe les règles de délivrance des permis de mise en exploitation des navires de pêche puisque ce texte leur confère une durée de vie de plusieurs années précisément pour intégrer ces paramètres.

Enfin le ministre souligne deux points qui lui paraissent significatifs de sa détermination à accompagner dans les meilleures conditions possibles le renouvellement et la modernisation des flottilles :

- pour la première fois en 2001, il a décidé de prendre en compte toutes les demandes de construction et de modernisation qui seraient présentées par les pêcheurs dès lors qu'elles sont compatibles avec les dispositions communautaires et ceci sans calibrer à priori le montant de l'enveloppe comme c'était le cas jusqu'ici ;

- il voudrait ensuite rappeler que dans le cadre du nouveau programme IFOP, il a décidé de doubler (et même un peu plus) le taux de la participation de l'Etat dans les aides à la flotte pour compenser le désengagement communautaire, induit par la récente réduction de 30 à 15 % de sa contribution. Il ajoute que l'effet de ce doublement est encore accru par le relèvement de plus d'un tiers des plafonds d'aides publiques autorisés par le nouveau règlement IFOP.

S'agissant du problème particulier de la sécurité auquel il est très attentif, il travaille avec son collègue Gayssot à la mise en place d'un plan spécifique qui bénéficiera d'un financement adapté.

S'agissant de l'Ifremer dont le budget ne relève pas de son département mais du BCRD, une meilleure mobilisation des crédits est recherchée avec l'institut. Ainsi les services du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche s'emploient à faire bénéficier l'IFREMER des crédits communautaires sur l'évaluation de la ressource. Le nouveau règlement sur la collecte des données de base apportera une contribution significative aux campagnes à la mer. De même des études sur la sélectivité sont financées par l'IFOP.

Au-delà, la question n'est pas tant d'augmenter les moyens affectés à ces travaux que de parvenir à un meilleur dialogue entre scientifiques et professionnels et à une meilleure prise en compte des différents facteurs qui influent sur l'évolution des stocks (climat, pollution, ...) et pour lesquels les compétences existent à l'IFREMER.

Question n° 3

Alors que le Gouvernement affiche le souci d'assurer la traçabilité des produits alimentaires pour garantir leur qualité, quel soutien le Gouvernement compte-t-il apporter aux criées, acteur essentiel dans la mise en place d'une telle traçabilité ? Je m'inquiète, à ce propos, de la baisse de 29 % des dépenses consacrées aux investissements à terre.

Réponse

Le Gouvernement soutient largement et depuis très longtemps, à travers les crédits gérés directement par les services du ministère de l'agriculture et de la pêche et à travers ceux accordés à l'OFIMER, les investissements réalisés dans les criées, tant pour leur mise aux normes sanitaires que pour leur modernisation, leur informatisation...

Rien aujourd'hui ne vient remettre en question cette politique. L'évolution des crédits gérés par le ministère ne vient que traduire le souci des gestionnaires portuaires eux-mêmes d'améliorer leur compétitivité en rationalisant les investissements nouveaux, les programmes les plus lourds, notamment ceux liés à la mise aux normes sanitaires, étant maintenant réalisés.

A l'heure où la traçabilité apparaît toujours plus d'actualité, en particulier puisque devra être assuré le suivi tout au long de la filière des informations qui devront être obligatoirement apportées aux consommateurs au 1 er janvier prochain, le Gouvernement, à travers les services du ministère et à travers l'OFIMER entend bien poursuivre, comme par le passé, son intervention en faveur des criées. Celles-ci savent que leurs besoins seront pris en compte, y compris ceux liés à la traçabilité des produits et des informations.

Question n°4

Comment le Gouvernement entend-il restaurer l'attractivité du métier de pêcheur auprès des jeunes et quelle réforme de l'enseignement maritime envisage-t-il à cette fin ?

Réponse

Il s'agit de deux questions essentielles pour le secteur de la pêche qui se trouve confronté aujourd'hui à des difficultés considérables -qui vont d'ailleurs s'accentuant-. Ce phénomène n'est d'ailleurs pas spécifique à la pêche mais se rencontre aussi dans d'autres domaines : l'hôtellerie, la restauration, le transport routier.

Certains navires restent effectivement à quai, faute d'équipage, et les armements font par ailleurs de plus en plus appel à une main d'oeuvre nouvelle, différente du « vivier habituel » : main d'oeuvre étrangère en provenance notamment des pays de l'Est, ou ressortissants de l'Union Europénne, mais aussi des français -plutôt de jeunes adultes- ayant une expérience professionnelle à terre et qui veulent changer d'orientation.

Chacun peut faire ce constat. Et chacun -élu, professionnel administration- s'accorde à dire qu'il faut d'abord améliorer l'image du métier pour le rendre plus attractif.

Pour ce faire, encore fallait-il en connaître précisément les causes. C'est aujourd'hui chose quasiment faite avec le diagnostic qui a été rédigé par le biais d'un contrat d'études prospectives à la pêche dont les propositions doivent être validées par la profession en tout début d'année prochaine.

Sans être exhaustif, quelques pistes peuvent être citées à ce stade :

une amélioration des conditions de vie, de travail et de sécurité à bord des navires.

une meilleure communication. Certes, le métier est difficile, mais il offre de réelles possibilités de promotion sociale et de rémunération.

enfin, une modification en profondeur de notre système de formation :

- en développant par exemple l'apprentissage et les formations en alternance ;

- en améliorant aussi les méthodes pédagogiques, notamment pour les BEP et CAP dont les contenus ont été réformés et en complétant la filière par un bac professionnel à la pêche ;

- en ouvrant aussi l'accès au métier à ceux qui, ayant déjà une qualification professionnelle « terrestre » désirent embarquer. Ce sera fait au travers de la validation des acquis de l'expérience professionnelle par la modularisation de notre enseignement et en étoffant la filière courte du certificat d'initiation nautique (CIN) ;

- il faudra aussi -et c'est une question difficile compte tenu des problèmes financiers (pertes de revenus) qu'il pose aux marins pêcheurs- améliorer le dispositif de formation continue, dont l'importance est toute particulière à la pêche.

Il faut aussi évoquer le passage sous statut public de l'enseignement maritime secondaire, qui en fait désormais une filière professionnelle à part entière.

Mais tout ceci doit se faire avec la profession.

Il faut en effet améliorer une image aujourd'hui trop négative, peut-être d'ailleurs en recourant à une campagne active de communication.

Question n° 5

Qu'envisage de faire le Gouvernement si la procédure d'enquête ouverte par la Commission européenne sur la compatibilité des mesures nationales avec la réglementation communautaire devait aboutir à condamner la France ?

Réponse

Face à la grave situation induite par la hausse brutale et exceptionnelle du prix du gazole, le Gouvernement a mis en oeuvre des mesures d'urgence dès le mois d'avril 2000 et a poursuivi cet effort sans précédent jusqu'au début de l'année 2001, voire jusqu'aux dernières semaines pour certains allègements de charge.

Plusieurs Etats membres ont également pris des dispositions exceptionnelles pour leurs pêcheurs. La Commission, quant à elle, est restée sourde à tous les appels de la France en faveur d'un traitement commun de cette crise généralisée.

En février dernier, elle a ouvert une procédure d'enquête sur les mesures mises en place en France, mais également en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique.

Déterminé à défendre le bien-fondé du dispositif mis en oeuvre en France, le Gouvernement a répondu à toutes les questions posées en argumentant point par point sur tous les griefs listés dans la lettre de procédure. De nombreux éléments concernant les mesures plus structurelles, engagées avec l'ADEME notamment, ont également été communiquées à la Commission qui en étudie attentivement les progrès.

Selon les informations dont dispose le ministère de l'agriculture et de la pêche, la Commission n'a pas terminé l'analyse des cinq plans mis en oeuvre dans l'Union pendant cette crise et à cet égard, le dossier ne serait pas forcément le plus mauvais... En tout cas, le ministère de l'agriculture et de la pêche continuera à se battre pour que soit reconnue la légitimité de l'action du Gouvernement en faveur de la pêche française.

Question n° 6

Par quels moyens le Gouvernement compte- t- il renforcer le contrôle, à terre comme en mer, de l'application de la politique commune de la pêche ?

Réponse

Le Gouvernement attache la plus grande importance à la problématique du contrôle des pêches. La mise en oeuvre effective de la réglementation communautaire est en effet une condition essentielle de la crédibilité et de l'efficacité de la PCP.

La circulaire du Premier ministre du 8 septembre 2000 a défini les principes d'organisation dans le but de renforcer l'efficacité de notre dispositif de contrôle. Sous la responsabilité du ministère de l'agriculture et de la pêche, la direction des pêches maritimes et de l'aquaculture est chargée de définir la politique du contrôle et d'en suivre l'application par les différentes administrations en charge des contrôles.

C'est ainsi que, pour la première fois, en 2001, un plan de contrôle national a été élaboré et mis en oeuvre. Il définit les priorités nationales et régionales du contrôle afin de donner des lignes directrices claires aux services en charge des contrôles.

Le ministre de l'agriculture et de la pêche observe avec satisfaction que les administrations en charge des contrôles s'attachent à renouveler et moderniser leurs équipements et à améliorer la formation de leurs agents.

Il souligne également l'effort qui est mené pour associer les professionnels de la pêche aux réflexions sur le contrôle. En effet, le contrôle sera d'autant mieux accepté que ses objectifs et ses modalités seront compris et partagés par ceux à qui il s'applique.

Enfin, au plan communautaire, il s'attache à promouvoir des contrôles toujours plus équitables et harmonisés afin de garantir une égalité de traitement entre les pêcheurs des différents Etats membres. A cette fin, et dans le contexte de la réforme de la PCP, il a proposé que les pouvoirs des services d'inspection de la Commission soient renforcés.

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