C. DES PERFORMANCES À LA TRAÎNE DE NOS VOISINS EUROPÉENS

Contrairement à ce que soutient le Gouvernement, la baisse du chômage observée en France n'a rien eu d'exceptionnel. Le niveau du taux de chômage français demeure même une incongruité parmi les pays développés. Par ailleurs, la dégradation de la compétitivité du « site France » observée depuis 1997 ne laisse rien augurer de bon pour les mois qui viennent.

1. Un taux de chômage parmi les plus élevés d'Europe

Le taux de chômage français (9,1 % en septembre) demeure sensiblement plus élevé que celui des autres pays européens. En effet, il est de 2 % aux Pays-Bas, 5 % au Danemark, 5,1 % au Royaume-Uni, 5,4 % aux États-Unis et 8, % dans la zone euro.

Taux de chômage des principaux pays développés (2001)

Royaume-Uni (sept.)

5,1

France (sept.)

9,1

Allemagne (oct.)

9,5

Italie (juillet)

9,4

Pays-Bas (sept.)

2,0

Espagne (sept.)

13,0

Etats-Unis (oct.)

5,4

Zone Européenne (sept.)

8,3

Source : The Economist, 17 novembre 2001.

Afin de défendre son bilan, le Gouvernement développe un argument assez sophistiqué selon lequel, la baisse du chômage a été plus forte en France que chez nos voisins au cours de la dernière année. Cet argument n'est pas pertinent car plus le chômage est bas, moins il peut diminuer.

Par ailleurs, même ce critère n'est pas à l'avantage du Gouvernement. Si le taux de chômage français a en effet baissé de 0,3 point sur les douze derniers mois (de 9,4 à 9,1 %), cette baisse a été de 0,5 point aux Pays-Bas (de 2,5 à 2 %) et au Danemark (de 5,5 à 5 %), de 0,8 point en Espagne (de 13,8 à 13 %) et de 1,1 point en Italie (de 10,5 à 9,4 %).

En réalité, bien qu'ayant un taux de chômage plus élevé, la performance française a été la même que celle de la zone euro (- 0.3 point en passant de 8,6 à 8,3 %).

Cette moindre performance française s'explique très largement par un niveau supérieur du taux de chômage structurel qui trouve son origine dans l'absence de réformes du marché du travail depuis 1997, à l'exception de la nouvelle convention d'assurance-chômage, qui ne saurait cependant être portée au crédit du Gouvernement.

Taux de chômage structurel des pays développés (NAIRU)

Source : Richardson et alii, 2000

2. Une forte dégradation de l'attractivité du « site France »

La politique générale menée par le Gouvernement depuis 1997 a considérablement accru les spécificités françaises, qu'il s'agisse de la réglementation du travail (35 heures, « réforme du droit du licenciement...) ou de la fiscalité.

Un rapport du Sénat a ainsi établi qu'aux yeux de certains chefs d'entreprise -notamment dans les filiales des grands groupes internationaux présents en France- notre pays se situait en dehors du marché et était systématiquement écarté des décisions d'investissement concernant l'Europe au profit du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou de l'Espagne 7( * ) .

Cette analyse a depuis été confirmée par le rapport présenté au Premier ministre par M. Michel Charzat sur « l'attractivité du territoire français » dans lequel on peut lire que la France souffre d' « une fiscalité jugée dissuasive (et d'un) environnement juridique et social considéré comme peu propice aux affaires » 8( * ) .

Le rétablissement de la compétitivité française constituera, à n'en pas douter, une condition indispensable à une baisse importante du chômage au cours de la prochaine législature.

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