CHAPITRE III -

LA POSTE FACE À L'OUVERTURE PROGRAMMÉE
À LA CONCURRENCE

I. DES RÉSULTATS DÉCEVANTS

A. CROISSANCE RALENTIE DES COLIS MAIS SURTOUT DU COURRIER

L'évolution de la conjoncture économique mondiale et l'accélération du phénomène de substitution courrier ont eu un effet sensible sur le niveau de développement de l'activité courrier-colis, inférieur aux prévisions.

Le chiffre d'affaires de l'activité courrier du groupe La Poste s'élève à 1.060 millions d'euros, en progression de 1,6 % par rapport à 2000.

1. Le courrier : croissance très ralentie et dégradation de la qualité

a) Une croissance ralentie

Les dernières données de trafic consolidées dont dispose la direction du courrier de La Poste concernent les flux de trafic de l'exercice 2001. Le tableau suivant détaille ces évolutions :

EVOLUTION DU TRAFIC TOTAL DISTRIBUE OU DEPOSE EN FRANCE 34 ( * )

En millions d'objets

2000

2001

Evolution

COURRIER ADRESSE

19 876,0

19 889,4

+ 0,1 %

Dont : correspondance

12 030,9

12 094,9

+ 0,5 %

lettres recommandées et valeur déclarée

196,4

201,2

+ 2,4 %

périodiques

2 079,0

1 976,6

- 4,9 %

courrier publicitaire

4 473,4

4 514,4

+ 0,9 %

colis (1)

381,0

364,8

- 4,3 %

plis de service et franchises

715,3

737,5

+ 3,1 %

COURRIER NON ADRESSE

7 392,1

7 772,5

+ 5,1 %

Dont : Postcontact

6 676,1

6 952,6

+ 4,1 %

Postcontact ciblé

716,0

819,9

+ 14,5 %

TOTAL

27 268,1

27 661,9

+ 1,4 %

Source : SYCI

(1) Hors Dilipack et hors paquets à destination des DOM

Plusieurs remarques peuvent être faites sur ces chiffres :

Le trafic courrier global affiche une croissance modérée depuis 1998 (et même sur la période 1994-2000, de l'ordre de 1,8 %). En effet, la croissance du trafic postal, dynamique en 1997 et 1998 (+3,5 %) a, depuis, nettement ralenti et décroché par rapport à celle du PIB. Elle n'est plus que de 1,4 % en 2001 comme d'ailleurs en 2000 , du fait de la stabilisation du trafic de correspondances depuis 3 ans (+0,3 %).

Cette croissance tient essentiellement cette année à la progression du courrier des entreprises et des administrations et au développement international -notamment, via la participation dans la société Brokers Worlwide, qui collecte le courrier international des grands émetteurs américains-. Le courrier des particuliers, qui représente moins de 5 % de l'activité, s'est quant à lui infléchi pendant l'exercice. Les 1000 alertes à la poudre , survenues au troisième trimestre 2001 à la suite des attentats du 11 septembre, ont par ailleurs sérieusement perturbé l'activité des centres de tri.

Après plusieurs années de très forte croissance, le courrier publicitaire, handicapé par la mauvaise tenue du marché de la communication au second semestre, n'a affiché qu'une légère progression sur l'année. La croissance n'est donc plus « tirée » par la prospection commerciale, dont le volume avait dépassé pour la première fois, l'an passé, le trafic des correspondances et s'accroissait en moyenne de 3,67 % par an depuis 1994. Notamment, la publicité adressée a encore moins fait recette en 2001 que la publicité non adressée. Ceci contredit la tendance récente, qui avait consisté en une évolution des stratégies de communication des grands clients « traditionnels » (grands annonceurs, grande distribution) d'un média « de conquête » (caractérisé par la publicité non adressée), vers des stratégies de fidélisation (tournées vers la publicité adressée).

L'essoufflement de la publicité adressée est d'autant plus préoccupante que La Poste a coutume de considérer que le marketing direct adressé , média clé des stratégies de fidélisation des annonceurs, constitue le principal moteur de croissance du courrier.

La quasi stagnation du trafic des correspondances, quant à elle, s'explique surtout par celle des lettres de moins de 20 g, qui représentent le plus gros flux de courrier adressé.

L'inflexion s'est produite en 1999, date à laquelle le trafic des lettres de moins de 20 g est resté stable. Si cette croissance plus lente des trafics de courrier de transaction s'observe dans l'ensemble des pays industrialisés, notamment en Europe, il existe en France des déterminants pour partie spécifiques :

- le développement de la carte Vitale, dont on estime qu'elle a fait perdre à La Poste en 2001 60 millions d'euros (perte qui pourrait doubler en 2002 et tripler en 2003) ;

- plus généralement, la dématérialisation croissante des échanges en raison du développement des nouvelles technologies (Internet, télé-déclarations, télé-formalités...) ;

- la rationalisation des dépenses des entreprises, parmi lesquelles figure le courrier ;

- la raréfaction des échanges des particuliers ;

- le développement du prélèvement automatique opéré par les grands facturiers et les administrations.

Si la révolution numérique constitue un défi pour La Poste, celle-ci tente toutefois de saisir les opportunités qu'elle offre en utilisant ce canal de distribution pour ses propres services (banque à distance) et en développant de nouveaux services à valeur ajoutée (courrier électronique, certification des échanges...). En 2001, La Poste estime que les activités liées aux nouvelles technologies ont généré 60 millions d'euros de chiffre d'affaires. Plus d'un million d'adresses électroniques on t été ouvertes sur laposte.net.

b) Des indicateurs de qualité décevants

Même si certains indicateurs s'améliorent, les résultats les plus importants des mesures de la qualité du courrier en 2001 se dégradent par rapport à 2000. Surtout, tous les chiffres sont en-dessous -et souvent largement- des objectifs fixés par le contrat de plan, comme l'indique le tableau ci-dessous :

MESURES DES DÉLAIS D'ACHEMINEMENT * POSTAUX

Catégories de courrier

Source

2000

2001

Objectifs internes

Lettre tous flux confondus en J+1

SOFRES

77,1 %

76,8 %

84 %

ECOPLI tous flux confondus J+4

Research International

88,1 %

81,4 %

97 %

Publicité adressée POSTIMPACT à J+7

Research International

86,4 %

94,1 %

97 %

Délais intermédiaires à l'export (J+1)

SYCI (source interne)

89,6 %

90,6 %

97 %

Délais intermédiaires à l'import (J+1)

SOFRES

81,5 %

85,9 %

90 %

(*) Mesure de bout-en-bout : mesure du délai d'acheminement du moment où l'institut de mesure confie sa lettre au réseau postal (avant l'heure limite de dépôt) jusqu'au moment où la lettre est remise à l'institut de mesure destinataire.

Source : La Poste

Puisque le niveau de la qualité de service résulte de l'efficacité des chaînes de traitement mises en place, son optimisation impliquerait un ensemble d'actions sur les organisations, les infrastructures, le matériel utilisé, la logistique...

Il est très regrettable que l'objectif de 84 % du courrier prioritaire distribué en J+1 n'ait pas été tenu sur la période du contrat de plan, même si La Poste rappelle que le défi de la qualité était d'autant plus difficile à relever que le volumes distribués ont encore augmenté , quoique moins rapidement, et que la mise en oeuvre des accords relatifs à l'aménagement et à la réduction du temps de travail a nécessité la refonte des organisations.

* 34 Métropole+ DOM+courrier international

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