B. VERS UNE FRAGILISATION DES LANCEURS EUROPÉENS ?

La crise du secteur spatial a touché Arianespace de plein fouet. Le développement du lanceur Ariane 5 a été décidé en novembre 1987 par le conseil de l'ESA. Les objectifs principaux du programme étaient de doter l'Europe d'un lanceur capable de lancer deux charges utiles en orbite de transfert géostationnaire en tenant compte de l'évolution de la masse des satellites. Toutefois, face à une concurrence internationale de plus en plus vive, l'Europe s'est engagée dans un programme d'amélioration des capacités d'Ariane 5, baptisé Ariane 5 Plus. L'objectif de ce programme est d'augmenter, à environ 10 tonnes en 2003 et 12 tonnes en 2006, la performance du lanceur en masse satellisable en orbite de transfert géostationnaire.

En effet, dans le contexte d'une crise du marché des satellites et d'une tendance à l'augmentation des masses d'un grand nombre d'entre eux, il est essentiel qu'Ariane conserve sa capacité de lancement double, quels que soient les besoins des satellites, afin de continuer à offrir au meilleur coût un service de qualité. Ainsi, de nombreuses études de marché montrent la nécessité d'augmenter la performance d'Ariane 5 dans les années à venir et justifient les programmes d'évolution entrepris.

Cependant, l'évolution du marché qui tire les prix de vente de services de lancement à la baisse, la mise en service d'Ariane 5, plus lente que prévue initialement, et les investissements supportés par l'industrie conduisent à mettre en danger la santé économique d'Arianespace et de tout le secteur européen des lanceurs. Au total, une réflexion d'envergure sur la nécessité et les moyens de pérenniser l'autonomie européenne des lanceurs en Europe a été décidée et fait l'objet des travaux d'un groupe de travail du conseil de l'ESA, qui doit rendre ses conclusions avant la fin 2002.

C. LA DIMENSION STRATÉGIQUE DU SECTEUR SPATIAL

1. Préserver l'autonomie d'accès à l'espace

L'espace a une dimension politique et stratégique. Comme votre rapporteur l'avait également noté dans le rapport de l'Office déjà cité, « la préservation de cette autonomie d'accès à l'espace implique la pérennisation de ces deux éléments (des lanceurs et un centre de lancement) qui, dans une très large mesure, sont indissociables. Cela n'exclut pas le recours à des capacités non européennes et à des coopérations internationales dont Starsem est un excellent exemple, mais compte tenu de la nature et de l'importance des intérêts en jeu et du faible niveau des capacités existantes autres qu'américaine, russe ou chinoise, il n'existe aucune garantie que l'Europe puisse, dans la durée, répondre à ses besoins et satisfaire à ses ambitions, qu'elles soient civiles ou militaires, si elle ne dispose pas d'un accès autonome à l'espace ».

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