B. DES PRÉLÈVEMENTS SOCIAUX CROISSANTS

L'analyse suivante relative au poids croissant des prélèvements sociaux dans l'ensemble des prélèvements obligatoires reprend celle figurant dans le rapport d'information 8 ( * ) , fait au nom de votre commission des finances, par notre collègue Philippe Marini, rapporteur général, sur l'évolution des prélèvements obligatoires pour 2006 , intitulé « Les prélèvements obligatoires entre volonté et réalités : préparer la refondation du modèle fiscal français ».

Si la France reste dans le peloton de tête en matière de taux de prélèvements obligatoires, cela résulte notamment de la dynamique des prélèvements sociaux , qui occupent une place croissante. Dans le cadre du présent rapport, votre rapporteur pour avis a souhaité aborder deux questions essentielles : la dynamique des prélèvements sociaux d'une part, le partage des prélèvements entre l'Etat et la sécurité sociale d'autre part.

1. Une hausse des prélèvements sociaux inéluctable en l'absence de profondes réformes de structure

a) Des prélèvements sociaux représentant plus de la moitié des prélèvements obligatoires en 2006
(1) L'évolution des prélèvements sociaux

Les prélèvements sociaux constituent une part prépondérante des prélèvements obligatoires et représenteront en 2006 plus de la moitié de ceux-ci : 22,1 % du produit intérieur brut (PIB), soit 388,7 milliards d'euros, pour un total de prélèvements obligatoires égal à 44 % du PIB (775,1 milliards d'euros) .

On rappellera que la contribution sociale généralisée devrait rapporter 76,45 milliards d'euros en 2006, contre 57,48 milliards d'euros pour l'impôt sur le revenu .

Le tableau suivant retrace l'évolution des prélèvements sociaux depuis 2001.

Evolution du taux de prélèvements sociaux

(en points du PIB)

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Prélèvements sociaux

21,4

21,4

21,6

20,5

20,9

22,1

Evolution effective

0

0,1

- 0,2

0,1

1,2

Dont contribution de l'évolution spontanée

0

0,1

0

0,3

0,1

Dont contribution des changements de périmètre

0

0

0,9

0

1,1

Source : rapport sur les prélèvements obligatoires et leur évolution, projet de loi de finances pour 2006

On relève que cette évolution tient à trois facteurs :

- l' évolution spontanée , qui s'est révélée globalement neutre sur cette période ;

- les mesures nouvelles , comprises notamment dans la loi portant réforme des retraites 9 ( * ) et la loi relative à l'assurance maladie 10 ( * ) , qui ont systématiquement conduit à un accroissement du taux de prélèvements sociaux ;

- les changements de périmètre , qui concernent la prise en charge des exonérations de cotisations sociales : celle-ci incombait jusqu'en 2003 au Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale (FOREC). Ce fonds ayant été budgétisé dans le cadre des lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2004, les allègements de charges sociales ont alors été imputés sur le budget du travail, avant que le gouvernement ne décide, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2006, de transférer cette charge à la sécurité sociale, en contrepartie de l'affectation de recettes fiscales.

Il convient, en outre, de souligner que la catégorie « ASSO », à laquelle on se réfère dans le tableau précédent pour apprécier l'évolution et le poids des prélèvements sociaux, ne donne pas une vision complète de ces derniers dans la mesure où plusieurs organismes liés à la sécurité sociale sont considérés comme des « organismes divers d'administration centrale » (ODAC) : la Caisse d'amortissement de la dette sociale (CADES), le Fonds de réserve des retraites (FRR), la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). D'après le rapport du gouvernement sur les prélèvements obligatoires et leur évolution, le montant des prélèvements obligatoires perçus par ces trois organismes s'est élevé à 7,15 milliards d'euros 11 ( * ) en 2004 .

Votre rapporteur pour avis relève également que la suppression de l'avoir fiscal, à laquelle votre commission des finances s'était opposée, devrait entraîner, en 2006, une perte de recettes de 550 millions d'euros pour la sécurité sociale, dont 400 millions d'euros pour le régime général, selon le rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale de septembre 2005.

* 8 Rapport d'information n° 33 (2005-2006).

* 9 Loi n° 2003-775 du 21 août 2003.

* 10 Loi n° 2004-810 du 13 août 2004.

* 11 Le montant est même supérieur et atteint plus de 8 milliards d'euros si l'on inclut dans ce champ le Fonds de financement de l'allocation personnalisée d'autonomie, aujourd'hui englobé dans la CNSA. Toutefois, ainsi que l'a souligné à plusieurs reprises votre commission des finances, le positionnement de cette CNSA, annoncée comme une cinquième branche de la protection sociale, demeure ambigu. De la même manière, le Fonds de financement de la protection complémentaire de la couverture universelle du risque maladie (Fonds CMU), qui a perçu 269,5 millions d'euros de prélèvements obligatoires en 2004, est comptabilisé comme un ODAC.

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