C. INDISPENSABLE SYNERGIE DES RÉSEAUX

Après une période marquée par des tensions fortes entre les deux réseaux, sur fond de rivalités et de concurrences, les relations entre l'Institut français et la Fondation Alliance française sont en cours d'apaisement. La fin de l'expérimentation du rattachement des instituts français à l'Institut français a en effet apaisé les craintes d'une partie des Alliances françaises.

1. Un travail en commun développé depuis 2012

Une convention de partenariat tripartite (Fondation Alliance française, Institut français et MAEDI) a été signée en juin 2012 et pose les bases d'une saine collaboration. Elle prévoit notamment un travail commun dans le secteur de la langue française, une offre commune de formation des personnels du réseau coordonnée par l'Institut français ainsi que l'ouverture de l'ensemble des programmes et plateformes numériques de l'Institut aux Alliances françaises. Cette convention devrait être renégociée prochainement, dès que le contrat d'objectifs et de moyens de l'Institut sera adopté.

La présence croisée de représentants de chacun des opérateurs dans le conseil d'administration de l'autre est aussi de nature à faciliter la coordination des interventions.

Un travail fin de concertation doit être poursuivi afin de rationaliser la carte des réseaux et choisir, au cas par cas, l'acteur le plus adapté aux spécificités locales.

La complémentarité des actions des deux réseaux doit également être maintenue. Dans un contexte budgétaire marqué par la recherche exacerbée de financements extérieurs, il semble difficile que deux opérateurs se positionnent sur un même marché au risque d'engendrer d'inutiles et contreproductives tensions. C'est ainsi que sur les cours de langue, les Alliances françaises doivent être très clairement privilégiées, les instituts et l'Institut français n'intervenant qu'en complément dans certains cas. Ce principe de non-concurrence avec les Alliances françaises explique d'ailleurs la minoration des recettes issues des cours de langues de certains instituts (Amérique latine, Corée du Sud, Croatie, Portugal).

2. Des synergies qui doivent être amplifiées

Comme l'an dernier, votre rapporteur pour avis s'interroge sur la capacité de l'Institut français à exercer le véritable pilotage stratégique d'un réseau culturel fonctionnant sur deux piliers, l'un public et composé des instituts culturels ayant statut d'EAF, l'autre de droit privé local et constitué des Alliances françaises. Alors que la décision a été prise de ne pas lui rattacher le réseau des instituts culturels, l'Institut français voit donc sa position fragilisée auprès des Alliances françaises dont la très grande autonomie de programmation et la proximité variable avec les postes diplomatiques ne favorisent pas nécessairement la cohérence de l'action culturelle extérieure de la France dans certaines zones géographiques, en particulier là où le réseau des Alliances est dominant.

Votre rapporteur pour avis estime donc nécessaire que l'Institut français identifie une série de délégués de l'Institut pour chaque zone géographique d'intervention qui seront chargés d'organiser, au moins chaque semestre, une conférence des principaux représentants du réseau culturel dans la zone, incluant des directeurs d'instituts culturels et d'Alliances françaises. Cette conférence devrait être l'occasion pour les intervenants de l'action culturelle extérieure de s'entendre sur des priorités stratégiques coordonnées.

Dans son rapport d'information de 2004 (ayant notamment conduit, par la loi de 2010 précitée, à la création de l'Institut français, de Campus France et d'Expertise France), votre rapporteur pour avis avait formulé la proposition d'un « pilotage unique » par le ministre des affaires étrangères, entraînant la mise en place « urgente » d'un secrétariat d'État ou d'un ministre délégué. Cette nouvelle structure ministérielle ne s'ajouterait pas à d'autres : elle aurait le mérite de faire travailler ensemble, en synergie, nombre d'acteurs épars qui sont pourtant liés entre eux pour la réalisation d'objectifs nationaux en matière de politique culturelle, linguistique, éducative de la France à l'étranger.

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