IV. L'ENTRÉE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION

Un exemple démontre le danger que représente la rigidité des structures de recherche en France : c'est l'absence de réaction des pouvoirs publics, des organismes de recherche et partiellement du système universitaire face à la grande mutation économique, culturelle et sociale de notre temps symbolisée par la thématique « autoroutes de l'information » à laquelle nous préférons la terminologie « société de l'information » plus générale et plus exacte.

« Electronic Highways », c'est le thème que le vice-président des États-Unis, M. Al Gore, a mis à l'honneur. C'est le thème qui sous-tend les grandes stratégies industrielles aux États-Unis, et qui intéresse les milieux les plus variés. Au départ, ceci concerne la télévision, les câblo-opérateurs, les opérateurs de Telecom, l'industrie informatique, les industriels du logiciel.

Par la suite, compte tenu des effets induits, toute la société est impliquée : les milieux médicaux (et les malades) à cause de la télémédecine, les milieux enseignants et les élèves par suite du développement du téléenseignement, le grand public en raison des potentialités -et des réalités-offertes en termes de formation professionnelle continue, du choix des lieux de vacances ou de tourisme par télématique, de développement de centres de télétravail, de téléservices, etc.

Dans le monde de la recherche, cette révolution concerne au premier chef le CNET et l'INRIA. Or ceux-ci n'ont pas bénéficié du doublement ou du triplement de leurs crédits qui serait à court terme indispensable. Certains autres organismes ont ouvert des cellules de recherche et de réflexion, mais qui restent généralement sous-dimentionnées au regard des besoins.

Ainsi le CNRS, les universités et les grandes écoles devraient semble-t-il. reconvertir d'urgence des équipes de recherche en sciences humaines, économiques et sociales vers l'analyse des effets et l'évaluation des multiples projets, programmes, services télématiques, et nouvelles pratiques qui se mettent en place.

L'industrie privée, grande ou petite, est beaucoup plus réactive -heureusement. Mais il semble là que le monde de la recherche n'ait pas compris le sens de l'impulsion donnée par le Gouvernement dans le cadre de l'appel à propositions pour les inforoutes, par la Commission de Bruxelles avec ses divers programmes spécialisés (dont les conditions de sélection restent toujours aussi lourdes et mystérieuses).

Cet exemple est typique de l'inertie constatée dans un secteur qui devrait pourtant être à l'affût de l'innovation.

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