III. UN ENVIRONNEMENT COMMUNAUTAIRE ET INTERNATIONAL INCERTAIN

A. 1999 : L'ANNÉE DES RÉFORMES COMMUNAUTAIRES

1. La réforme de la Politique Agricole Commune

a) Les principes de la réforme de mars 1999

Les principes de la réforme de la PAC peuvent être ainsi résumés :

- poursuite de l'alignement du marché intérieur sur le marché mondial, par la baisse des prix d'intervention et l'affaiblissement des mécanismes d'intervention ;

- généralisation des aides directes ne compensant que partiellement la baisse des prix ;

- plus grande subsidiarité laissée aux Etats pour prendre en compte les réalités agricoles, mettre en oeuvre l'éco-conditionnalité et éventuellement moduler les aides.

b) Les mesures prises pour les différentes organisations communes de marché

Pour l'OCM Grandes cultures , les décisions sont les suivantes :

- la fixation du taux de gel à 10 % ;

- l'alignement progressif des aides oléagineux sur les céréales ;

- une baisse des prix d'intervention de 15 % en deux étapes, le niveau des prix pour la campagne 2002-2003 étant arrêté sur la base de l'évolution des prix ;

- des paiements à la surface accrus, mais ne couvrant que 50 % de la baisse des prix ;

- le maintien d'une aide spécifique pour les protéagineux, mais en diminution de 7,5 % ;

- le versement des aides décalé d'un mois (à partir du 16 novembre). Soulignons que la spécificité " maïs " et l'herbe ensilage ont été prises en compte. En outre, le mécanisme des majorations mensuelles a été prorogé.

En ce qui concerne l'OCM lait , les mesures consistent en :

- une baisse des prix du beurre et de la poudre de lait de 15 % et de 17 % du prix indicatif du lait, partiellement compensée ;

- une hausse de 2,4 % en deux étapes du quota communautaire ;

- des enveloppes nationales de crédits communautaires créées à partir de 2005 pour financer soit un supplément de prix, soit une aide à l'hectare de pâturage permanent.

Il a été annoncée, en outre, une sortie à moyen terme du régime des quotas.

Pour l'OCM " viande bovine ", l'accord repose sur :

- une baisse des prix de 20 % en trois campagnes ;

- une revalorisation de la prime à la vache allaitante de 262 F, dont 131 F au titre du complément national ;

- la mise en place d'un stockage privé et le déclenchement du stockage public, si le prix descend en dessous de 10 % du prix de base, soit 11 francs/kg ;

- une augmentation de la prime spéciale pour les jeunes bovins de 55,5 % et de 38 % pour celle des gros bovins ;

- l'instauration d'une prime à l'abattage pour les animaux adultes et pour les veaux ;

- enfin, comme pour l'élevage laitier, des enveloppes nationales de crédits communautaires.

L'OCM vin

L'objectif de la réforme de l'OCM viti-vinicole est de permettre à une production européenne de qualité de développer ses performances dans un contexte économique globalement favorable à ce secteur. Cette réforme se traduit par :

- une simplification importante de la réglementation communautaire dans la mesure où le nouveau règlement unique remplace les vingt-trois règlements actuellement en vigueur ;

- des droits de plantations nouvelles, représentant 51.000 hectares au niveau européen, dont 13.565 ha pour la France. En outre, une réserve communautaire de droits supplémentaires de 17.000 ha a été mise en place et sera répartie en fonction des besoins des régions de production. De plus, une certaine flexibilité a été introduite dans le gestion des droits de replantation ;


Etats membres

Droits nouveaux (hectares)

Allemagne

1 534

Autriche

722

Espagne

17 355

France

13 565

Grèce

1 098

Italie

12 933

Luxembourg

18

Portugal

3 760

TOTAL

51 000

Réserve

17 000

- un soutien en faveur de la restructuration et de la reconversion du vignoble, en vue d'adapter la production aux besoins du marché. Ce soutien est limité à une certaine superficie pour chaque Etat membre ;

- une nouvelle réglementation concernant les pratiques oenologiques, reposant notamment sur le statu quo en matière d'enrichissement des vins (chaptalisation ou moût concentré). Par ailleurs, contrairement à la proposition de la Commission, la vinification des moûts importés et le coupage des vins communautaires avec des vins importés sont interdits ;

- une modification du régime de la distillation : la gestion du marché repose désormais uniquement sur la distillation en cas de crise (suppression des distillations obligatoire, volontaire et de soutien) et la distillation des alcools de bouche, dont le prix d'intervention sera fonction de l'état des marchés viti-vinicoles communautaires ;

- une reconnaissance des organisations de producteurs et des interprofessions dans la réglementation communautaire.

Votre Commission des Affaires économiques a suivi avec attention l'évolution des négociations. La décision prise à Berlin sur l'OCM viti-vinicole prend en compte d'ailleurs certaines demandes formulées par le Sénat en février 1999 17( * ) .

c) L'encadrement des aides

L'Agenda 2000 introduit deux nouveautés :

d'une part, l'écoconditionnalité des aides : dans le but de mieux articuler les soutiens octroyés dans le cadre des organisations de marché avec les préoccupations environnementales, les Etats membres doivent prendre des mesures consistant :

- à subordonner les aides à des actions agro-environnementales,

- à élaborer des prescriptions environnementales spécifiques constituant une condition d'octroi des aides.

M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, a décidé cette année de réserver le versement des aides majorées aux agriculteurs dont les cultures irriguées respectent la police de l'eau et disposent d'une autorisation de prélèvement. Pour la campagne suivante, le versement des aides sera subordonné à la présence de compteurs, afin de favoriser une bonne gestion de la ressource en eau.

D'autre part, la modulation des aides : les Etats membres ont la possibilité de réduire les aides versées aux agriculteurs dans une limite de 20 %, sur la base de trois critères :

- l'emploi, dans le cas où la main-d'oeuvre sur l'exploitation est inférieure à un seuil défini par l'Etat ;

- la prospérité globale des exploitations, dans le cas où la marge brute de l'exploitation est supérieure à un seuil fixé par l'Etat-membre ;

- le montant total des aides, dans le cas où celui-ci excède un seul fixé également par l'Etat membre.

Le produit de la modulation ainsi que les réductions d'aides liées à l'écoconditionnalité sont conservés par les Etats membres, qui peuvent l'utiliser au titre du règlement " développement rural ". Le plafonnement des aides, initialement envisagé par la Commission, a été abandonné . La dégressivité des aides demandée par la France, avec le double objectif de réduire la dépense agricole et de consolider le développement rural, n'a pas fait le consensus au niveau des Quinze.

Le ministre de l'agriculture a annoncé, le mercredi 28 juillet dernier, la mise en oeuvre de la modulation des aides directes, qui devra permettre d'assurer le financement des CTE, pierre angulaire de la loi d'orientation agricole. La modulation des aides directes était fondée initialement sur deux critères : le montant total des aides et l'emploi.

Dans le dispositif par le ministre de l'agriculture le 28 juillet dernier , les agriculteurs concernés par la modulation étaient ceux qui percevaient plus de 250.000 francs d'aides directes, correspondant à des exploitations d'au moins 100 hectares de céréales, oléagineux et protéagineux. Un barème progressif en fonction du montant des aides directes devait fixer le taux de modulation, qui aurait atteint 20 % pour les exploitations qui bénéficiaient de plus de 700.000 francs d'aides directes, soit les exploitations de plus de 280 hectares de céréales, oléagineux, protéagineux.

La prise en compte de l'emploi s'effectuait de la manière suivante :

- pour les groupements agricoles d'exploitation en commun (GAEC), et pour les associés actifs des exploitations agricoles à responsabilité limitée (EARL), le principe de transparence aurait été appliqué : le montant des aides aurait été divisé par le nombre d'associés actifs sur l'exploitation avant de déterminer le taux de prélèvement applicable sur l'ensemble des aides directes de l'exploitation ;

- pour tenir compte de l'emploi salarié, une réduction forfaitaire de 15.000 francs aurait été effectuée pour chaque emploi à temps plein sur le montant du prélèvement ;

- pour tenir compte de la main d'oeuvre familiale travaillant effectivement sur l'exploitation, une réduction forfaitaire de 5/12 des charges sociales plafonnée à 15.000 francs aurait été effectuée sur chaque co-exploitant sur le montant du prélèvement.

Compte tenu de l'ensemble de ces choix, 30.000 exploitations sur le s680.000 exploitations françaises auraient été concernées par la modulation des aides, soit environ 4 % d'entre elles.

Cette modulation des aides doit abonder les crédits destinés à la politique de développement rural analysée par mon collègue Henri Revol, rapporteur pour avis des crédits relatifs au développement rural.

Ce dispositif a été fortement critiqué par les OPA. Le ministre de l'agriculture, lors de la conférence agricole du 21 octobre dernier, a annoncé une modification de ce mécanisme avec une meilleure prise en compte du critère de l'emploi et l'intégration de la marge brute standard (MBS).

Votre rapporteur se félicite de cet infléchissement politique. Il ne comprend pas, néanmoins, les raisons de l'empressement de M. Jean Glavany, au mois de juillet dernier, à prendre une décision hâtive et démagogique.


Votre rapporteur pour avis considère, malgré les nouvelles propositions ministérielles, cette mesure comme :

- dangereuse dans la mesure où elle consacre l'agriculture duale, une agriculture devant en aider une autre. En effet, cette décision risque de fissurer à terme tout le système mutualiste, coopératif et syndical ;

- techniquement absurde puisque le choix des modalités d'application entraînait initialement la mise en place d'une logique difficilement compréhensible : pour bon nombre d'exploitations agricoles situées en zones intermédiaires, 20% de modulation provoquait 40 % de revenu en moins. Si la prise en compte de la MBS permet de réduire quelques injustices, elle ne règle pas tous les problèmes ;

- démagogique puisque seront pénalisées les entreprises agricoles économiquement viables. Conjuguée avec le passage obligatoire aux 35 heures, l'application de la modulation pourrait provoquer " une augmentation de la puissance des matériels entraînant ainsi une baisse des temps de travail, donc des salaires et jusqu'à la baisse du nombre d'employés 18( * ) ;

- injuste et discriminatoire puisqu'elle touche presque exclusivement les exploitations consacrées aux céréales et aux oléoprotéagineux. On peut, en outre, s'étonner que, contrairement aux EARL et aux GAEC, le principe de transparence ne soit pas appliqué aux sociétés civiles d'exploitations agricoles.

d) Brève analyse de la réforme communautaire

Votre rapporteur pour avis s'interroge sur certains points de la réforme communautaire :

- tout d'abord, les perspectives de développement de la sole oléagineuse paraissent compromises en raison de l'évolution des prix et de l'équilibre du marché du blé : en outre, l'indépendance de l'Union européenne pour son approvisionnement en protéines végétales est à nouveau fragilisée ;

- ensuite, le marché de la viande bovine est déstabilisé compte tenu de l'abandon de la prime " Hérode ", de la limitation de l'exportation subventionnée et du manque d'efficacité des mécanismes de gestion ;

- l'augmentation du quota communautaire, le niveau des prix et l'annonce de la sorte des quotas pourraient déséquilibrer à moyen terme les marchés laitiers ;

- enfin, plusieurs interrogations demeurent sur les modalités de la conditionnalité environnementale : s'agit-il d'un simple respect des réglementations existantes ou d'un encouragement à certaines pratiques ? Quel est le lien entre les réglementations et la production aidée, quel sera le niveau de la sanction ?

Soulignons que cinq groupes de travail ont été installés le 20 mai dernier au sein du Conseil supérieur d'orientation, sur plusieurs thèmes tels que : le bilan des accords de Berlin, la mise en oeuvre de la modulation des aides, le plan de régionalisation des rendements et le contrôle et l'approvisionnement des aides communautaires.

L'ensemble des règlements sur la mise en oeuvre de la PAC ont été adoptés sans débat le 17 mai à Bruxelles par les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne.

Votre rapporteur pour avis s'inquiète des conséquences de cette réforme sur l'évolution du revenu des agriculteurs. Une étude menée par l'INRA de Nantes prévoit une baisse d'environ 7 % en moyenne du revenu net de l'ensemble des exploitations.

2. La réforme de la politique structurelle

La politique de cohésion économique et sociale que l'Union européenne conduit à travers les fonds structurels (FEDER - FSE - FEOGA) a été également réformée avec un maintien de l'effort financier de l'Union européenne, soit un tiers du budget européen. Quatre principes sont mis en avant : l'adaptation aux différentes mutations de la société (industrielles, sociales...), la concentration de l'intervention dans des domaines prioritaires, la simplification et le partenariat dans le cadre d'une plus grande subsidiarité.

Ces principes se traduisent :

par une diminution du nombre d'objectifs prioritaires. Désormais, les fonds structurels poursuivront trois objectifs :

- le développement et l'ajustement structurel des régions en retard de développement. Pour la France, cet objectif concerne les DOM ;

- le soutien de la reconversion économique et sociale des zones en difficulté structurelle, que ce soit pour les zones industrielles, les zones rurales, les zones urbaines et celles dépendantes de la pêche. Pour la France, cet objectif prend le relais de l'ancien objectif 5b ;

- le développement des ressources humaines en modernisant les politiques d'éducation, de formation et d'emploi.

par une concentration géographique des interventions, qui se traduira par une réduction des zones actuellement éligibles .

L'adoption du rapport pour avis sur les crédits réservés au développement rural sera l'occasion d'examiner les propositions françaises et l'accueil qui leur a été fait à Bruxelles.

par le regroupement d'une série de mesures de développement rural existantes (pré-retraite, agri-environnement, sylviculture, zones défavorisées, installation...) dans un cadre unique, avec une reconduction de l'enveloppe. Les principaux changements résident dans la prise en compte de la dimension environnementale et de l'élargissement du concept de zones défavorisées à des zones soumises à des contraintes environnementales.

Cette politique rurale constitue un enjeu majeur pour la France , qui, au cours de la période passée, a été la première bénéficiaire de la politique structurelle (installation, investissements...), avec 30 % de l'enveloppe et de la politique de développement des zones rurales avec 32 % de l'enveloppe.

3. Le cadre financier de la PAC et de la politique de développement rural

Le sommet de Berlin a permis de dégager un cadre financier pour la période 2000-2006 . Le cadre retenu pour la période 2000-2006 prévoit, pour la première fois, que l'Union s'engage dans une politique d'économies en stabilisant les dépenses de toutes ses politiques communes . Il s'agit d'une nécessité pour respecter la discipline budgétaire imposée par l'euro tout en préparant l'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale.

Le système de calcul des " ressources propres " qui alimentent le budget de l'Union européenne a été modifié . La part des recettes de TVA va diminuer pour être ramenée à 0,75  % en 2004 mais il n'est pas question de la supprimer complètement, comme cela avait été envisagé, en raison de l'opposition de l'Italie et de la Belgique. Parallèlement, la ressource proportionnelle au produit national brut va augmenter.

Les Quinze n'ont finalement pas modifié substantiellement la compensation octroyée depuis 1984 à la Grande-Bretagne. Le mécanisme qui a été alors mis en place consiste à réduire des deux tiers le solde budgétaire négatif du Royaume-Uni. Le principe et le calcul de cette compensation sont maintenus. En revanche, Londres devra contribuer aux dépenses des futurs élargissements et, en attendant, à celles des pré-adhésions. Selon les experts, l'impact général de ces modifications devrait réduire de 220 millions d'euros (1,4 milliard de francs) au total le chèque britannique -qui atteignait 3,2 milliards d'euros (21 milliards de francs) en 1998 et 2,5 milliards (16,4 milliards) en moyenne sur la période 1997-1998-.

Par ailleurs, les contributions à la charge de l'Allemagne, de l'Autriche, des Pays-Bas et de la Suède ont été réduites à Berlin pour ne pas représenter plus de 25 % du total à partir de 2002. L'essentiel de la différence sera payé par la France, l'Italie, la Belgique et le Danemark, les négociateurs français estimant que cette contribution supplémentaire représentera environ 200 à 250 millions d'euros supplémentaires chaque année.

Les dépenses agricoles et de développement rural ont été stabilisées pour la même période.

L'enveloppe annuelle ne devra pas dépasser 40,5 milliards d'euros
(265,7 milliards de francs), ce qui porte le montant global des dépenses sur l'ensemble de la période, compte tenu de l'inflation, à 310 milliards d'euros (2.033 milliards de francs).

La part de la PAC (50,6 %) dans l'ensemble du budget communautaire va donc encore baisser au cours des années à venir . Les économies réalisées par rapport au dernier projet de compromis sont obtenues par deux mesures : d'une part, un report de deux ans supplémentaires, c'est-à-dire jusqu'en 2005, de la réforme du lait, qui était jugée inutile et coûteuse : d'ici là, il n'y aura pas de baisse des prix de référence ni d'augmentation des quotas : l'économie réalisée est de l'ordre de 3 milliards d'euros sur l'ensemble de la période 2000-2006. D'autre part, la baisse du prix d'intervention des céréales a été ramenée à 15 % pour l'ensemble de la période au lieu des 20 % souhaités par les divers projets de compromis. Cette correction permet d'économiser, sur sept ans, 4,2 milliards d'euros sur les aides directes compensatoires.

L'initiative du Gouvernement français consistant à rééquilibrer les aides en en prélevant une partie sur les producteurs de céréales et de viande au profit du développement rural, des petites exploitations, de la qualité, n'a pas été retenue . Cette mesure avait, pour certains experts, l'avantage de réduire les aides " couplées ", c'est-à-dire celles qui ont tendance à encourager la production, et d'accroître les aides découplées. Cette distinction pourrait prendre toute son importance lorsque les négociations sur la libéralisation de l'agriculture vont reprendre dans le cadre de l'OMC .

La section garantie du Fonds agricole européen (FEOGA) financera les dispositions prévues par les organisations communes de marché, les restitutions à l'exportation, les actions de développement rural en dehors de l'objectif 1 (régions en retard de développement) -à l'exception de l'initiative communautaire Leader-, la contribution communautaire à des actions vétérinaires et phytosanitaires et les actions d'information sur la PAC. La section orientation du FEOGA finance le développement rural dans les régions de l'objectif 1 et le programme Leader.

DÉPENSES AGRICOLES 2000-2006


Millions d'euros,

prix 1999 (1)

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Total

Total future PAC, dont :

40.920

42.800

43.900

43.770

42.760

41.930

41.660

297.740

- marchés (2)

36.620

38.480

39.570

39.430

38.410

37.570

37.290

267.370

- développement rural (3)

4.300

4.320

4.330

4.340

4.350

4.360

4.370

30.370

1 - Pour le calcul des montants aux prix courants, un déflateur de 2 % sera utilisé.

2 - Incluant les mesures vétérinaires et phytosanitaires et excluant les mesures d'accompagnement.

3 - Incluant les mesures d'accompagnement.

A ces dépenses s'ajoutent les actions de développement rural hors Objectif 1 financées par le FEOGA-orientation.

Toutes les actions de développement rural sont cofinancées par la Commission européenne et les Etats membres.

4. Bilan des autres réformes européennes dans le secteur agricole

a) Une réforme à réformer : l'OCM fruits et légumes

La nouvelle OCM " fruits et légumes " est entrée en vigueur en 1997. Depuis la majorité des organisations professionnelles demandent la clarification et la simplification de cette réglementation. Votre rapporteur pour avis souhaite insister, d'une part, sur la difficile application de certaines règles communautaires et, d'autre part, sur les problèmes posés par la modification des circulaires françaises d'application du règlement CEE 2200/96 : les responsables d'un grand nombre d'organisations de producteurs contestent l'esprit de ces circulaires, qui opèrent une rupture brutale des règles du jeu, remettant en cause la logique d'adaptation progressive de leurs structures à la nouvelle OCM.

Le règlement du Conseil n° 2200/96, daté du 28 octobre 1996, définit un nouveau mécanisme de financement du secteur des fruits et légumes par les fonds communautaires (articles 15 et 16 du règlement), en créant des " fonds opérationnels " co-financés à parité par les producteurs et le Fond européen d'Orientation et de Garantie agricole (FEOGA), section Garantie. Ainsi les aides communautaires sont accordées à condition que les organisations de producteurs établissent des " programmes opérationnels " pluriannuels nécessaires au développement économique et commercial. L'aide communautaire est limitée de trois manières :

- L'Union européenne finance à 50 % les fonds opérationnels ;

- La dotation communautaire maximale théorique pour le cofinancement de ces fonds opérationnels est égale, pour chaque organisation de producteurs, à 4,5 % du chiffre d'affaires (valeur de la production commercialisée ou VPC) de l'organisation de producteurs ;

- le principe du cofinancement est assorti d'un plafond d'intervention communautaire fixé à 2,5 % du chiffre d'affaires de l'ensemble des organisations de producteurs de l'Union européenne.

Dans les perspectives financières prévues par l'Agenda 2000, la limite budgétaire annuelle pour le secteur des fruits et légumes (bananes y compris) est de 1,9 milliard d'euros.

Conscients de ces difficultés d'application au niveau tant communautaire que national, la Commission européenne a proposé certaines adaptations qui ont été approuvées par le Parlement européen en avril dernier.

Par ailleurs, la France, l'Espagne et l'Italie, les plus grands producteurs de fruits et légumes de l'Union européenne, ont remis un mémorandum à la Commission . Ces Etats craignent la concurrence des pays tiers (où les coûts de production et de main d'oeuvre sont inférieurs) dans un marché soumis à la globalisation des échanges. " Dans un contexte de diminution des dotations communautaires consacrées au secteur (...), il paraît nécessaire, dans la limite des dépenses prévues au titre de l'Agenda 2000 (1,9 milliard d'euros), d'adopter les mesures permettant une meilleure mobilisation des crédits existants ", suggère le document des délégations espagnole, française et italienne.

En conséquence, les délégations proposent un taux d'intervention communautaire fixe, sous forme d'un plafond unique égal à 4,5 % du chiffre d'affaires par organisation de producteurs. " Il ne convient pas que soient fixées d'autres limitations ne permettant pas aux organisations de producteurs de bénéficier d'un cofinancement communautaire à 50 % de leur fonds opérationnels. Cela revient à supprimer le plafond de 2,5 % du chiffre d'affaires global de l'ensemble des organisations de producteurs, qui permettrait pourtant à la Communauté d'éviter tout dérapage budgétaire ", souligne le document commun.

Les délégations espagnole, française et italienne ne manquent pas de faire remarquer le niveau marginal de contribution des organisations de producteurs (OP) à la production annuelle de fruits et légumes dans l'Union européenne (78 millions de tonnes durant la période 95-97, dont 1,6 million de tonnes destinées à l'exportation). " En 1997, seulement 30 % de la production a été commercialisée par l'intermédiaire des organisations de producteurs ", rapporte le mémorandum, tout en remarquant que les OP " doivent participer plus sensiblement à l'équilibre de l'offre et de la demande dans un marché toujours plus compétitif ". Cette pression est d'autant plus importante que dans le cadre des accords négociés par l'Union européenne en vue de la constitution de zones de libre-échange, les fruits et légumes font l'objet de concessions tarifaires préférentielles conséquentes.

Votre rapporteur pour avis souligne, en marge de cette réforme, que la cinquième session du comité mixte franco-espagnol des fruits et légumes s'est déroulée dans un climat particulièrement constructif . Au delà des bonnes relations entre administrations et professionnels des deux pays, il convient de souligner la volonté, de part et d'autre, d'élaborer des projets en commun au profit mutuel de la France et de l'Espagne. Le programme de promotion de la fraise en est une excellente illustration.

Peu de sujets se sont avérés véritablement conflictuels, les Espagnols s'étant montrés beaucoup plus conciliants sur le thème des importations de tomates marocaines que lors du groupe de contact de Perpignan. L'intensification des relations entre professionnels au cours des périodes de " télescopage " des productions française et espagnole est un point particulièrement positif. Il permettra, à tout le moins, d'éviter que ne se propagent certaines rumeurs qui peuvent s'avérer particulièrement néfastes pour l'ensemble des producteurs.

Votre rapporteur pour avis tient à féliciter le groupe de travail dirigé par MM. Huchon, Legrand et Minetti qui ont, en permanence, favorisé une relance du dialogue franco-espagnol dans ce secteur.

b) Un accord sur le renforcement des normes de protection des poules pondeuses

Le 11 mars 1998, la Commission européenne a adopté une proposition de directive du Commissaire européen à l'agriculture, M. Franz Fischler, visant à améliorer les conditions minimales de logement des poules pondeuses. Le protocole sur le bien-être des animaux, annexé au traité de Maastricht et dont l'adoption est prévue dans le Traité d'Amsterdam, oblige la Commission à présenter des propositions en ce sens. De plus, les Etats membres de l'Union européenne ont tous ratifié la convention du Conseil de l'Europe sur la protection des animaux de ferme.

Le projet de directive vise à augmenter l'espace des poules dans les nouvelles cages tout en fixant des règles concernant l'environnement des oiseaux (température, éclairage, nourriture et eau disponible). La présidence autrichienne (fin 1998) puis la présidence allemande (le 30 mars 1999) ont élaboré deux nouvelles moutures des propositions initiales. De manière générale, l'évolution de ces dispositions va dans le sens d'une plus longue période transitoire en faveur des éleveurs, mais avec des garanties plus étendues pour le bien-être des poules.

Les ministres de l'agriculture de l'Union européenne ont décidé le 15 juin dernier à Luxembourg de renforcer sensiblement et de manière progressive les conditions minimales de logement des poules pondeuses dans l'Union européenne à partir du 1 er janvier 2002 . Le recours aux cages en batterie, qui représentent 93 % des élevages communautaires, sera totalement interdit à partir de 2012.

A compter du 1 er janvier 2002, les élevages nouvellement créés ou transformés devront mettre en place, soit les dispositions applicables à l'élevage alternatif (densité de 9 poules par m 2 de surface, etc.), soit opter pour des cages aménagées (espace minimal par poule de 750 cm²). En ce qui concerne les cages en batterie actuelles -interdites en 2012- une première contrainte interviendra à compter du 1 er janvier 2003, puisque l'espace minimal requis par poule devra être porté de 450 cm2 à 550 cm2. La directive communautaire prévoit une exemption pour les établissements de moins de 350 poules et pour les élevages de poules reproductrices.

La Commission européenne soumettra aux Quinze, au plus tard le 1 er janvier 2005, un rapport, assorti de propositions appropriées, sur les différents systèmes d'élevage des poules pondeuses utilisés, en tenant compte notamment de leurs implications économiques et commerciales. Le Conseil et la Commission soulignent que la prise en compte, sur le plan international, des règles concernant le bien-être animal doit constituer " un des points fermes du mandat pour le prochain round de négociations de l'OMC ".

Les équipements prévus à compter du 1 er janvier 2002 pour les systèmes alternatifs sont les suivants : mangeoires longitudinales de moins de 10 cm de longueur par poule ou circulaires offrant 1 cm de longueur par animal ; abreuvoirs continus de 2,5 cm de longueur par animal ou circulaires (1 cm) ; un nid pour 7 poules et 1m 2 pour 120 poules pour les nids collectifs ; perchoirs sans arête et offrant au moins 15 cm par animal ; litière d'au moins 250 cm 2 par poule, la litière occupant au moins un tiers de la surface au sol.

Diverses dispositions sont également prévues pour les systèmes d'élevage qui permettent aux animaux de se déplacer librement entre les différents niveaux et lorsque les poules ont accès à des espaces extérieurs. La densité animale des élevages alternatifs ne doit pas comporter plus de 9 poules par m² de surface utilisable. Toutefois, lorsque la surface utilisable correspond à la surface au sol disponible, les Etats membres peuvent autoriser jusqu'au 31 décembre 2011 une densité animale de 12 poules par m².

Les dispositions prévues pour les cages aménagées, à partir du 1 er janvier 2002, sont les suivantes : superficie d'au moins 750 cm² par poule dont 600 cm² de surface utilisable, nid, litière permettant le picotage et le grattage, perchoirs offrant au moins 15 cm par poule, mangeoire d'au moins 12 cm par poule 19( * ) .

Selon la France, le passage d'un espace minimum par poule de 450 cm², comme le prévoit la réglementation communautaire, à 550 cm² à compter de 2003, se traduira par des augmentations des coûts de production de 8 à 12 % par oeuf produit, selon la taille des cages . La hausse serait due à l'augmentation des charges fixes par poule, à la détérioration probable de l'indice de consommation et à l'augmentation du nombre d'oeufs cassés. En outre, le différentiel des coûts de production, qui s'accroît très sensiblement lorsque les normes de surface passent à 550 cm² par poule, " conduira inévitablement les opérateurs à importer des ovoproduits à meilleur coût depuis les pays tiers ". Les pouvoirs publics et les professionnels redoutent en particulier des importations massives d'oeufs et d'ovoproduits à bas prix en provenance des Etats-Unis, où la norme est de 310 cm² par poule.

Compte tenu de la nécessité d'assurer des conditions de concurrence équivalente entre les producteurs de l'Union européenne et ceux des pays tiers, votre rapporteur pour avis se félicite que les instances européennes aient estimé que la prise en compte, au niveau international, des règles concernant le bien-être animal doive constituer un des points fermes du mandat de négociation pour le " Cycle du Millénaire " à l'OMC.

c) L'accompagnement des producteurs pour le passage à l'OCM tabac

La nouvelle OCM met en place une modulation de prime en fonction de la qualité de la production et, pour les tabaculteurs qui ne pourraient obtenir une production de qualité et seraient mis en difficulté, un mécanisme de rachat des quotas leur permettant de quitter ce secteur.

Selon le profession, cette réforme induit une valorisation des quotas très dissuasive pour l'installation des jeunes exploitants et pénalisante pour l'intensification des ateliers existants.

Désireux que le passage à la nouvelle OCM soit le moins difficile possible pour les planteurs français, votre rapporteur pour avis estime nécessaire la finalisation rapide des directives nationales d'application et regrette que les professionnels ignorent toujours les mécanismes concrets de cette OCM. Se pose, en outre, la question relative aux nouveaux accompagnements financiers qui pourraient prendre la forme d'une augmentation des enveloppes aux investissements individuels.

Selon le ministère de l'agriculture, une nouvelle saisine de la Commission européenne pour une adoption de l'OCM n'est envisageable qu'une fois les points de blocage définis. Sur le problème des aides aux investissements, les crédits ont été augmenté en 1998 de 25 %. Les crédits de l'enveloppe nationale " Burley " (aide technique) pour la récolte 1997 sont versés par l'Oniflhor.

Par ailleurs, le Ministre a précisé que la tabaculture devrait jouer tout son rôle dans les contrats territoriaux d'exploitation (CTE).

LA TABACULTURE FRANÇAISE

6.500 producteurs regroupés sur 64 départements :

37 % de la production en Aquitaine

19 % en Alsace et Nord

17 % en Midi-Pyrénées

15 % en Poitou Val de Loire

12 % en Rhône-Alpes

9.067 hectares plantés en 1998 :

3.435 de Virginie

2.636 de Burley

2.996 de tabac brun

La production française s'élève à quelque 26.000 tonnes et un chiffre d'affaires de 740 millions de francs dont 45 % à l'exportation.

Sur des exploitations d'une taille moyenne de 55 hectares de SAU, orientées soit sur les céréales, soit sur l'élevage ou la polyculture, le tabac, avec 1,50 hectare de moyenne nationale (1 ha en brun et Burley -2,5 en Virginie) utilise moins de 5 % de la surface, mobilise 55 % du travail des permanents et dégage plus de 40% du revenu (données RESOTAB).

d) La valorisation de l'agriculture biologique au niveau européen

Les ministres de l'agriculture sont parvenus à un accord politique à l'unanimité, en juin dernier, sur une modification du règlement 2092/91 complétant pour les productions animales les règles concernant le mode de production biologique des produits agricoles végétaux .

Cette modification, qui s'appliquera dans les douze mois après sa publication au Journal officiel des Communautés européennes -à l'exception de l'interdiction d'utiliser des organismes génétiquement modifiés qui entrera en vigueur avec effet immédiat- établit des règles harmonisées dans ce secteur. Le futur règlement prévoit notamment un label " bio " européen , que pourront apposer les éleveurs respectant un certain nombre de conditions. Parmi celle-ci, citons l'interdiction de donner aux animaux des produits issus d'organismes génétiquement modifiés, ainsi que des antibiotiques à titre préventif ou des accélérateurs de croissance. L'incorporation dans la ration alimentaire d'aliments de conversion est autorisée à concurrence de 30 % de la formule alimentaire de conversion. Lorsque ces aliments proviennent d'une unité de l'exploitation même, ce chiffre peut être porté à 60 %.

La France, qui possède une réglementation déjà avancée en matière de production biologique animale, a estimé que ce règlement souffrait encore de nombreuses insuffisances, notamment en ce qui concerne les dérogations accordées aux Etats membres . Soutenue par la Belgique, l'Espagne, la Grèce et le Portugal, elle n'a donné son accord au texte du règlement que moyennant la publication d'une déclaration qui, tout en reconnaissant que des améliorations avaient été apportées au texte du règlement, estime cependant que " cette réglementation est encore insuffisante pour permettre à l'agriculture biologique européenne, en particulier au secteur des productions animales, d'atteindre un niveau qualitatif différencié par rapport à l'agriculture conventionnelle. Ces insuffisances résident notamment dans le nombre encore important de dérogations et dans la durée excessive des périodes dérogatoires. La France fonde l'espoir que les autorités ou les organismes de contrôle des Etats membres ne recourront que modérément à ces dérogations afin de garder une bonne crédibilité à l'agriculture biologique. Le compromis de la Présidence allemande constitue une première étape dans l'amélioration qualitative des normes pour l'agriculture biologique européenne. La France demande que ce processus soit poursuivi, notamment au vu des résultats des évaluations que la Commission doit mener lors des différentes échéances prévues par le règlement ".

Votre rapporteur pour avis, s'il reconnaît le progrès que constitue cette réglementation, considère que celle-ci est notoirement insuffisante, 46 dérogations étant déjà prévues dans ce règlement.

Votre rapporteur pour avis rappelle que l'agriculture européenne est passée, de 1993 à 1997, de 889.919 hectares à 2.209.866 hectares.

SUPERFICIE AGRICOLE CERTIFIÉE BIOLOGIQUE ET/OU EN RECONVERSION PAR ETAT MEMBRE

Union européenne

Superficie agricole certifiée biologique ou/et en reconversion en 1993 (ha)

Superficie agricole certifiée biologique et/et en reconversion en 1996 (ha)

Pourcentage de la surface agricole utilisée (SAU) totale en 1996

Allemagne

202 379

310 484

1,81

Autriche

84 000

249 662

7,18

Belgique

1 600

5 000

0,35

Danemark

10 090

42 184

1,54

Espagne

11 675

28 130

0,09

Finlande

15 859

44 732

1,94

France

87 829

98 000

0,32

Grèce

500

4 500

0,09

Irlande

5 101

11 104

0,25

Italie

30 000

204 238

1,22

Luxembourg

500

625

0,49

Pays-Bas

10 053

130486

0,68

Portugal

2 000

10 192

0,26

Suède

46 390

105 000

3,37

Royaume-Uni

35 000

47 901

0,28

TOTAL

552 976

1 175 238

0,84

Source : Eurostat

e) La mise en place de mesures de sauvegarde pour préserver l'OCM sucre

Dans une communication de la Commission européenne de juin dernier, celle-ci relève que le sucre importé en masse des pays et territoires d'outre-mer, à des prix très faibles, vers la Communauté suscite de vives inquiétudes chez les Etats membres producteurs et met en péril le fonctionnement de l'organisation commune de marché (OCM) dans ce secteur . Pour y faire face, la Commission a décidé d'appliquer la clause de sauvegarde relative à l'importation dans la Communauté de produits du secteur du sucre, en l'état (sucre de canne ou de betterave et saccharose chimiquement pur) et sous forme de produits à forte concentration du sucre (mélange de sucre et de cacao), originaires d'Aruba (territoire néerlandais 20( * ) ).

Votre rapporteur pour avis rappelle que la procédure de mesures de sauvegarde est inscrite à l'article 109 de la décision 97/803, laquelle prévoit un régime des échanges pour les produits agricoles et industriels entre les pays d'outre-mer et les pays tiers, les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et la Communauté. Cette décision reconnaît le principe de l'accès dans le territoire douanier de la Communauté en exonération des droits à l'importation ou de taxes d'effet équivalent des produits originaires des pays d'outre-mer.

L'organisation commune de marché dans le secteur du sucre est régie par le Règlement n° 1785/81 qui se caractérise par un régime des prix, un régime des quotas reconduit en 1995 jusqu'à la campagne 2000/2001, un régime d'échanges avec les pays tiers et un système d'autofinancement. Le soutien communautaire a lieu par le truchement de prix d'intervention auquel les organismes d'intervention achètent tout le sucre qui leur est offert par les producteurs communautaires. Parallèlement, il existe un prix minimal pour les betteraves, que les fabricants de sucre doivent payer aux agriculteurs communautaires. Le système d'autofinancement est un des traits caractéristiques de cette OCM : pour assurer la neutralité budgétaire du système, les frais d'écoulement des excédents de sucre produit dans la Communauté sont supportés par les producteurs de betteraves et les fabricants de sucre communautaires, qui payent une cotisation instituée à cette effet. Ainsi, les coûts de conservation du sucre sont remboursés par un système d'avance sur les coûts de stockage privé. En revanche, le stockage public est peu utilisé, du fait de l'exportation des excédents.

5. Les perspectives d'élargissement de l'Union européenne

Les premières adhésions prévues à partir de 2003 pour les six Etats retenus dans la première vague (Estonie, Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovénie et Chypre) pourraient être reportées à 2006 ou 2007.

Depuis avril 1998, date à laquelle les négociations d'adhésion ont été entamées, quatorze chapitres de " l'acquis communautaire " ont été traités. A peine plus de la moitié de ces chapitres peuvent être considérés comme " provisoirement conclu ". A cet égard, les Quinze s'apprêteraient à refuser un certain nombre de demandes de dérogation à la législation communautaire, jugées incompatibles avec la politique commerciale commune, l'application du tarif douanier commun et la PAC.

L'agriculture et l'agro-alimentaire constituent en effet un épineux problème pour les candidats à l'adhésion.

Les questions essentielles que devront trancher les pays candidats porteront sur leur volonté et leur capacité à aligner leur agriculture nationale sur les normes communautaires et sur l'opportunité de mettre en place des périodes transitoires pour certaines parties de l'acquis communautaire. Toute une série d'autres questions se poseront, de la réforme agraire à l'emploi et au développement rural, en passant par les contrôles douaniers 21( * ) .

Dans la plupart des pays candidats, le prix d'un grand nombre de produits agricoles est encore inférieur à celui pratiqué dans l'Union européenne. De même, les investissements en capitaux ainsi que la réorganisation indispensable pour rendre les exploitations agricoles compétitives, surtout dans le secteur du bétail, n'ont pas encore produit de véritable impact. La transformation en aval dans le secteur agro-alimentaire accuse un retard important par rapport à l'UE. Les PECO semblent donc encore loin d'avoir atteint le stade où ils pourront faire face au choc de la hausse des prix et à la concurrence des fournisseurs de l'Union européenne.

La Commission européenne a suggéré en octobre dernier de traiter l'élargissement de l'Union à l'Est selon une approche globale. Si de nouvelles possibilités seraient ainsi offertes aux pays candidats, dans la mesure où les négociations d'adhésion seraient rendues accessibles à tous ceux qui satisfont aux critères politiques, ce nouveau système permet à l'exécutif européen d'exclure tout pays qui ne se conformerait pas aux exigences communautaires.

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