D. LA RÉUNION : UNE AMÉLIORATION CONTINUE DE L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

L'année 1998 s'est achevée sur un bilan globalement positif, sans avoir été marquée par des cycles conjoncturels contradictoires. Si l'activité a été favorisée par la demande intérieure, un nombre élevé de ménages reste néanmoins confronté à de graves difficultés financières. Cependant, cette embellie de l'économie locale se traduit pour la première fois de façon positive sur les chiffres du chômage.

1. Des résultats encourageants pour la plupart des secteurs économiques, hormis en agriculture

Le secteur agricole connaît en effet des difficultés persistantes et les résultats de 1998 ont été décevants.

La canne à sucre demeure la culture dominante de l'île, bien que la surface agricole consacrée à cette culture spéculative marque un recul continu, passant de 37.500 hectares en 1985 à 25.600 hectares en 1997 (soit - 31,7 %), sous les effets conjugués de l'urbanisation, de la construction d'infrastructures routières et de la diversification progressive des petites exploitations. Au cours des cinq dernières années, cette diminution atteint en moyenne 1,5 % par an. La campagne sucrière (1997-1998) a connu une chute des tonnages de canne passant de 1.910.000 tonnes à 1.675.000 tonnes, cette régression s'expliquant par la sécheresse et le développement des attaques de vers blancs dans le sud . En 1998, la richesse en sucre est légèrement inférieure - 0,25 point par rapport à 1997- et les tonnages en sucre ont diminué, passant de 207.110 tonnes en 1997 à 179.981 tonnes en 1998.

Le recul des surfaces occupées par les cultures secondaires d'exportation, notamment les huiles essentielles et la vanille, s'est poursuivi en 1997 (1.053 hectares contre 1.365 hectares en 1995, soit - 23 %). Ces dernières représentent désormais moins de 2 % de la surface agricole utilisée.

En revanche, les surfaces consacrées aux cultures maraîchères, fruitières et vivrières (+ 1,3 %), ainsi que les surfaces occupées par les prairies et pâturages destinés à l'élevage (+ 3,2 %), en liaison avec l'essor des filières animales, ont encore progressé en 1997. La filière fruits et légumes, qui constitue la première spéculation agricole de l'île avant la canne à sucre avec près de 32,97 % de la valeur de la production agricole finale, poursuit sont développement. La production légumière couvre aujourd'hui la quasi-totalité des besoins de la population réunionnaise, tandis que les importations représentent le quart de la consommation fruitière annuelle.

S'agissant du secteur de la pêche , les prises ont sensiblement progressé en 1998, essentiellement pour la pêche au large et la pêche industrielle, dont les volumes de capture augmentent respectivement de 39,3 % et 5,8 %. En conséquence , les exportations ont également sensiblement progressé, tant en volume qu'en valeur en raison de la hausse des cours de la légine .

Malgré la mise en place de quotas, l'avenir de la pêche industrielle reste menacé par l'exploitation massive et illégale des ressources halieutiques des Terres australes et antarctiques françaises, notamment en raison du succès de la légine sur les marchés japonais, taiwanais, chinois et nord-américain. En l'absence d'un accord international entre les pays concernés, les autorités françaises ont considérablement renforcé le dispositif de lutte contre ces pratiques illégales en relevant fortement le montant des amendes. En 1999, trois palengriers arraisonnés ont été coulés à Port-Réunion, après que la déchéance des droits de propriété de l'armateur a été prononcée par le ministre de l'Equipement.

Au sein du secteur secondaire, les résultats économiques sont meilleurs en 1998 pour l'ensemble de l'industrie . Mais le rythme de développement des marchés d'import-substitution se ralentit, du fait de la modification du régime de défiscalisation . La croissance, pour se poursuivre, doit s'appuyer désormais sur le développement des exportations, ce qui suppose une amélioration des gains de productivité des entreprise.

L'activité du bâtiment et des travaux publics a été soutenue en 1998 grâce à une progression sensible de la commande publique sur des investissements routiers et du génie civil. Mais, s'agissant de la construction de logement sociaux, les résultats sont inférieurs à ceux de 1997, en raison de la baisse du taux d'engagement de la ligne budgétaire unique.

Enfin, la Réunion connaît un essor touristique soutenu depuis la fin de la guerre du Golfe , avec une progression soutenue du nombre de touristes : + 14 % en 1996, + 7 % en 1997 et + 5,5 % en 1998 avec 390.643 visiteurs .

Le tourisme d'agrément reste majoritaire (56,7 % des visiteurs) devant le tourisme affinitaire (30 % des visiteurs). Les touristes proviennent surtout de la métropole (82 %) et de l'île Maurice (9,5 %) ; mais la clientèle européenne étrangère est en forte progression (+ 27 % en 1998). La Réunion occupe la deuxième place des destinations de la zone sud de l'Océan indien derrière l'île Maurice.

Avec des recettes locales atteignant 1,56 milliards de francs en 1998
(contre 1,45 milliards de francs en 1997), le tourisme est devenu la première activité exportatrice de l'île, avant le sucre qui procure environ 700 millions de francs de recettes à l'exportation.

2. Des signes d'amélioration sur le marché du travail

Pour la première fois depuis le début de la décennie, le chômage a reculé en 1998 à la Réunion. Au 1 er janvier 1999, les demandes d'emplois non satisfaites s'élèvent en effet à 95.769 au lieu de 100.055 fin décembre 1997, soit une diminution de 4,3 % après une hausse de 6,4 % observée au cours de l'année précédente. Corrigée des variations saisonnières, l'amélioration atteint 3,1 %. L'indicateur de chômage publié par le ministère du travail et des Affaires sociales s'établit ainsi à 35,7 %, ce qui constitue toutefois, malgré une diminution de 1,5 point en un an, le niveau le plus élevé de tous les départements français.

Après avoir progressé en 1996 et 1997, le chômage des jeunes recule sensiblement (- 10,9 % en 1998) mais le chômage de longue durée continue de s'accroître. Son pourcentage dans le total passe ainsi de 45 % fin décembre 1997, à 47,7 % fin décembre 1998, et 23,3 % des chômeurs de longue durée sont inscrits depuis plus de trois ans, contre 21,8 % en 1997.

En revanche le nombre des bénéficiaires du RMI s'est inscrit en forte hausse au cours des deux dernières années. Après avoir déjà progressé de 6,4 % en 1997, le nombre d'allocataires est en effet passé de 54.126 personnes en décembre 1997 à 57.778 en décembre 1998, ce qui traduit une croissance de 6,7 %. Au total, la population concernée de façon directe ou indirecte par le RMI à la Réunion est évaluée à 132.954 personnes en 1998, soit près de 19 % de la population, alors que ce pourcentage s'établit à environ 3 % en métropole .

3. Une détérioration de la balance commerciale

Tant en volume (+ 16,5 %) qu'en valeur (+ 6,9 %), le niveau des importations a fortement progressé . Cette hausse résulte principalement de la hausse des entrées de produits énergétiques en raison de la croissance régulière du parc automobile et du trafic aéroportuaire.

En revanche, le niveau des exportations fléchit, compte tenu des mauvais résultats de la campagne sucrière.

Le déficit commercial s'est ainsi accru en 1998, entraînant une détérioration du taux de couverture de 0,9 points.

BALANCE COMMERCIALE

(millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997 (1)

1998

Importations

11 855

13 077

13 561

14 240

14 326

15 310

Exportations

996

955

1 038

1 071

1 254

1 215

Balance commerciale

- 10 859

- 12 122

- 12 523

- 13 169

- 13 072

- 14 095

Taux de couverture (importations/exportations)

8,4 %

7,3 %

7,7 %

7,5 %

8,8 %

7,9 %

Source : Service des douanes

(1) Chiffres rectifiés

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