IV. LA POURSUITE DE LA RÉNOVATION DE L'ÉQUIPEMENT ET DE LA GESTION DES JURIDICTIONS

A. LE PROGRAMME D'INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS

1. Une sous-consommation des crédits d'équipement

Depuis quelques années, on constate au ministère de la justice un retard croissant dans la consommation des crédits de paiement destinés aux dépenses d'équipement des services judiciaires, entraînant des reports de crédits très importants d'une année sur l'autre. Les reports de 1998 sur l'exercice 1999 ont atteint 367 millions de francs (soit 44 % de la ressource disponible) ; de même, en fin de gestion 1999, 420 millions de francs (soit 31 % de la dotation utilisable) pourraient être reportés sur l'exercice 2000.

Selon les services de la Chancellerie, cette situation s'explique pour trois raisons. Tout d'abord, depuis 1997, la baisse du niveau des autorisations de programme destinées aux services judiciaires, dues à l'effort particulier consenti sur l'équipement pénitentiaire, a conduit le ministère de la justice soit à fractionner la mise en place de financements programmés, soit à différer le lancement d'opérations prêtes à entrer dans leur phase de travaux. Ensuite, en raison de la reprise d'activité dans le secteur du bâtiment, un certain nombre d'appels d'offres ont été infructueux. Enfin, le ministère de la justice n'ayant pas de services techniques propres, il subit une forte dépendance à l'égard des moyens disponibles dans les DDE.

L'évolution des crédits d'équipement dans le projet de loi de finances pour 2000 doit donc être analysée au regard de cette situation de sous-consommation à laquelle la diminution de près de 40 % des crédits de paiement, amputés de 376 millions de francs, devrait permettre de remédier. Les autorisations de programme sont pour leur part en progression de près de 20%. Il conviendra toutefois de veiller à ce qu'un déséquilibre dans l'autre sens ne se produise pas au cours des années suivantes.

2. Les opérations en cours

S'agissant des juridictions judiciaires , les crédits d'investissement inscrits au projet de loi de finances pour 2000 permettront la poursuite des grandes opérations de construction en cours à Nantes, Grenoble, Avignon, Fort-de-France, Toulouse et Besançon, ainsi que le lancement d'opérations nouvelles à Pontoise, Versailles et Narbonne. Ils permettront en outre de financer à un niveau équivalent à celui de 1999 des opérations déconcentrées de rénovation et de mise en sécurité des juridictions.

S'agissant des juridictions administratives , les crédits inscrits au projet de loi de finances pour 2000 permettront notamment de financer la création d'un nouveau tribunal administratif à Cergy-Pontoise ainsi que des travaux de modernisation du Conseil d'Etat.

Par ailleurs, votre rapporteur pour avis souhaite évoquer les problèmes posés par la mise en service récente du nouveau tribunal de grande instance de Bordeaux . En effet, celle-ci a fait apparaître des erreurs de conception liées à un pari architectural futuriste, telles que la mise " en vitrine " des juges d'instruction, ainsi que des défaillances techniques de la construction qui ont donné lieu à l'engagement d'un contentieux par la Chancellerie.

Votre rapporteur pour avis souhaite que des enseignements puissent être tirés de cette expérience malheureuse afin que de tels problèmes ne se reproduisent pas à l'occasion de la construction du nouveau tribunal de grande instance à Paris.

3. Le projet de construction d'un nouveau tribunal de grande instance à Paris

Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, a récemment annoncé la décision de la construction à Paris d'un nouveau bâtiment destiné à abriter le tribunal de grande instance. Au cours de son audition devant votre commission des Lois, elle a apporté un certain nombre de précisions sur ce projet de déménagement du tribunal de grande instance de Paris.

Elle a fait observer que les locaux actuels du palais de justice étaient très insuffisants depuis déjà plusieurs décennies, tant en superficie, car 90.000 m 2 seulement étaient disponibles pour trois juridictions alors qu'il en faudrait 150.000 m 2 , qu'en termes qualitatifs, car ces locaux ne comportaient pas de bureaux pour les magistrats, ni de salle d'audience permettant d'accueillir des procès exceptionnels réunissant un grand nombre de prévenus et n'offraient pas de conditions de travail satisfaisantes ni de garanties suffisantes de sécurité. Elle a ajouté que cette insuffisance rendait nécessaire la location de locaux complémentaires, d'un coût élevé pour les finances publiques (60 millions de francs par an de loyers).

Après avoir rappelé que la réflexion engagée par ses prédécesseurs avait fait ressortir des désaccords entre les différents acteurs concernés quant au choix de la juridiction appelée à déménager, elle a indiqué qu'elle avait engagé une concertation qui avait abouti à la proposition d'un déménagement du tribunal de grande instance. Elle a fait valoir que cette opération, loin de disperser les implantations des juridictions parisiennes, permettrait de les concentrer en passant de cinq sites actuels à deux sites seulement.

S'agissant du financement, elle a précisé qu'elle avait obtenu l'inscription de 350 millions de francs d'autorisations de programme en loi de finances rectificative pour 1999 en vue du lancement de la première tranche de cette opération particulièrement coûteuse en termes d'acquisitions foncières. Le montant des investissements nécessaires pourrait en effet atteindre 1 milliard de francs pour l'acquisition du terrain et 1,2 milliard de francs pour la construction qui pourrait débuter en 2006.

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