IV. INERTIE DU RECOURS À LA DÉCLARATION D'URGENCE POUR ACCÉLÉRER LES DÉLAIS DE PUBLICATION DES MESURES D'APPLICATION

On perçoit assez mal l'intérêt, pour le gouvernement, de déclarer l'urgence, sur une loi, ce qui a pour effet de raccourcir la durée de la procédure d'adoption, dans la mesure où ce même gouvernement, initialement soucieux de presser le pas, tarde ensuite à publier les mesures requises d'application. Cette année, la situation ne s'est toujours pas améliorée.

La commission des affaires économiques précise que sur les 45 lois dont elle a été saisie en urgence, depuis 1981 (compte non tenu des lois d'application directe et des lois devenues sans objet), 31 d'entre elles sont applicables, 12 partiellement applicables et 2 , carrément inapplicables (l'une de ces 2, faut-il le rappeler, étant la loi d'orientation pour la ville, très récente, en date du 1 er août 2003).

Elle note :

« Cette année encore, l'applicabilité des lois votées après déclaration d'urgence reste plutôt inférieure à la moyenne des autres lois, puisque 69 % seulement des lois adoptées après déclaration d'urgence ont reçu tous leurs textes d'application ».

V. CARENCE POUR APPLIQUER LES DISPOSITIONS LÉGISLATIVES D'ORIGINE SÉNATORIALE

Comme on l'a vu, le taux d'application des amendements d'origine sénatoriale votés en 2002-2003 est revenu au faible niveau de.... 6 % : seulement 4 mesures ont été prises, sur un total de 70 à publier.

2 mesures, sur les 4, relèvent de textes examinés par la commission des lois, pour 11 mesures à intervenir : soit une valeur maximale de 18 % , représentant, ce qui est frappant vu la modicité du pourcentage, la meilleure performance.

La commission des lois peut donc noter :

« Le bilan de l'application des dispositions d'origine sénatoriale, bien que faible tant pour le Sénat que l'Assemblée nationale, laisse néanmoins apparaître un meilleur « traitement » pour les mesures d'origine sénatoriale. Les deux décrets concernent, pour l'un les modalités du dépistage des substances stupéfiantes chez les conducteurs (loi du 3 février 2003 relative à la conduite sous l'influence de substances ou plantes classées comme stupéfiants), pour l'autre les modalités du vote électronique (loi du 28 mars 2003 tendant à autoriser le vote par correspondance électronique des Français établis hors de France pour les élections du Conseil supérieur des Français de l'étranger) ».

Commission des lois : taux d'application des amendements
d'origine sénatoriale
(lois votées en 2002-2003)

Mesures d'application selon leur origine

Texte initial

Amendement du Gouvernement

Amendement sénatorial

Amendement de l'AN

Introduction en CMP

Total

Mesures prises

11

 

2

2

 

15

Mesures à prendre

75

 

9

25

 

109

Total

86

 

11

27

 

124

% du total général

69%

 

9%

22%

 

100%

Taux d'application des mesures prévues selon leur origine

13%

 

18%

7%

 

12%

Bien évidemment, la contrepartie réside en la totale carence, pour deux commissions -affaires culturelles (0 mesure prise sur amendements du Sénat, sur 2 à publier) et surtout, affaires économiques (0 sur 22), de suivi réglementaire-.

Commission des affaires économiques : taux d'application des amendements
d'origine sénatoriale
(lois votées en 2002-2003)

Nombre de mesures prévues selon leur origine

Texte initial

Amendement du Gouvernement

Amendement d'origine sénatoriale

Amendement de l'Assemblée nationale

Introduction en commission mixte paritaire

Total

Dont :

prises

5

0

0

3

0

8

restant à prendre

34

2

22

23

4

85

Total

39

2

22

26

4

93

% du total général

42 %

2 %

24 %

28 %

4  %

100 %

Taux d'application des mesures prévues selon leur origine

13 %

0 %

0 %

12 %

0 %

9 %

La commission des affaires économiques relève :

« Ce mauvais traitement, qui avait suscité l'indignation des sénateurs sous le précédent gouvernement, semble ainsi prendre le chemin de se reproduire sous la XII e législature.

Outre le fait qu'un tel procédé est particulièrement discourtois pour la Haute Assemblée, il a notamment pour effets fâcheux de déséquilibrer l'économie générale de la loi votée et de porter atteinte à la crédibilité du travail parlementaire ».


Les résultats obtenus par les commissions des finances et des affaires sociales, demeurent médiocres : le taux d'application des amendements d'origine sénatoriale est respectivement de 7 % (1 mesure prise sur 14 à publier) et de 5 % (1 mesure prise sur 20 à publier).

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