V. DÉCLARATION D'URGENCE : MOINS DE LOIS VOTÉES SELON CETTE PROCÉDURE, DONT LES EFFETS SUR LA CÉLÉRITÉ DU SUIVI RÉGLEMENTAIRE SONT, CETTE ANNÉE, DIFFICILES À APPRÉCIER

10 lois ont été votées, en 2002-2003, après déclaration d'urgence (soit 18,2 % du total).

Evolution de la part relative, dans le total des lois votées, des lois votées après déclaration d'urgence (textes en urgence de droit ainsi exclus)

(en %)


1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

2001-2002

2002-2003

26 %

17 %

15 %

36 %

47,5 %

18,2 %

Moins d'une loi sur cinq a donc été adoptée selon cette procédure : on revient ici aux bas niveaux constatés en 1998-1999 et 1999-2000, après le pic de 2001-2002, dû à la nécessité, pour le gouvernement de la XII e législature, nommé le 17 juin 2002, d'agir avec la plus extrême célérité (les 5 textes votés lors de la session extraordinaire l'avaient été en urgence : 4 après déclaration, 1 de droit).

Parmi ces 10 lois, au moins 4 d'entre elles traduisent d'ailleurs la poursuite des priorités du gouvernement : négociation collective en matière de licenciements économiques, sécurité intérieure, rénovation urbaine, retraites.

10 lois votées après déclaration d'urgence
(2002-2003)

Application directe (1) :

- Loi du 3 janvier 2003 portant relance de la négociation collective en matière de licenciements économiques.

Applicable (1) :

- Loi du 10 juin 2003 organisant une consultation des électeurs de Corse sur la modification de l'organisation institutionnelle de la Corse.

Partiellement applicables (4) :

- Loi du 3 janvier 2003 modifiant le livre VIII du Code de commerce ;

- Loi du 3 janvier 2003 relative aux marchés du gaz et de l'électricité et au service public de l'énergie ;

- Loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure ;

- Loi du 1 er août 2003 modifiant la loi du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive.

Non applicables (4) :

- Loi du 11 avril 2003 relative à l'élection des conseillers régionaux et des représentant au Parlement européen ainsi qu'à l'aide publique aux partis politiques ;

- Loi du 21 juillet 2003 de programme pour l'outre-mer ;

- Loi du 1 er août 2003 d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine ;

- Loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites.

Dans quelle mesure le choix du recours à la déclaration d'urgence emporte-t-il une célérité accrue pour l'entrée en application, d'une part, de la loi elle-même, d'autre part, des dispositions, insérées dans les lois, appelant un suivi réglementaire ?

A. APPLICATION DES LOIS VOTÉES, SELON LES MODALITÉS DE LEUR ADOPTION : EFFET POSITIF, MAIS CONTRASTÉ, DE LA DÉCLARATION D'URGENCE

L'effet du recours à la déclaration d'urgence est ici contrasté :

- les lois votées selon cette procédure entrent ainsi plus rapidement en application, partiellement , que les lois votées selon la procédure de droit commun ; quelques-unes d'entre elles ne reçoivent aucun suivi réglementaire, dans une moindre proportion, toutefois, que les lois votées selon la procédure de droit commun, ce qui est, somme toute, normal, et ce, d'autant plus que sur l'une des quatre lois (urgence déclarée) non applicables, la loi du 11 avril 2003, l'urgence a été déclarée à la seule fin de respecter la règle prétorienne imposant toute modification des régimes électoraux dans un délai au moins égal à une année avant les scrutins ;

- en revanche, la comparaison joue en défaveur des lois votées après déclaration d'urgence pour les lois entrées totalement en application.

Application des lois selon leurs modalités d'adoption (2002-2003)

 

Lois votées après déclaration d'urgence

Lois votées, de droit, en urgence (1)

Lois votées selon la procédure de droit commun

Applicables

1 (11,2 %)

-

6 (20,7 %)

Partiellement applicables

4 (44,4 %)

3 (100 %)

3 (10,3 %)

Non applicables

4 (44,4 %)

-

20 (69,0 %)

Total

9

3

29

Application directe, pour mémoire

1

0

13

(1) Lois de finances et loi de financement de la sécurité sociale.

B. APPLICATION DES DISPOSITIONS, INSÉRÉES DANS LES LOIS, VOTÉES EN URGENCE, APPELANT UN SUIVI RÉGLEMENTAIRE : INCIDENCE NULLE DE LA DÉCLARATION D'URGENCE, EN RAISON DU CALENDRIER

La situation paraît ici accablante : le recours à la déclaration d'urgence ne sert à rien, si tant est, même, ce qui est un comble, que cette procédure ne joue négativement sur la publication de textes réglementaires d'application : moins de 3 % de suivi réglementaire !

Application des dispositions législatives appelant un suivi réglementaire (2002-2003)

 

Lois votées après déclaration d'urgence

Lois votées, de droit, en urgence

Lois votées selon la procédure de droit commun

Nombre de dispositions appelant un suivi réglementaire




257




46




256

(dont)

 
 
 

(publiées)

(7)

(16)

(31)

(à publier)

(250)

(30)

(225)

Taux d'application

2,7 %

34,8 %

12,1 %

N'exagérons rien toutefois : sur 10 lois votées après déclaration d'urgence, 3 lois ont été votées lors de la session extraordinaire de juillet 2003 (retraites, ville, outre-mer) : il s'agit de textes denses en exigence de suivi réglementaire.

Où le poids relatif du suivi réglementaire requis est plus lourd, sur les lois adoptées en juillet 2003, pour les textes votés après déclaration d'urgence que pour les textes votés selon la procédure de droit commun

Rapport du nombre de mesures prévues par les 4 lois 3( * ) votées selon la procédure de droit commun en juillet 2003 sur le total des mesures prévues par toutes les lois votées selon la procédure de droit commun pendant l'année



138/256 = 53,9 %

Rapport du nombre de mesures prévues par les 3 lois votées après déclaration d'urgence en juillet 2003 sur le total des mesures prévues par toutes les lois votées après déclaration d'urgence pendant l'année



164/257 = 63,8 %

Ce constat n'est pas plus satisfaisant s'agissant des délais de publication des mesures prises, à échéance de 3 mois : 57 % des textes parus pour les lois après déclaration d'urgence (51% en 2001-2002), contre 67 % pour les lois de droit commun (15 % en 2001-2002).

Une sévère dégradation caractérise également l'évolution des délais de parution des mesures prévues par les lois en urgence de droit : à moins de 3 mois, 25 %, contre 54 % en 2001-2002.

Délai de parution des mesures prévues (2002-2003)

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