CHAPITRE PREMIER :

QUELLE CROISSANCE POUR 2001 ?

La prévision de croissance en volume sur laquelle le gouvernement a construit le présent projet de loi de finances consiste, comme c'est désormais l'habitude, en une fourchette allant de 3,2 à 3,6 % pour 2000 et de 3 à 3,6 % pour 2001.

La croissance en valeur du PIB serait quant à elle de 4,7 % en 2001, le PIB passant de 9.188 à 9.624 milliards de francs, dégageant un surplus de 436,7 milliards de francs.


Une fourchette de prévisions, pour quoi faire ?

Etant donné l'impossibilité arithmétique d'établir un compte unique sans se référer à une hypothèse de croissance elle-même unique, l'utilité d'une prévision économique débouchant sur une fourchette aussi ample -0,6 point de PIB en plus ou en moins en 2001, soit 55 milliards de francs, et, donc, le taux des prélèvements obligatoires étant ce qu'il est, environ 25 milliards de francs de recettes fiscales en plus ou en moins- est plus que contestable. Il s'agit ni plus ni moins que d'un pur artifice de présentation, les comptes publics étant évidemment bâtis sur une hypothèse de croissance et une seule. C'est peut être utile en termes d'effets d'annonces mais cela n'a pas de portée opératoire pour construire la loi de finances.

De fait, la croissance économique pour 2001 associée au projet de loi de finances est de 3,3 %. Quoique l'hypothèse posée en la matière soit qualifiée de prudente par le gouvernement, elle repose d'un point de vue conjoncturel sur un scénario de rebond de l'activité.

Ce scénario passe par la cessation rapide de la détérioration du commerce extérieur et par une réaccélération de la demande intérieure.

Après avoir enregistré en 1998 une croissance particulièrement dynamique (+ 3,2 % en moyenne annuelle), l'économie française avait ralenti en 1999 (+ 2,9 %). Pour l'année en cours, la prévision du gouvernement table sur une croissance plus élevée que l'an dernier avec une performance comprise entre 3,2 et 3,6 %. Cependant, contrairement aux apparences, cette prévision, qui a déjà été révisée à la baisse par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), n'intègre pas d'accélération conjoncturelle de l'activité mais au contraire une stabilisation du rythme de la croissance. Un bref retour sur la période 1998-2000 permet d'en saisir les raisons.

Ainsi, c'est bien sur une augmentation du rythme de croissance qu'est assise la prévision pour 2001.

I. RETOUR SUR LA PÉRIODE 1998-1ER SEMESTRE 2000

La demande intérieure a peu souffert en 1998 et 1999 d'un environnement international dont les variations ont, quant à elles, significativement influé sur les performances de l'économie française.

Les incertitudes entourant l'année en cours, incertitudes dont l'évolution des prévisions gouvernementales témoigne, se sont alourdies. Elles portent principalement sur le maintien de la déconnexion entre la demande intérieure et les événements internationaux en cours.

A. 1998-1999 OU LA RÉSISTANCE DE LA DEMANDE INTÉRIEURE AUX VENTS CONTRAIRES

Malgré la crise internationale et les ponctions opérées par les prélèvements obligatoires, la demande intérieure a soutenu la croissance en 1998 et 1999.

1. La crise internationale a pesé sur la croissance

On ne rappellera pas ici les événements souvent décrits qui ont vu l'ensemble du monde en développement connaître une récession en 1998.

Cette récession qui s'est traduite par une contraction du commerce mondial mais aussi, en raison de la dépréciation du taux de change des pays qu'elle a affectés, par une détérioration de notre position concurrentielle, a exercé deux sortes d'effets défavorables sur la croissance française.

En premier lieu, un effet mécanique s'est produit en 1998. La dégradation des performances extérieures de l'économie française a alors provoqué une contraction de l'excédent commercial. Celle-ci a conduit le commerce extérieur à exercer une contribution négative à la croissance du PIB de 0,6 point en 1998.

Ultérieurement, en 1999, la baisse du rythme de croissance du commerce international, qui s'est traduite par une chute spectaculaire de la progression des exportations a pesé sur le comportement des entreprises. Alors qu'en 1998 l'augmentation des stocks avait effacé les effets négatifs du commerce extérieur sur la croissance, le déstockage observé en 1999 a, à l'inverse, plus que compensé l'amélioration du solde extérieur. Si celui-ci a permis de soutenir la croissance (0,1 point de PIB), le déstockage en a altéré le rythme à hauteur de 0,4 point de PIB.

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