II. UN HORIZON À PRÉCISER POUR 2001

Le scénario de croissance du gouvernement pour 2001 poursuit les tendances de ses prévisions pour le reste de l'année en cours. Le PIB s'accroîtrait de 3,3 % en volume, le supplément de richesses produites s'établissant à 436 milliards de francs avec une croissance nominale de 4,7 %.

Cette prévision n'est, dans ses résultats, pas éloignée du consensus des économistes. Mais elle en diffère pourtant.

Comparaisons entre les prévisions des " budgets économiques " (1)
des instituts indépendants et des organismes privés

Budgets économiques

Moyenne des instituts

Moyenne des organismes privés

2000

2001

2000

2001

2000

2001

Taux d'intérêt à 10 ans

5,6

5,6

5,4

5,4

Volumes (évolution en %)

3,2-3,6

3,0-3,6

PIB

3,4

3,3

3,4

3,3

3,4

3,1

Demande intérieure hors stocks

3,1

3,2

3,1

3,1

3,2

3,1

Importations

12,6

7,6

12,1

8,0

12,9

7,7

Dépense de consommation des ménages

2,7

3,5

2,7

2,9

2,7

3,0

Dépense de consommation finale des APU (2)

1,5

1,5

1,6

1,4

1,5

1,4

FBCF totale

6,1

4,7

6,7

6,2

6,4

5,4

SNF-EI (3)

6,6

6,9

7,3

8,1

6,7

6,7

Ménagers hors EI (3)

6,2

0,9

6,1

3,3

6,5

4,0

Contributions à la croissance du PIB

Commerce extérieur

0,2

0,2

0,2

0,0

0,3

0,1

Dépense de consommation des ménages

1,5

1,9

1,4

1,5

1,5

1,6

Dépense de consommation finale des APU

0,4

0,4

0,4

0,3

0,3

0,3

FBCF

1,2

0,9

1,3

1,2

1,3

1,1

Variations de stocks et objets de valeur

0,2

0,0

0,1

0,1

0,1

0,0

Emploi salarié (moyenne, SMINA (4) ,évolution en %)

3,2

2,5

3,2

2,5

3,1

2,5

Emploi total (moyenne, évolution en %)

2,4

1,8

2,4

1,9

2,6

2,0

Prix, salaire et revenu (évolution en %)

Déflateur du PIB (moyenne annuelle)

0,8

1,4

0,8

1,1

1,1

1,2

Prix à la consommation (glissement annuel)

1,3

1,4

1,6

1,2

1,6

1,2

Prix à la consommation (moyenne annuelle)

1,5

1,3

1,6

1,3

1,6

1,4

Pouvoir d'achat du salaire moyen par tête (moyenne annuelle)

0,6

1,8

0,6

1,4

0,3

0,8

Pouvoir d'achat de la masse salariale (moyenne annuelle)

3,9

4,3

3,4

3,2

2,9

2,6

Pouvoir d'achat du RDB

2,8

3,7

2,5

2,8

2,5

2,7

Taux d'épargne des ménages

15,9

16,1

15,7

15,5

15,6

15,4

Administrations publiques

Capacité de financement (en points de PIB)

- 1,4

- 1,0

- 1,4

- 1,1

- 1,4

- 1,0

Nation

Capacité de financement (en points de PIB°

1,8

2,1

1,9

2,0

1,9

2,0

(1) Prévisions du gouvernement

(2) APU : administrations publiques

(3) SNF-EI : sociétés non financières, entrepreneurs indépendants

(4) SMNA : salaire moyen non agricole

Les différences ne portent que peu sur le rythme de croissance prévu pour 2001. Tout juste peut-on dire que la plupart des prévisionnistes formulent un résultat moins favorable que le gouvernement, la prévision moyenne étant tirée vers le haut par deux instituts.

En revanche, la composition de la croissance escomptée par le gouvernement s'éloigne sensiblement de celle que prévoient les instituts indépendants et les organismes privés. Ainsi, si le gouvernement affiche une forte contribution à la croissance de la demande des ménages, les autres prévisionnistes, qui s'attendent à un plus grand dynamisme de l'investissement, formulent des réserves quant à l'évolution du pouvoir d'achat des ménages. Celle-ci est nettement moins favorable dans leurs prévisions que dans celle du gouvernement en raison des perspectives plus moroses sur le salaire moyen par tête. En résultent des prévisions moins favorables sur la consommation des ménages. Compte tenu du poids de la TVA dans les recettes de l'Etat et des cotisations sociales dans l'équilibre de la sécurité sociale, ces nuances importantes doivent être gardées à l'esprit.

A. LA PRÉVISION DU GOUVERNEMENT

L'hypothèse centrale de croissance retenue par le gouvernement pour 2001 est de 3,3 %.

Elle est en ligne avec celle que formule la plupart des prévisionnistes. La croissance de l'économie française demeurerait légèrement supérieure à celle de la zone euro, ce qui s'expliquerait essentiellement par le rattrapage du " retard de croissance " accumulé par la France au cours des années 90, en raison des conditions monétaires pendant cette période. Celles-ci combinaient en effet les handicaps pour l'économie française, avec une appréciation du taux de change réel suite aux diverses dévaluations de ses partenaires européens et des taux d'intérêt réels élevés. Il est aussi à relever qu'une évolution de la population active plus dynamique en France et la dégradation de la compétitivité allemande après la réunification expliquent cet écart de croissance.


Evolution des ressources et emplois de biens et services

(en milliards de francs et en indices)

1998

1999

2000 (1)

2001 (1)

Valeur aux prix courants

Indice de volume

Valeur aux prix n-1

Indice de prix

Valeur aux prix courants

Indice de volume

Valeur aux prix n-1

Indice de prix

Valeur aux prix courants

Indice de volume

Valeur aux prix n-1

Indice de prix

Valeur aux prix courants

Ressources

Produit intérieur brut

8.536,3

102,9

8.785,9

100,4

8.818,8

103,4

9.118,3

100,8

9.187,7

103,3

9.491,3

101,4

9.624,4

Importations

2.002,7

103,6

2.075,0

100,3

2.080,4

112,6

2.342,6

104,8

2.454,6

107,6

2.640,8

101,2

2.672,5

Total des ressources

10.639,1

103,1

10.860,9

100,4

10.899,2

105,2

11.460,9

101,6

11.642,3

104,2

12.132,1

101,4

12.296,9

Emplois

Dépenses de consommation des ménages

4.644,8

102,1

4.741,4

100,8

4.778,1

102,7

4.907,1

101,4

4.978,2

103,5

5.151,4

101,2

5.213,2

Dépenses de consommation des APU (2)

2.009,6

102,6

2.061,0

101,3

2.087,8

101,5

2.119,5

101,4

2.149,5

101,5

2.182,7

101,5

2.216,3

Formation brute de capital fixe

1.564,3

107,1

1.675,7

100,0

1.675,5

106,1

1.777,4

100,8

1.791,2

104,7

1.875,0

100,9

1.891,8

dont : Sociétés non financières et EI

862,5

107,6

928,1

99,9

927,2

106 ,6

988,7

101,5

1.003,5

106,9

1.072,9

100,9

1.082,5

Ménages hors EI (3)

391,6

107,8

422,1

99,5

420,0

106,2

446,0

98,2

438,0

100,9

441,9

100,9

445,9

Administrations publiques

247,7

102,5

253,8

100,9

256,2

102,7

263,1

102,5

269,7

100,7

271,7

100,9

274,1

Exportations

2.230,7

103,7

2.313,4

99,5

2.302,0

112,2

2.583,4

102,2

2.640,7

107,7

2.843,1

101,8

2.894,7

Variations de stocks

30,8

8,7

- 5,6

10,9

19,2

15,3

15,3

Total des emplois

10.639,1

103,1

10.860,9

100,4

10.899,2

105,2

11.460,9

101,6

11.642,3

104,2

12.132,1

101,4

12.296,9

dont : Demande totale hors stocks

10.508,2

103,3

10.852,2

100,5

10.904,9

105,0

11.450,0

101,5

11.623,1

104,2

12.116,8

101,4

12.281,6

Demande intérieure totale

8.308,4

102,9

8.547,5

100,6

8.597,2

103,3

8.877,5

101,4

9.001,6

103,2

9.289,0

101,2

9.402,2

Demande intérieure hors stocks

8.277,5

103,2

8.538,8

100,8

8.602,9

103,1

8.866,6

101,3

8.982,4

103,2

9.273,7

101,2

9.386,9

(1) Prévisions

(2) APU : Administrations publiques

(3) EI : Entrepreneurs individuels

Source : rapport économique, social et financier - PLF 2001


Compte tenu de la révision des perspectives de croissance en 2000 effectuée par l'INSEE, la perspective retenue pour 2001 devrait logiquement être minorée de 0,2 point. La croissance pour 2001 se rapprocherait ainsi du bas de la fourchette de prévision mentionnée par le gouvernement qui est de 3 %.

Le scénario privilégié par le gouvernement est celui du maintien d'une contribution favorable du commerce extérieur à l'activité et d'une accélération de la demande intérieure hors stocks.

Contributions à la croissance du PIB

(Taux de croissance annuel moyen en %)

1998

1999

2000 (1)

2001 (1)

Dépenses de consommation des ménages

1,8

1,1

1,5

1,9

Dépenses de consommation des APU (2)

0,0

0,6

0,4

0,4

Formation brute de capital fixe totale

1,1

1,3

1,2

0,9

dont : Sociétés non financières et EI (3)

0,8

0,8

0,7

0,8

Ménages hors EI

0,2

0,4

0,3

0,0

Sociétés financières

0,1

0,1

0,1

0,1

Administrations publiques

0,1

0,1

0,1

0,0

Variations de stocks et objets de valeur

0,6

- 0,3

0,2

0,0

Commerce extérieur

- 0,5

0,1

0,2

0,2

dont : Exportations

2,0

1,0

3,2

2,2

Importations

- 2,5

- 0,8

3,0

2,0

PIB

3,1

2,9

3,4

3,4

(1) Prévision

(2) APU : Administrations publiques

(3) EI : Entrepreneurs individuels

Source : rapport économique, social et financier - PLF 2001

1. Le commerce extérieur contribuerait favorablement à la croissance

a) Un scénario d'environnement international favorable

L'environnement international de l'économie française, particulièrement dynamique au cours de cette année avec une croissance proche de 5 %, resterait bien orienté l'an prochain. La croissance mondiale ralentirait toutefois un peu. Elle ne serait plus que de 4 % sous l'effet d'un " atterrissage en douceur " de l'économie américaine compensé par une accélération de la croissance dans la zone euro.

Evolution de la croissance mondiale

(en %)

1998

1999

2000

2001

Monde

2,4

3,4

4,7

4,0

Dont : OCDE à 18 (1)

2,5

2,8

3,8

2,9

Etats-Unis

4,3

4,2

5,1

3,1

Japon

- 2,5

0,3

1,5

1,3

Royaume-Uni

2,6

2,1

2,8

2,3

Zone Euro

2,7

2,3

3,4

3,4

Pays émergents

Russe

- 4,9

3,2

4,2

2,0

Europe centrale

3,1

3,1

4,1

4,4

Asie hors Japon

2,7

6,2

7,0

6,6

Chine

7,8

7,2

7,5

6,8

Inde

5,9

5,9

6,9

7,1

Autres pays d'Asie en développement

- 6,6

4,8

6,2

6,1

Amérique latine

2,1

0,4

4,9

3,9

(1) Etats-Unis, Canada, Japon et Union européenne

Le rééquilibrage et la décélération de la croissance mondiale dessinent un environnement international " accommodant ". Les craintes liées aux déséquilibres engendrés par une croissance mondiale trop forte en ressortent estompées. Les tensions sur les prix des matières premières se résorberaient. Le spectre des différentes ruptures, krach boursier, inflation, tensions monétaires, dépréciation du dollar, que pourrait provoquer la poursuite d'une croissance américaine sur un rythme très sensiblement supérieur à son potentiel de croissance, s'éloignerait.

Le maintien, voire le retour à un dynamisme affirmé du climat économique dans la zone euro ainsi qu'à une certaine convergence des rythmes de croissance des différents pays qui la composent sont également très favorables. Le ralentissement des pays les plus dynamiques éloigne les risques d'inflation tandis que l'accélération attendue en Allemagne et en Italie exerce des effets favorables sur la demande adressée à la France.

Croissance du PIB dans la zone euro

(en %)

Taux de croissance

1997

1998

1999

2000

2001

Zone euro

2,3

2,7

2,3

3,4

3,4

Allemagne

1,5

2,2

1,5

3,0

3,1

France

1,9

3,2

2,9

3,4

3,3

Italie

1,8

1,5

1,4

3,1

3,2

Espagne

3,8

4,0

3,7

4,2

4,2

Pays-Bas

3,8

3,7

3,6

3,7

3,2

Belgique

3,5

2,7

2,5

3,8

3,1

Le rééquilibrage de la croissance entre l'Europe et les Etats-Unis provient sans doute davantage du ralentissement américain que de l'accentuation de l'activité en Europe. Cependant, même si une légère dégradation des performances extérieures de l'Europe en résulte, le dynamisme de la demande intérieure compense cet effet.

L'activité dans la " zone euro "

(en %)

Taux de croissance

1997

1998

1999

2000

2001

PIB

2,3

2,7

2,3

3,4

3,4

Demande intérieure

1,7

3,3

2,8

3,1

3,2

Demande intérieure hors stocks

1,5

2,8

2,8

3,0

3,2

Consommation privée

1,5

3,0

2,5

2,6

3,1

Consommation publique

0,9

0,9

1,4

1,3

1,2

FBCF totale

2,1

4,3

4,8

5,5

5,4

Contributions des stocks

0,2

0,5

0,1

0,1

- 0,1

Importations

8,8

9,3

5,9

10,1

7,5

Exportations

10,3

6,9

4,3

11,0

7,9

Contributions à la croissance

Demande intérieure hors stocks

1,4

2,7

2,7

2,9

3,1

Stocks

0,2

0,5

0,1

0,1

- 0,1

Extérieur

0,6

- 0,5

- 0,4

0,5

0,3

Enfin, sous-jacente à ce rééquilibrage, une certaine stabilisation des rapports de change entre l'euro et le dollar soulage les craintes associées à la très forte dépréciation de l'euro.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page