B. LES RELATIONS BILATÉRALES ENTRE LA FRANCE ET LES TROIS NOUVEAUX ETATS MEMBRES

1. L'Autriche : des relations multiples qui se sont cependant détériorées depuis l'accession des nationaux-populistes au pouvoir

a) Le rapprochement de la France et de l'Autriche favorisé par l'Union européenne

Longtemps relativement modestes, nos échanges politiques ont acquis davantage de densité avec la préparation à l'adhésion de l'Autriche à l'Union. Le renforcement des relations s'est traduit par l'intensification des rencontres à haut niveau à partir de 1995.

Outre les convergences de vues de nos pays dans plusieurs domaines de la construction communautaire (questions sociales, emploi...), la question de l'élargissement de l'Union Européenne aux pays d'Europe centrale et orientale a constitué un ressort important du rapprochement bilatéral. La France et l'Autriche s'emploient à contribuer à la préparation de cette perspective par la mobilisation de leurs expertises économique et politique de façon conjointe au sein du Centre franco-autrichien (CFA).

b) Des échanges économiques en progression

Le commerce franco-autrichien est encore modeste par son ampleur mais il se développe progressivement. Il se traduit par un excédent en faveur de la France (5,9 milliards de francs en 1999). Nos échanges s'effectuent essentiellement dans les secteurs des biens d'équipement (notamment les automobiles) et des produits industriels.

La France est le sixième partenaire commercial de l'Autriche (5 % du total) et son quatrième fournisseur (5 % du total également), et se situe au sixième rang des investisseurs étrangers dans le pays. De son côté, l'Autriche est notre 19 ème fournisseur et 13 ème client, et la France est la 12 ème destination choisie par les investisseurs autrichiens à l'étranger.

L'application des mesures décidées par les 14 Etats-membres de la Communauté européenne n'a eu sur nos échanges qu'une incidence marginale.

c) Des relations culturelles consistantes

La coopération linguistique et éducative est dense. Le prestige qui entoure la langue et la culture françaises en Autriche, et particulièrement à Vienne, a un retentissement favorable sur notre politique en matière culturelle et éducative. Seconde langue vivante enseignée après l'anglais, loin devant l'italien, le français est étudié par 25 % des élèves du secondaire général et 40 % des élèves de l'enseignement secondaire technique.

Les programmes de coopération éducative et universitaire sont importants et diversifiés, en particulier dans le domaine des échanges d'enseignants. La France est par ailleurs la première destination des étudiants autrichiens titulaires d'une bourse du programme européen ERASMUS.

En outre, des stages de perfectionnement en France sont organisés depuis l'automne 1994 pour de hauts fonctionnaires autrichiens en vue de leur affectation dans les instances de l'Union Européenne.

Enfin, la coopération dans le domaine des médias audiovisuels est en développement, et un prix du journalisme Josef Roth a été créé en 1998. Il a été décerné en 1999 à une journaliste de la presse audiovisuelle autrichienne en poste à Paris.

d) Des relations politiques qui se sont dégradées depuis la participation des nationaux-populistes au gouvernement

Conformément à la position adoptée par les 14 partenaires de l'Autriche au sein de l'Union européenne, le 31 janvier dernier, la France a suspendu tout contact bilatéral officiel à caractère politique avec l'Autriche depuis la formation d'un gouvernement conservateurs/libéraux à Vienne, le 3 février 2000. Toutefois, les autorités françaises ont de façon constante répété leur souhait d'un développement du dialogue avec " l'autre Autriche ", celle qui ne se résout pas à la participation du parti de Jorg Haider au gouvernement.

2. Le développement du dialogue bilatéral entre la France et la Finlande depuis l'adhésion de cet Etat à la Communauté européenne

a) Une communauté de vues sur de nombreux sujets concernant l'Union européenne

Depuis l'entrée de leur pays dans l'Union européenne, les autorités finlandaises ont marqué leur souhait d'équilibrer les relations qu'entretient Helsinki avec ses principaux partenaires de l'Union, notamment en donnant plus de densité au dialogue bilatéral avec la France. La Finlande constitue pour notre pays un partenaire fiable, qui partage avec nous une vision politique du développement de la construction européenne.

Les positions finlandaises en matière européenne sont souvent convergentes avec les nôtres, notamment sur l'Union économique et monétaire, la nécessité de renforcer l'action de l'Union européenne dans le domaine de l'emploi, des affaires intérieures et de la justice, même si des différences d'approche existent sur les questions institutionnelles et les questions de défense européenne.

b) La multiplication des contacts

Le Premier ministre s'est rendu en Finlande le 10 septembre 1998 avec le ministre délégué aux Affaires européennes et le secrétaire d'Etat à l'Industrie. Une coopération étroite a été décidée dans le domaine des technologies et de l'information. La visite officielle du Président de la République les 10-11 mai 1999 a fait l'objet d'une médiatisation importante et très positive. Les entretiens ont porté pour l'essentiel sur le Kosovo, la situation en Russie et les priorités de la présidence finlandaise de l'Union européenne. Plus récemment, en octobre et en décembre 1999, M. Lipponen s'est entretenu avec le Président de la République et le Premier ministre au sujet de la préparation, respectivement, du Conseil extraordinaire de Tampere et du Conseil européen d'Helsinki en décembre 1999. Le nouveau ministre des affaires étrangères s'est rendu pour sa part à Paris le 6 juin 2000.

c) Des relations commerciales déséquilibrées

Si nos échanges commerciaux avec la Finlande demeurent structurellement déficitaires en raison du poids de la filière bois-papier (qui représente 58 % de nos achats à la Finlande), l'entrée de la Finlande dans l'Union européenne a eu un impact positif sur le développement de nos échanges commerciaux, en progression régulière depuis lors. Entre 1994 et 1998, les flux ont augmenté et atteignent aujourd'hui 22 milliards de francs. Notre déficit structurel avec la Finlande s'est réduit depuis cinq ans, les flux ont augmenté de 61 % pour s'élever à 4,5 milliards de francs en 1998, contre 6,2 milliards de francs en 1992. La France est le 6 ème client de la Finlande derrière l'Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, et son 7 ème fournisseur.

Les investissements finlandais en France sont très largement supérieurs à ceux de la France en Finlande : le stock d'investissements finlandais en France s'élevait en 1998 à 6,4 milliards de francs contre 540 millions de francs d'investissements français en Finlande. 150 sociétés finlandaises sont installées en France, dont environ 110 créées ou acquises depuis moins de dix ans, principalement dans les domaines papetier, mécanique et chimique.

d) Des relations culturelles constructives

Nos relations dans ce domaine s'inscrivent dans le cadre de l'accord bilatéral signé en septembre 1970. Plusieurs exemples ont démontré depuis quelques années les bonnes dispositions des autorités finlandaises à notre égard : l'ouverture à Paris en 1991 d'un institut culturel finlandais, l'agrandissement du lycée franco-finlandais d'Helsinki, la place enviable faite à TV 5 Europe par le réseau câblé finlandais, la diffusion grandissante de la langue et de la culture françaises en Finlande.

L'Association franco-finlandaise pour la recherche scientifique, créée en 1973 s'emploie notamment à développer les échanges de chercheurs, en particulier dans les secteurs des télécommunications, de la chimie, de la médecine et du nucléaire.

3. Des relations franco-suédoises devenues plus intenses depuis l'adhésion de la Suède à l'Union européenne

a) L'intensification des relations politiques

Nos relations politiques avec la Suède se sont intensifiées depuis qu'elle a rejoint l'Union européenne. Jusqu'alors essentiellement tournées vers le monde anglo-américain et l'Allemagne, les autorités suédoises ont engagé un réexamen complet de leur politique européenne, qui s'est traduit ces dernières années par un net regain d'intérêt pour la France.

Nombreux sont les domaines où nos approches ou nos intérêts sont communs, tels que l'aide au développement, la gestion des dossiers internationaux (Proche-Orient, ex-Yougoslavie, avenir de l'ONU), ou les actions en faveur de l'emploi, de l'environnement et de la transparence administrative en Europe. Les autorités suédoises sont d'autant plus désireuses de travailler avec la France sur les dossiers européens, que la présidence française de l'Union européenne précédera immédiatement la première présidence suédoise.

b) La multiplication des visites

Le Président de la République a effectué une visite d'Etat en Suède les 10 et 11 avril 2000. Historiquement la quatrième visite d'Etat en Suède d'un Président de la République française, cette visite a permis de marquer solennellement l'approfondissement de nos relations bilatérales depuis l'adhésion de la Suède à l'Union européenne, en éclairant particulièrement notre coopération politique et économique, mais aussi scientifique et technique.

Le Premier ministre Lionel Jospin s'est rendu à Stockholm les 26 et 27 janvier 2000, à l'occasion d'un forum international sur la mémoire et l'Holocauste. Son homologue suédois a effectué une visite en France le 13 décembre 1999 à l'occasion d'une journée franco-suédoise consacrée aux nouvelles technologies de l'information.

Les visites ministérielles se sont multipliées entre la France et la Suède. Un groupe de travail ministériel pour l'articulation des présidences française et suédoise de l'Union européenne a été créé, à l'initiative du Président de la République et du Premier ministre suédois. Le ministre des affaires étrangères s'est entretenu avec son homologue suédoise, Mme Lindh, le 29 mai à la Celle Saint Cloud, un an après s'être rendu à Nyköping, le 3 mai 1999. Le ministre délégué aux affaires européennes a reçu son homologue suédois, le 20 octobre 1999 et le 15 mai 2000 à Paris ; il s'était rendu à Stockholm en février 1999, comme le secrétaire d'État au commerce extérieur ; les ministres de la défense se sont entretenus à Paris en février 1999 et en mai 2000, et à Stockholm en novembre 1999. Le 15 mai 2000, 25 secrétaires d'Etat suédois ont été reçus à Paris souvent au niveau des directeurs de cabinet ministériel.

c) Des relations commerciales en expansion

Les relations commerciales franco-suédoises profitent du contexte économique favorable et atteignent un volume supérieur à 53 milliards de francs. Les exportations françaises vers la Suède ont doublé en quatre ans. La France a dégagé dans son commerce avec la Suède un excédent de plus de 2 milliards de francs en 1998 et de 120 millions de francs en 1999.

Les investissements français en Suède (7 milliards de francs) demeurent toutefois largement inférieures à ceux de la Suède en France (28 milliards de francs). Les filiales d'entreprises suédoises emploient 64.000 personnes en France (Sécuritas : 20.000, SKF : 3.800, Electrolux : 3.000) et ont crée 1.200 emplois en 1999.

Les entreprises françaises sont cependant présentes dans de nombreux grands marchés de travaux publics (lien fixe sur l'Oresund entre Malmö et Copenhague, lien entre l'aéroport d'Arlanda et la capitale suédoise), de fournitures (livraison d'un satellite de télécommunication), commande de 22 avions Airbus annoncée le 10 avril 2000, pour un montant évalué à plus de 2 milliards d'euro, et de services (gestion des trains de banlieue de la capitale et du métro de Stockholm). Le rachat de Renault Véhicules Industriel par Volvo, pour la cession de 20 % de son capital à Renault, qui devient le premier actionnaire de la firme suédoise, constitue un succès bilatéral et confirme l'amélioration de l'image économique de la France en Suède.

d) La richesse et l'ancienneté des relations culturelles, scientifiques et techniques

Les relations culturelles et scientifiques sont anciennes et riches : la France est ainsi la troisième destination d'études pour les jeunes Suédois. Avec un flux de 800 000 Suédois qui se rendent chaque année en France, elles dépassent largement leur cadre institutionnel.

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