C. CHIFFRER INTÉGRALEMENT LES ENGAGEMENTS « HORS-BILAN »

1. Des louables efforts pour mieux en cerner les contours

Depuis quelques années, votre commission rappelle en effet qu'il convient d'ajouter à la dette actuelle de l'Etat les engagements « hors-bilan » , qui pour une part sont conditionnels (les garanties accordées aux établissements publics, aux crédits à l'exportation, à certaines formes d'épargne, etc...) et pour d'autres sont certains (les structures de défaisance, les primes d'épargne-logement, ou les charges de remboursement de la dette de Réseau ferré de France), mais également, et surtout, les engagements en assurance-vieillesse et en assurance-maladie liés au vieillissement de la population.

A ce titre, la question du coût des pensions de la fonction publique illustre le problème budgétaire majeur auquel l'Etat sera confronté dans un avenir finalement très proche : celui du « hors-bilan », ou de la « dette publique invisible ». A l'évidence la préoccupation de votre commission des finances a été entendue, car le gouvernement a effectivement pris des mesures destinées à améliorer la connaissance de la réalité de la situation financière de l'Etat 49( * ) .

Par ailleurs, pour la seconde année consécutive, le compte général de l'administration des finances (CGAF) pour 2000 annexé au projet de loi de règlement pour ladite année comporte des éléments d'information, non négligeables répondant à ces objectifs.

Les éléments d'information figurant dans le CGAF

Depuis 1999, le CGAF a été substantiellement enrichi d'éléments permettant de mieux appréhender tant l'encours de la dette garantie par l'Etat stricto sensu , que les engagements « hors-bilan » même si à l'évidence en ce domaine des améliorations sont souhaitées et possibles.

1/ La dette garantie

La dette garantie de l'Etat englobe les engagements de sociétés françaises, entreprises nationales, collectivités, établissements publics, organismes bancaires qui bénéficient de la garantie de l'Etat, c'est-à-dire ceux pour lesquels l'Etat s'est engagé, dans l'hypothèse d'une éventuelle défaillance du débiteur véritable, à effectuer lui-même le règlement des intérêts ou le remboursement des échéances d'amortissement périodiques prévues au contrat.

La garantie peut porter sur des emprunts ou autres engagements souscrits tant en France qu'à l'étranger.

L'encours de la dette garantie par l'Etat s'élève au 31 décembre 2000 à 28,43 milliards d'euros au lieu de 37,72 milliards d'euros au 31 décembre 1999 soit une diminution de 24,6 % et se décompose en dette intérieure (- 19,6 %) et en dette extérieure ( - 49,6 %).

Composantes de la dette garantie Décembre 2000 Décembre 1999

Dette intérieure 25,47 31,68

Dette gérée (1) 0,02 0,20

Dette extérieure 2,94 5,84

Total 28,43 37,72

(1) Elle correspond aux emprunts de l'ex budget annexe des P & T

2/ Les engagements et risques hors bilan

Comme le souligne le CGAF, « l'information financière sur les compte de l'Etat ne comprend pas à ce stade de document recensant les engagements dits « hors-bilan » à l'instar des annexes du bilan des entreprises privées ».

Aussi, « en vue d'améliorer l'information du Parlement », trois types d'engagement ont été pris en compte.

- les engagements de retraite : les retraites des fonctionnaires et agents publics relevant de régimes spéciaux constituent une charge du budget général qui est compensée en partie par les contributions des agents (système de la retenue pour pension) et par des contributions « employeurs ». Les droits à pension constituent une dette implicite. Si le champ de cette dette et ses méthodes d'évaluation sont détaillés, aucun chiffrage n'est cependant fourni .

- les engagements liés à des garanties octroyées : l'Etat est amené à accorder sa garantie à un certain nombre d'opérateurs économiques pour favoriser le développement des exportations (assurance commerce extérieur à travers la COFACE) ou de toute autre activité économique (emprunts). Comme l'indique le CGAF, « la totalisation des engagements ainsi souscrits ne constitue pas une charge à payer au sens du plan comptable et ne relève donc pas d'une comptabilisation au bilan : la mise en jeu de la garantie suppose en effet une défaillance qui n'a nullement un caractère systématique ».

- les engagements liés à l'épargne logement : certains engagements plus spécifiques ne sont pas recensés dans le bilan de l'Etat et notamment ceux en matière d'épargne logement (PEL et CEL) qui résultent de l'obligation que l'Etat a de payer à la clotûre des plans et comptes une prime. Cette dette est certaine au plan juridique mais son montant et la date de son dénouement sont déterminés par une série de paramètres exogènes dont le niveau de la collecte, le rythme de clôture des plans et comptes, la durée effective d'ouverture, le taux de rémunération, etc...

2. Une lacune majeure : le coût exact de l'impasse des retraites dans la fonction publique (entre 595 et 685 milliards d'euros)

Ainsi que le déplore d'ailleurs la Cour des comptes, le contenu actuel du CGAF analyse les méthodes de calcul possibles pour les engagements de retraite de l'Etat envers ses propres agents, mais n'en fournit aucun chiffrage, ce que l'on ne peut que très vivement déplorer au nom de la nécessaire et élémentaire transparence.

Une première indication en ce sens figure cependant dans le rapport de la Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances pour 2000 lorsqu'elle fait état d'un échange de correspondance avec la secrétaire d'Etat au budget. Cette dernière, après avoir détaillé les différentes méthodes de chiffrage de tels engagements précise ainsi que : « En fonction du taux d'actualisation retenu (6 ou 5 %), l'ordre de grandeur des engagements hors bilan de l'Etat au titre des retraites des fonctionnaires peut être estimé comme s'inscrivant dans une fourchette d'évaluation comprise entre 3.900 milliards de francs et 4.500 milliards de francs 50( * ) (...) ».

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