II. L'AIDE ALIMENTAIRE EN QUESTION

Le constat de l'augmentation du nombre de personnes sous-alimentées dans la plupart des pays en développement invite à s'interroger sur l'efficacité des moyens d'action mis en oeuvre par la communauté internationale.

L'aide alimentaire est versée, d'une part, par les Etats les plus riches, sur une base bilatérale, dans le cadre des engagements fixés par la convention de Londres, d'autre part, sur une base multilatérale, principalement par le programme alimentaire mondial (PAM) institué en 1961. Le PAM a pour vocation essentielle de fournir l'aide alimentaire d'urgence et l'appui logistique nécessaire (70 % des ressources du PAM) ainsi que de mettre en oeuvre des projets de développement destinés à prévenir les crises alimentaires. En outre, en collaboration avec la FAO, le PAM doit assurer la coordination de l'action de toutes les institutions du système des Nations unies pour la sécurité alimentaire. Le budget repose sur des contributions volontaires d'environ trois milliards de dollars pour trois ans. Les Etats-Unis, la Communauté européenne, le Japon, le Canada et les Pays-Bas constituent les principaux contributeurs.

A. LA BAISSE EN VOLUME DE L'AIDE ALIMENTAIRE

Depuis 1993, l'aide alimentaire a chuté dans des proportions considérables : elle est en effet passée de 10 millions de tonnes de produits alimentaires en 1993 à 2,63 millions de tonnes en 2002. Parallèlement, la part de l'aide alimentaire dans le commerce international décline depuis trois décennies : ainsi, l'aide en céréales représente moins de 4 % du commerce international dans ce secteur, contre 18 % dans les années soixante.

La réduction des besoins ne saurait évidemment suffire à expliquer cette évolution qui résulte de trois facteurs conjugués : la baisse globale des budgets d'aide publique au développement, la réorientation de l'aide vers des opérations d'urgence et, enfin, le nouveau contexte économique international lié à la libéralisation des échanges. En effet, la réduction des aides aux exportations, consécutive à l'accord agricole de Marrakech dans le cadre du GATT, a conduit à mettre un terme à l'écoulement des excédents à grand renfort de subventions vers des pays tiers.

Le mouvement de libéralisation s'inscrit dans un contexte récurrent d'instabilité des cours qui constitue une menace pour l'approvisionnement des pays déficitaires. L'aide alimentaire ne permet pas de corriger ces fluctuations dans la mesure où sa disponibilité varie dans le sens inverse des prix : elle est abondante lorsque les prix sont bas mais diminue quand les cours s'élèvent.

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