b) La grande diversité des expressions de la solidarité familiale

Contrairement aux idées reçues, ni le développement de l'Etat providence, ni les mutations qu'a connues la famille depuis plusieurs décennies n'ont porté un coup fatal à la solidarité familiale. Cette solidarité a simplement changé de visage : elle s'est à la fois resserrée dans son champ relationnel, puisqu'elle concerne désormais principalement la famille proche - parents, frères, soeurs, enfants et grands-parents -, et diversifiée dans ses modes d'expression.

D'après une étude réalisée par l'institut Ipsos pour la délégation interministérielle à la famille (Dif) en avril 2006, 75 % des Français déclarent apporter régulièrement ou ponctuellement leur aide morale ou matérielle à un membre de leur famille ne vivant pas avec eux. Pour 60 % d'entre eux, cette aide prend la forme d'une présence, de temps passé ensemble ; pour 43 %, il s'agit de services rendus. Enfin, à côté de ces aides concrètes, une majorité de Français (57 %) déclare aider financièrement un ou plusieurs membres de sa famille.

Les aides apportées varient également en fonction du niveau de vie des ménages : le soutien scolaire, l'aide pour accomplir des démarches administratives, ainsi que les dons et prêts se rencontrent plus fréquemment chez les ménages aisés. La solidarité familiale prend des aspects plus pratiques chez les familles d'employés ou d'ouvriers (courses, lessive, garde d'enfants, bricolage).

Enfin, la solidarité familiale est plus féminine que masculine : 66 % des femmes déclarent consacrer régulièrement du temps à un membre de leur famille, contre 54 % des hommes ; 47 % leur rendent des services, contre 38 % seulement pour les hommes.

c) Les cinquante-soixante ans, une génération pivot

La génération des cinquante-soixante ans, composée de ceux que l'on appelle les seniors, apparaît dans ce panorama à la fois comme la génération qui a le plus profité des progrès de la protection sociale et comme celle qui contribue le plus, désormais, à la solidarité familiale.

L'allongement de l'espérance de vie sans incapacité a en effet permis l'apparition d'une période de vie nouvelle, située entre la cessation d'activité professionnelle et la véritable entrée dans la vieillesse, celle de la « retraite active ». Celle-ci constitue un acquis appréciable des progrès de la santé et de la protection sociale au cours du siècle dernier. Mais elle place en même temps la génération du baby-boom devant l'obligation d'une double solidarité :

- une solidarité envers ses enfants , souvent encore mal insérés dans la vie professionnelle et sociale, qui requièrent encore leur soutien, sous diverses formes. Ainsi, plus de 50 % des jeunes actifs de dix-huit à vingt-cinq ans habitent encore chez leurs parents et ils sont encore 29 % dans ce cas entre vingt-six et vingt-neuf ans. Lorsque les parents n'hébergent plus leurs enfants, ils participent encore souvent à l'effort de logement, que ce soit à travers une caution, des prêts, une prise en charge partielle du loyer. Plus tard, le soutien des parents persiste, notamment à travers la garde régulière de leurs petits-enfants ;

- une solidarité envers ses propres parents , confrontés de façon de plus en plus importante aux difficultés sensorielles et motrices liées à l'âge, voire à une dépendance psychique ou à la démence.

Or, le phénomène de la dépendance des personnes âgées devrait prendre de l'ampleur dans les années à venir, compte tenu de la poursuite du vieillissement démographique : d'ici 2040, le nombre de personnes âgées dépendantes pourrait, selon les scénarios retenus, augmenter de 35 % à 80 %. Dans le même temps, d'après l'Insee, le nombre des personnes aidants potentiels, soit le nombre des personnes âgées de cinquante ans à soixante-neuf ans, ne devrait augmenter que de 10 %. Le poids de la solidarité familiale envers les aînés devrait donc encore s'accroître.

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