B. LES PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION SPATIALE FRANCO-INDIENNE

Historiquement, l'Inde a mené son programme spatial en s'appuyant sur des coopérations internationales, surtout avec la Russie et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis. Washington vient de mettre fin en janvier 2011 aux restrictions imposées depuis les essais nucléaires de 1998 aux exportations vers l'Inde en matière spatiale, comme en matière de défense. L'Inde a également noué des relations avec les agences spatiales chinoise et japonaise.

Les relations dans le domaine spatial figurent en bonne place dans le partenariat stratégique lancé en 1998 entre la France et l'Inde, comme l'ont mentionné les déclarations franco-indiennes successives, et en dernier lieu la déclaration conjointe du 6 décembre 2010 publiée à l'occasion de la dernière visite en Inde du président Sarkozy.

Extrait de la déclaration conjointe franco-indienne

New-Delhi 6 décembre 2010

Reconnaissant le caractère essentiel de la coopération spatiale, secteur clé de la coopération scientifique entre nos deux pays, la France et l'Inde entendent élargir leurs échanges et renforcer leurs efforts conjoints dans ce domaine, dans l'esprit de l'Accord-cadre signé entre le Centre national d'études spatiales (CNES) et l'Indian Space Research Organisation (ISRO) sur un large éventail de questions liées à l'utilisation de l'espace à des fins pacifiques, elles saluent les progrès réalisés par les agences spatiales des deux pays dans la mise au point des satellites Megha-Tropiques et SARAL, dont le lancement est prévu en 2011.

Les deux Gouvernements réaffirment leur détermination à poursuivre leur coopération spatiale dans les domaines de l'observation de la Terre pour l'étude des changements climatiques et de l'exploration spatiale.

La France et l'Inde prennent également acte du développement de leur coopération industrielle ces dernières années, alimenté par les industries spatiales des deux pays. À cet égard, les deux pays se félicitent des récentes avancées d'Astrium et Antrix Corporation dans la mise au point et la commercialisation conjointes de satellites de télécommunications, faisant suite à l'accord qu'ils ont signé en 2005. Ils se félicitent également de la poursuite de cette collaboration dans les années à venir.

La coopération bilatérale franco-indienne dans le domaine spatial se concentre actuellement sur le développement conjoint de satellites dédiés à l'observation de la Terre , et plus particulièrement à l'étude des échanges d'énergie et d'eau dans l'atmosphère tropicale. Cette coopération va déboucher sur deux missions d'observation spatiale qui devraient débuter en 2011.

La première mission, baptisée Megha-Tropiques , est orientée vers l'étude du climat, et plus particulièrement des phénomènes atmosphériques en zone tropicale. Le CNES a la responsabilité de réaliser la charge utile, c'est-à-dire les différents instruments de mesure embarqués (radiomètre imageur Madras, radiomètre sondeur Saphir, radiomètre large bande Scarab). L'agence indienne ISRO réalise la plate-forme du mini-satellite. Elle assurera le lancement avec son lanceur PLSV. Cette mission est prévue pour une durée de 3 ans.

La seconde mission, Saral , est axée sur la surveillance de l'environnement. Elle mesurera le niveau de la mer pour étudier la circulation océanique. Cette mission s'inscrit dans un projet international plus vaste lié à la recherche océanographique et comportant des contributions d'autres pays ( Global Ocean Data Assimilation Experiment - GODAE ). Ici encore, les instruments sont développés par le CNES (système Argos de localisation, altimètre en bande Ka AltiKa, appareil de trajectographie Doris, réflecteur laser LRA). L'ISRO réalise la plate-forme et assure le lancement par une fusée PLSV. Cette mission doit se dérouler sur 5 ans.

Ces deux projets qui sont en voie de concrétisation illustrent bien la nature de notre coopération bilatérale. Il faut souligner qu'il s'agit d'une coopération équilibrée à laquelle chaque partie trouve un intérêt. Sur des domaines d'intérêt commun - et l'étude de l'environnement en est un - cette coopération permet une répartition des tâches et un partage des coûts, les résultats étant exploités au profit deux pays. Aujourd'hui, l'Inde consacre 1 milliard d'euros à son budget spatial, moins que la France avec 2 milliards d'euros, mais il est évident que ces moyens restent limités au regard du champ d'activité potentiel. La coopération s'impose. Pour la France, elle passe en grande partie par l'Agence spatiale européenne, mais le cadre bilatéral, avec d'autres puissances spatiales comme l'Inde, présente un intérêt incontestable.

Le lancement prochain des missions Megha-Tropiques et Saral marquera une fin de cycle pour la coopération spatiale franco-indienne.

Le nouvel accord-cadre servira de référence pour orienter les coopérations futures et engager un nouveau cycle de coopération.

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