EXPOSÉ GÉNÉRAL

Lors des auditions menées par votre Rapporteur et les rapporteurs budgétaires de la commission en préparation de l'examen de ce projet de LPM, une image est revenue souvent chez les personnes auditionnées : celle du verre à moitié plein et à moitié vide.

Si l'on regarde le verre à moitié plein, on constate la fin de l'érosion de l'armée française par les restrictions budgétaires, et une trajectoire annoncée à la hausse.

Si l'on regarde le verre à moitié vide, on observera tout d'abord que ce texte, s'il tire les conséquences de l'usure prononcée des matériels et des hommes, d'une part, et de la montée des périls, d'autre part, ne le fait que partiellement. En effet, la trajectoire financière apparaît fragile, en ce qu'elle fait peser le gros de l'effort sur les années les plus lointaines et les moins assurées, et son ampleur est moindre que ce qui aurait été nécessaire pour répondre aux besoins réels des armées. Le Sénat 2 ( * ) avait ainsi estimé l'effort supplémentaire nécessaire à 2 milliards d'euros et 2 500 recrutements par an dès 2018. La programmation présentée par le gouvernement fait porter l'effort plus tard et moins haut.

I. UNE PRISE EN COMPTE PARTIELLE DE BESOINS CONSIDÉRABLES

A. LA MONTÉE DES PÉRILS REND VITAL LE REDRESSEMENT DE NOTRE EFFORT DE DÉFENSE

Le contexte nouveau d'un monde plus instable et plus violent a été bien décrit dans la Revue stratégique, et il n'y a donc pas lieu d'y revenir longuement. En revanche, il importe de souligner deux caractéristiques de la situation actuelle qui militent pour un rythme d'investissement soutenu :

- le caractère polymorphe des menaces

o qu'il s'agisse du retour des possibilités d'affrontements de haute intensité avec des puissances étatiques. On assiste ainsi à des incidents entraînant la perte par des armées modernes d'appareils de dernière génération 3 ( * ) ;

o ou qu'il s'agisse de guerres et d'opérations asymétriques, opposant des forces étatiques à des groupes terroristes, des milices ou des rébellions ;

- la diffusion de technologies de rupture dans les matériels de défense. Cela tient à l'accélération des cycles d'investissement, du fait notamment de la numérisation des sociétés (communications, équipements connectés, réalité virtuelle, intelligence artificielle permettant une robotisation de plus en plus poussée) ; à une concurrence accrue sur le marché des armements ; et, naturellement, à l'intensification de l'effort de défense d'acteurs mondiaux majeurs (Etats-Unis, Russie, Chine, mais aussi Turquie ou Arabie saoudite).


* 2 « 2 pour cent du PIB : les moyens de la défense nationale » - Rapport n° 562 (2016-2017) de MM. Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner

* 3 Ainsi de la destruction d'un Soukhoï russe par la Turquie, pays membre de l'OTAN, en 2015 ; ou de la destruction d'un F16 israélien par la défense syrienne le 10 février 2018.

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