PREMIÈRE PARTIE : L'APPROFONDISSEMENT DE LA RELATION UE-ARMÉNIE

I. L'ARMÉNIE, UN PAYS RELATIVEMENT PAUVRE ET ENCLAVÉ

L'Arménie est un petit pays d'une superficie de 29 800 km 2 , peuplé d'un peu plus de 3 millions d'habitants dont 64 % vit en ville et dont 17 % a moins de 15 ans.

L'Arménie est aussi un pays enclavé et sans accès à la mer. Ses frontières avec la Turquie et l'Azerbaïdjan sont fermées en raison du « conflit gelé » du Haut-Karabagh et seules ses frontières avec la Géorgie et l'Iran restent ouvertes. Ce contexte d'enclavement a considérablement favorisé l'émigration. Jusqu'à « la révolution de velours » de 2018, l'Arménie perdait jusqu'à 50 000 habitants par an.

La diaspora estimée à environ 7 millions de personnes est implantée en Russie (environ 2 millions de personnes), aux États-Unis et en France (20 246 personnes) ainsi que dans les pays voisins de l'Arménie comme l'Iran.

L'Arménie est aussi un pays relativement pauvre. 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage de 18,5 % est élevé et persistant . L'indice de développement humain est de 0,743, ce qui place l'Arménie au 84 e rang mondial selon ce critère . En 2017, le PIB s'est élevé à 11,54 Mds de dollars américains - en augmentation de 7,5 % par rapport à 2016 -, soit un PIB par habitant de 3 861 dollars. En 2018, le PIB a connu une croissance de 6 % pour s'établir à 12,53 Mds de dollars américains.

L'économie arménienne est peu diversifiée et repose largement sur l'exploitation des matières premières (cuivre, diamants) qui représentent près de 60 % des exportations. L'industrie représente 29 % du PIB et l'agriculture (produits céréaliers) 19 %.

L'Arménie dépend largement des transferts des migrants qui représentaient 15 % du PIB en 2017. Entre 2010 et 2017, près de 90 % des transferts de migrants provenaient de Russie .

II. L'ARMÉNIE, UN PAYS ENGAGÉ DANS UNE TRANSITION POLITIQUE DEPUIS 2018

L'Arménie est engagée depuis le printemps 2018 dans une période de transition politique, marquée par de grandes manifestations - « la révolution de velours » - pour protester contre la volonté du Président de la République, Serge Sarkissian, inéligible après deux mandats de 2008 à 2018, de conserver le pouvoir en devenant Premier ministre après avoir transformé le régime présidentiel en un régime parlementaire, fin 2015, par voie référendaire.

La révolution de velours a conduit Serge Sarkissian à démissionner, le 23 avril 2018, de son poste de Premier ministre auquel il venait d'être élu par le Parlement.

Le 9 mai 2018, le Parlement a désigné au poste de Premier ministre la figure emblématique de la contestation Nikol Pachinian. Celui-ci a constitué un gouvernement largement rajeuni, qui s'est fixé pour objectif de moderniser la vie politique et de combattre la corruption, sans modifier les orientations géostratégiques du pays.

Face au blocage du Parlement, le Premier ministre a démissionné pour provoquer des élections législatives anticipées qui se sont déroulées en décembre 2018. Celles-ci ont confirmé la position du Premier ministre et de son parti qui a obtenu plus de 70 % des suffrages et deux tiers des sièges (88 sur 132). La classe politique a ainsi été renouvelée, rajeunie avec un âge moyen de trente ans et même féminisée avec désormais 25 % de femmes contre 17 % antérieurement. Le Parti Républicain, précédemment au pouvoir, n'est plus représenté au Parlement, tout comme le parti historique de gauche, la Fédération révolutionnaire arménienne ou Dachnak, faute d'avoir franchi la barre des 5 %.

Le nouveau Parlement s'est réuni pour la première fois le 14 janvier 2019 et le nouveau gouvernement a été constitué le 19 janvier 2019.

Le gouvernement arménien a fait de la modernisation du pays, notamment dans ses aspects économiques, la priorité de son action et a annoncé, début février 2019, une série de réformes dans le cadre d'un plan de réformes sur cinq ans.

La lutte contre la corruption et l'amélioration du climat des affaires afin d'attirer les investissements étrangers sont très importantes à cet égard. En 2018, l'Arménie était classée 105 e sur 180 pays dans l'indice de la perception de la corruption effectué par Transparency International . Les services du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE) 1 ( * ) ont indiqué que des progrès avaient déjà été réalisés dans le domaine de la lutte contre la corruption avec notamment l'interdiction des transactions en espèces. En revanche, les réformes économiques et sociales peinent davantage à être mises en oeuvre.


* 1 Audition du mercredi 6 novembre 2019.

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