B. FACE À L'ÉPIDÉMIE, LA RÉPONSE « PROTÉGER, TESTER, ISOLER » SEMBLE AVOIR ÉTÉ MISE EN oeUVRE AVEC RETARD

Le 28 avril 2020, le Premier ministre, Édouard Philippe, a présenté les principes sur lesquels devait reposer le plan de déconfinement, à savoir le triptyque « protéger, tester, isoler ».

1. Des équipements de protection en nombre insuffisant

Amplement documenté dans le débat public, le manque d'équipements de protection est devenu emblématique de la crise du coronavirus.

Les images d'hôpitaux débordés, de soignants désemparés et dépourvus d'équipements de protection, d'Ehpad semblant livrés à eux-mêmes ont surpris et choqué, alors que le système de santé fait partie de l'identité même de notre pays et de son pacte social.

Les conditions de gestion des stocks stratégiques au cours des années et mois précédant la crise sanitaire comme celles de leur distribution aux professionnels de santé au début de l'épidémie, ainsi que l' impact des mesures de réquisition prises par les pouvoirs publics, devront notamment être examinés de manière approfondie par la commission d'enquête afin de déterminer notamment si la doctrine d'emploi exposée par la communication gouvernementale n'a pas été dictée de fait par les capacités disponibles.

2. Un nombre de tests limité malgré l'injonction de l'OMS « testez, testez, testez »

Dans une conférence de presse du 16 mars 2020, le directeur général de l'OMS demandait aux États de faire des tests un axe majeur de lutte contre la pandémie : « vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pouvons pas arrêter cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté par le virus. Nous avons un message simple pour tous les pays : testez, testez, testez. Testez tous les cas suspects. Si le résultat du test est positif, isolez-les et trouvez avec qui ils ont été en contact étroit jusqu'à deux jours avant l'apparition de leurs symptômes, et testez également ces personnes ».

À cette date, le nombre de tests réalisés en France, qui privilégie les tests pour les formes graves de la maladie, reste encore limité au regard de la stratégie développée en Corée du Sud ou en Allemagne, qui réalisent environ 20 000 tests par jour.

Nombre de tests réalisés, nombre de tests positifs pour le SARS-CoV-2
et taux de positivité dans les laboratoires, par semaine, France 2020

Source : Santé publique France, point épidémiologique hebdomadaire du 18 juin 2020

3. Un isolement peu pratiqué

Si le confinement a représenté la forme la plus achevée du troisième point du triptyque, celui-ci a été peu mobilisé sous d'autres formes, notamment pour isoler les cas confirmés de leur environnement et éviter la constitution de foyers épidémiques au sein des familles.

Le Gouvernement a renoncé à cet instrument, la loi prorogeant l'état d'urgence sanitaire et complétant ses dispositions ne le prévoyant que pour les personnes ayant séjourné au cours du mois précédent dans une zone de circulation de l'infection qui entrent sur le territoire national ou qui, déjà présentes sur le territoire national, arrivent en Corse ou dans l'une des collectivités mentionnées à l'article 72-3 de la Constitution.

Il conviendra que la commission d'enquête en tire le bilan et examine l'ensemble des dispositifs de quarantaine et d'isolement prévus par le droit de la sécurité sanitaire dont la cohérence est perfectible 1 ( * ) .


* 1 Voir sur ce point le rapport de notre collègue Martin LÉVRIER fait au nom de la commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative à la sécurité sanitaire (n° 278, 2019-2020).

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