B. UN PARTENARIAT PRIVILÉGIÉ, REPOSANT SUR DES LIENS TISSÉS DE LONGUE DATE

La relation franco-cambodgienne est héritée à la fois d'une histoire commune et du rôle central joué par la France dans le développement du pays, mais aussi dans la mise en place de ses institutions, depuis les accords de Paris de 1991.

La présence très active de la communauté cambodgienne en France, et la place importante de la francophonie au sein du Royaume, contribuent à nourrir ces liens. Le Cambodge recensait, en 2022, 463 000 francophones, soit 3% de sa population - ce qui en fait, avec le Laos, le pays d'Asie où la francophonie est le mieux représentée.

La communauté d'affaires française est la communauté européenne la plus nombreuse au Cambodge. La présence économique française repose à la fois sur les investissements de grands groupes (Vinci, Total, Accor, Bred, Bolloré, etc.) et sur de nombreuses PME créées par des Français.

Cependant, du fait notamment de la faible qualité des infrastructures et d'un niveau de corruption élevé, l'environnement des affaires demeure peu attractif.

Une coopération dynamique s'est construite dans les domaines de l'enseignement, tant scolaire qu'universitaire : La France s'attache à développer l'enseignement du français à travers des classes bilingues, des filières francophones dans l'enseignement supérieur, et la formation des enseignants ; à titre d'exemple, le lycée français René Descartes de Phnom Penh compte 1250 élèves dont 63% issus de familles khmerophones ; des écoles françaises sont également présentes à Siem Reap et à Battambang.

La France a également noué des partenariats avec les universités cambodgiennes, dans l'objectif d'améliorer la qualité des enseignements, la valorisation des diplômes, la professionnalisation des filières et de développer la recherche. Les domaines d'intérêt mutuel sont notamment l'agriculture, la santé, le droit et les sciences de l'ingénieur. La mobilité étudiante représente un volet essentiel de cette coopération : la France constitue en effet la cinquième destination des étudiants cambodgiens derrière la Thaïlande, la Chine, le Vietnam et le Japon, avec environ 800 étudiants cambodgiens suivant actuellement une formation en France (dont la moitié suivant des études médicales).

L'Institut français du Cambodge joue par ailleurs un rôle central dans le domaine de la coopération culturelle et de la francophonie. Chaque année, son centre de langues accueille plus de 4 000 étudiants.

La France est en outre présente au Cambodge à travers ses institutions de recherche (ANRS, IRD, CIRAD, EFEO).

Dans le domaine du patrimoine, la France co-préside, avec le Japon, depuis 1993, le Comité International de Coordination pour la sauvegarde et le développement du site historique d'Angkor (CIC-Angkor), dont elle est également le plus gros contributeur, avec 23M €. Les travaux du CIC ont permis au total de mobiliser plus de 600 M de dollars, afin de mener à bien près de 100 projets. Pour sa part, après l'achèvement de la restauration du temple du Baphuon en 2011, la France a entrepris la restauration du temple du Mébon occidental dans un triple objectif de coopération scientifique et patrimoniale, de formation et d'aménagement touristique.

Premier partenaire financier européen du Cambodge, l'Agence française de développement (AFD), présente au Cambodge depuis 1993, a engagé près de 1,280 Md €, notamment dans les secteurs des infrastructures (eau, assainissement, énergie), de l'agriculture, de la formation professionnelle et de l'intermédiation financière ; elle a développé d'importants partenariats avec l'Union Européenne (2013), la Banque Asiatique de Développement (2015), la Banque Européenne d'Investissement (2018) et la KFW (2020).

Dans le domaine de la coopération judiciaire en matière pénale, la France et le Cambodge sont tous deux Parties à plusieurs conventions multilatérales spécialisées adoptées sous l'égide de l'Organisation des Nations unies : Convention unique sur les stupéfiants adoptée à New York le 30 mars 1961, Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants adoptée à New York le 10 décembre 1984, Convention contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes adoptée à Vienne le 19 décembre 1988, Convention contre la criminalité transnationale organisée adoptée à New-York le 15 novembre 2000 et Convention contre la corruption adoptée à New York le 31 octobre 2003. Une Convention bilatérale d'entraide judiciaire en matière pénale est en cours de négociation depuis 2012.

La France a par ailleurs soutenu le travail des Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens (CETC, ou tribunaux Khmers rouges), juridiction hybride chargée de juger les principaux responsables des crimes commis entre 1975 et 1979 par le régime des Khmers rouges, depuis leur établissement en 2006, pour plus de 10 M €.

Enfin, forts d'une longue histoire commune (l'armée cambodgienne a été créée avec l'appui d'officiers français en 1950 à la demande du Roi Sihanouk), la France et le Cambodge ont signé le 24 février 1994 un accord de coopération militaire technique. Cet accord a permis la mise en place au Cambodge de trois coopérants de l'armée de terre, dont les actions sont encadrées par une convention de projet, reconduite pour 3 ans en 2020.

Les thèmes associés à ce dossier

Partager cette page