SECONDE PARTIE : LES AIDES DE L'ÉTAT A LA PRESSE DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1996


• Pour 1996, les aides directes et indirectes à la presse peuvent être estimées à 2,766 milliards de francs.

Cette aide se décompose de la manière suivante :


Aides directes de l'État : 267,8 millions de francs

Il s'agit d'aides budgétaires, spécifiques à certaines catégories de presse, ou générales. Elles sont imputées sur les crédits des Services Généraux du Premier ministre.

Le projet de loi de finances pour 1996 se traduit par une hausse de 1,3 % par rapport à 1995, grâce à un effort certain pour créer de nouvelles aides générales à la diffusion de la presse (aide au portage, fonds d'aide à la diffusion de la presse hebdomadaire régionale) et à la modernisation de la presse (fonds d'aide à l'investissement dans le multimédia), aide non budgétaire d'un montant de 20 millions de francs. On note, en revanche, une diminution de la contribution de l'État aux réductions de tarifs SNCF concernant le transport de la presse.

De leur côté, les aides indirectes atteignent dix fois le montant des aides directes.


• aides indirectes de l'État : 2.478 millions de francs

Ces aides, en croissance de 4,6 % dans le projet de loi de finances pour 1996, sont constituées :

- d'une subvention à l'Agence France-Presse, grâce à des abonnements souscrits par les administrations,

- et de l'aide de l'État au transport de la presse, imputée sur les crédits du ministère des Technologies de l'information et de la Poste, dont le montant est de 1,9 milliard de francs, ce qui représente 69,6 % des aides directes ou indirectes de l'État.


• Les aides publiques peuvent être chiffrées, pour leur part, à un montant de 4.832,4 millions de francs pour l'année 1994.

Elles sont, de loin, les plus importantes et ne peuvent qu'être estimées. Elles résultent :

ï . de la dépense fiscale à la charge de l'État que représente un taux super-réduit de TVA, à 2,1 %, soit 1 080 millions de francs, et un régime spécial de provisions pour investissement, soit 230 millions de francs ;

ï de la dépense fiscale à la charge des collectivités locales au titre de l'exonération de taxe professionnelle, d'un montant de 1 009 millions de francs,

ï des aides indirectes à la charge des entreprises publiques pour favoriser la diffusion de la presse.

En effet, l'État ne prend pas en charge l'intégralité de la dépense afférente. Le coût du transport postal supporté par La Poste représente 2 431 millions de francs, et le coût des réductions de tarif accordées à la presse mais supportées par la SNCF, faute du versement par l'État des sommes dues, pour les années 1991-1994, et qui est estimé par votre rapporteur à 82,4 millions de francs.

En résumé, l'État supporte le quart de l'ensemble de ces aides publiques, les collectivités locales un autre quart et La Poste, la moitié.

Les aides publiques étant globalement stables, on peut chiffrer le total des aides directes et indirectes de l'État, des collectivités locales et des entreprises publiques à la presse à 7,5 milliards de francs pour 1996.

Les aides à la presse du projet de loi de finances pour 1996

(en millions de francs)

Les aides publiques à la presse en 1995

(en millions de francs)

(1) Dettes de l'État non réglée pour les années 1991-1994

(2) Estimation du manque à gagner par la SNCF

(e) Estimation

I. LA PRESSE FRANÇAISE EN 1994

A. L'ÉVOLUTION DE LA DIFFUSION ET DU LECTORAT EN 1994

1. Un déclin global dans le monde

Les auteurs de l'étude de la Fédération internationale des éditeurs de journaux « Les tendances mondiales de la presse » estiment que la presse quotidienne a connu, en 1994, une chute de sa diffusion dans la majorité des pays les plus développés.

Le déclin de la diffusion a été de 1,87 % dans l'Union européenne, de 1,33 % aux États-Unis et de 0,17% au Japon ; toutefois, cette baisse est beaucoup plus substantielle si on la considère sur une période plus longue : en Europe, baisse de 6,80 % depuis 1986 ; aux États-Unis, baisse de 5,56 % depuis 1986 ; enfin, au Japon, baisse de 0,83 % depuis 1990.

Selon l'étude, cette diminution globale de 1,87 % de la diffusion dans les pays de l'Union européenne en 1994, ou de 3,8 % dans les pays de l'A.E.L.E. En 1995, la diffusion est en recul dans dix pays, stable dans deux autres, et en hausse dans cinq autres. Parmi les pays où la diffusion est en baisse, on relève la France (- 1,55 %).

En 1994, l'Inde a devancé la Grande-Bretagne et pris la quatrième place mondiale en terme de diffusion totale, avec 21,7 millions d'exemplaires vendus chaque jour. Le Japon est toujours en tête, avec 71,9 millions d'exemplaires, suivi des États-Unis (59 millions) et de l'Allemagne, qui vient en troisième position (25,7 millions). La diffusion en Russie, estimée à 96 millions d'exemplaires en 1988 et à 76 millions en 1990, s'est effondrée, avec 8 millions d'exemplaire seulement en 1993, dernière année pour laquelle on dispose de chiffres.

Les Français demeurent, sur l'échiquier mondial, des lecteurs très modérés de quotidiens d'opinion.

La Norvège reste le leader mondial, avec 610 journaux vendus pour 1 000 habitants ; suivie de la Suisse prend la seconde place avec 592 journaux pour mille : le Japon est troisième, avec 575 journaux, la Suède quatrième (472), et la Finlande cinquième (471). A la 15 ème place, on trouve les États-Unis, avec 226 journaux vendus pour 1 000 habitants ; la France arrive en 24 ème position avec 156 journaux pour mille ; l'Italie se classe 28 ème avec 113 journaux, mais c'est l'un des rares pays où le taux de pénétration a effectivement augmenté l'an dernier, et c'est l'un des deux seuls pays (l'autre étant l'Espagne) où il est supérieur à celui de 1986.

En Europe, notre rang est également très modeste :

Nombre de quotidiens vendus pour 1 000 habitants.

Nd : non disponible

* : Allemagne de l'Ouest

Source : FIEJ

Dans l'Union européenne, le premier quotidien français, Ouest-France, occupe toutefois la 4 ème place, mais loin derrière les trois Premiers :

2. Une diffusion en baisse générale

Source : SJTIC


• Le tirage total des différentes catégories de presse est en hausse apparente, en 1994, avec 8,35 milliards d'exemplaires annuels contre 8,17 milliards en 1993, soit une hausse de 2,1
% qui a fait suite à une baisse du tirage en 1993 de 1,2 % par rapport à 1992.

Sur une longue période, le tirage total apparaît nettement à la hausse, puisque 8 milliards d'exemplaires étaient recensés en 1982.

Toutefois, lorsque l'on exclut la presse d'annonces gratuites, on constate une quasi stabilité depuis 12 ans, avec un tirage de 6,49 milliards d'exemplaires en 1982 et 6,48 milliards en 1994, en hausse de 1,2% par rapport à 1993 (6,40 milliards).


• Les chiffres de la diffusion confirment cette analyse. En 1994, 7,15 milliards d'exemplaires ont été diffusés, contre 7,01 milliards en 1993, soit + 2,1 % ; et 6,95 milliards en 1982. Cependant, la diffusion de la presse payée (hors journaux gratuits d'annonces), en hausse légère, de 1 %, en 1994(5,28 milliards) par rapport à 1993 (5,23 milliards) est également en baisse sur le long terme, puisque 5,44 milliards d'exemplaires payés avaient été distribués en 1982.

La presse en 1994

(en milliards d'exemplaires)

1. Tirage

2. Diffusion


• Les chiffres provisoires pour 1994 offrent un bilan contrasté.

La presse nationale d'information générale et politique augmente, pour la première fois depuis 1989, son tirage de 3 % et sa diffusion de 0,5 %. Celle-ci s'est élevée, en 1994, à 780 millions d'exemplaires annuels -contre 930 millions en 1982.

La presse locale d'information générale et politique est quasiment stable (+ 0,1 %) en tirage et augmente légèrement sa diffusion (+ 0,4 %), avec 2,27 milliards d'exemplaires.

La presse spécialisée grand public progresse en tirage (+2,1 %) comme en diffusion (+ 2 %), avec 1,94 milliard d'exemplaires, tandis que la presse spécialisée technique et professionnelle diminue ses tirages (- 1,8 %) mais augmente sa diffusion (+ 1 %) à 300 millions d'exemplaires.

Enfin, la presse gratuite d'annonces renoue avec sa forte croissance en tirage et en diffusion (+ 5,4 %) pour atteindre 1,87 milliard d'exemplaires.


L'audience de la presse quotidienne s'est améliorée en 1994.

Selon l'enquête EUROPQN-IPSOS (2 ( * )) , et contrairement à une idée reçue, l'audience de la presse quotidienne est presque aussi importante que celle de la télévision. La presse quotidienne régionale a plus de 20 millions de fidèles et la presse nationale 8 millions de lecteurs réguliers. L'audience des journaux télévisés de TF1 est d'environ 9 millions de téléspectateurs et celle de France 2 d'environ 5 millions de téléspectateurs.

En 1994, 94,9 % des Français et des résidents en France de plus de quinze ans en ont été lecteurs. Un quotidien a été lu par 54,1 % d'entre eux, soit 24.832.000 individus, au moins trois fois par semaine -39,9 % tous les jours-, et 78 % dans les derniers huit jours.

Le lecteur moyen consacre 30 minutes par jour à son quotidien (26,6 % plus de 40 minutes) et trois lecteurs sur quatre ont pris leur journal en main avant 14 heures (15,8 % avant 8 heures, 41,2% avant 10 heures, 60,4 % avant midi). Quant au nombre moyen de « prises en main » sur l'ensemble de la journée, il est en progression : 2,1 fois en 1994 contre 2 fois l'année précédente.

Une forte majorité du lectorat de la presse quotidienne nationale se situe en région parisienne, qui compte, sur la base France entière (45.930.000 individus), 18 % de lecteurs réguliers (au moins trois fois par semaine).

Par ailleurs, 73,2 % des personnes interrogées on déclaré avoir pris en main un quotidien national dans les douze derniers mois. Son lecteur-type est un homme (60,6 %) âgé de 35 à 59 ans (41,7 %, contre 37,3 % pour les 15-34 ans), qui est actif (58,9 % dont 31,4 % de CSP +) et possède un niveau d'instruction très supérieur a moyenne (37,2 % de ses lecteurs ont suivi des études supérieures contre 23,2 % pour la France entière).

Tous les quotidiens nationaux ont enregistré, en 1994, une progression du nombre de leurs lecteurs. Le Figaro, avec 1.668.000 lecteurs numéro moyen -LNM (3 ( * )) enregistre un gain de 8 %, tandis que France-Soir passe de 930.000 lecteurs (LNM) en 1993 à 977.000 l'an dernier. La progression la plus forte a été réalisée par La Croix (+ 23 % de lecteurs LNM, tandis qu'InfoMatin fait une entrée fracassante avec 590.000 lecteurs (LNM) pour sa première année d'existence.

Le lectorat des quotidiens en 1994

Source : IPSOS

(1) La lecture d'un numéro moyen porte sur le nombre de numéros lus parmi les cinq ou six numéros parus

* chiffres : région parisienne + Oise

La presse quotidienne régionale est, pour sa part, lue presque autant par les femmes (49,1 %) que par les hommes (50,9%). 28,7% de son lectorat a moins de 34 ans, mais 30,3 % a plus de 60 ans. Elle a autant de lecteurs (30 %) dans les villes de Plus de 100.000 habitants que dans les agglomérations rurales.

Sa pénétration varie toutefois du simple au double d'une région à l'autre.

Si 68,4% des Bretons lisent un journal régional, grâce aux 768.000 exemplaires de Ouest-France et à la solide implantation du Télégramme de Brest, ils ne sont que 37,9 % en Basse-Normandie. Dans le trio de tête, la rivalité du Provençal et de Nice Matin permet à 66,7 % des Corses de lire régulièrement un journal, de même que l'importance du portage permet à l'Alsace et au Dernière Nouvelles d'Alsace de réaliser un taux de pénétration de presque 65%. Viennent ensuite la Lorraine (62,1%), l'Auvergne (60,7 %). Dans le peloton de queue, après la Basse-Normandie, viennent la Picardie (37,9 %), Rhône-Alpes (40,1 %) et le Nord-Pas-de-Calais (42,9 %).

La presse française est-elle trop chère ?

Depuis 1990, l'indice des prix à la consommation de la presse (quotidiens et magazines) a, selon l'INSEE, progressé plus fortement que l'indice moyen des prix à la consommation. Cependant, la croissance annuelle du prix des journaux et revues a régulièrement diminué depuis 1991 et a même été inférieur à l'inflation en 1994 (+ 1,7%) pour les quotidiens (+ 1,2%), tandis que l'indice du prix des magazines diminuait de 0,3 %.

L'indice des prix à la consommation de la presse par rapport à l'indice général selon l'INSEE

Indice des prix à la consommation, (moyenne annuelle)

Base 100 en 1990

1990 1991 1992 1993 1994

Indice général (*) 100,0 103,2 105,7 107,9 109,7

Journaux - quotidiens 100,0 105,6 110,7 113,4 114,7

Revues - magazines 100,0 104,1 107,1 108,3 108,0

(*) Indice d'ensemble (y compris tabac).

Indice des prix à la consommation

Base 100 années In-1)

1990 1991 1992 1993 1994

Indice général /// 103.2 102.4 102,1 101,7

Journaux - quotidiens /// 105,6 104,8 102.4 101,2

Revues - magazines /// 104,1 102,9 101,1 199,7

Par rapport aux autres pays européens, la presse française apparaît plus chère.

Prix de vente du quotidien ayant le plus fort tirage dans chaque pays (1) en 1994

(en dollars)

Source : FIEJ

(1) ce qui inclut souvent la presse dite "populaire "(Bild en Allemagne, Sun en Grande-Bretagne)

Moyenne du prix des dix quotidiens les plus diffusés de chaque pays en 1994

* (2) Réalisée auprès d'un échantillon de 21.208 personnes en deux vagues, au printemps et à l'automne 1994, pour la deuxième année. La marge d'erreur importante rend toute comparaison avec l'enquête de 1993 difficile.

* (3) « Lecteurs numéro moyen » - LNM : le nombre moyen de lecteurs par numéro est établi en tenant compte du nombre de numéros lus par rapport à la norme de numéros parus au cours des sept derniers jours.

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