B....QUI DEMEURE CEPENDANT À NUANCER

1. L'évolution sectorielle et géographique

a) L'évolution selon l'orientation des exploitations

Les comptes par catégorie d'exploitations détaillent les résultats annuels de l'agriculture selon les orientations de production dominantes et permettent d'apprécier les disparités de revenu entre orientations.

Ces comptes sont établis par le service central des enquêtes et études statistiques à partir des résultats des seules exploitations agricoles, alors que les comptes nationaux de l'INSEE prennent en compte la « branche agriculture ». Les productions et les dépenses « hors exploitations » (jardins familiaux des non-exploitants) en sont donc exclues.

L'indicateur principal de revenu utilisé dans les comptes par catégorie d'exploitations est le résultat brut d'exploitation (RBE) dans l'optique des livraisons. Il diffère du revenu brut agricole (RBA) issu des comptes nationaux par l'exclusion du « hors exploitations » et par quelques divergences méthodologiques.

Toutes exploitations confondues, le résultat brut d'exploitation global atteint 126,2 milliards de francs en 1995, soit une augmentation de 8,8 % par rapport à 1994,

Compte tenu d'une diminution du nombre des exploitations estimée à 4 % et d'une hausse du prix du produit intérieur brut marchand de - 1,7 %, le RBE moyen par exploitation est en hausse de 11,4 % en termes réels par rapport à 1994.

Le tableau ci-après illustre la disparité des évolutions selon les orientations (optique livraisons).

ÉVOLUTION DU REVENU BRUT D'EXPLOITATION

EN TERMES RÉELS (EN % ANNUEL)

Catégorie

1993-1994

1995-1994

Exploitations à temps complet

12,7

11,9

Grandes cultures

3,8

11,4

Céréaliers spécialisés

- 11,5

12,3

Céréales et autres grandes cultures

8,5

11,6

Maraîchage et fleurs

29,8

1,2

* Maraîchage

1,4

- 4,2

* Fleurs

12,3

9,5

Viticulture

30,3

29,6

Vins de qualité

46,3

30,4

Autre viticulture

1,6

27,9

Arboriculture fruitière

103,3

7,2

Bovins

11,6

4,4

* Bovins-lait

11,4

5,8

* Bovins-viande

16,7

2,3

* Bovins-mixtes

10,8

5,9

Ovins et autres herbivores

8,6

- 6,5

dont ovins

2,0

-35

Hors sol

15,5

21,4

Polyculture

10,0

13,6

Autres orientations mixtes

6,4

10

Exploitations à temps partiel

13,3

8,2

Ensemble des exploitations

12,3

11,4

Ainsi, on peut constater :

- une forte hausse du revenu en viticulture pour la seconde année consécutive. Cette hausse du revenu, toutes exploitations viticole confondues, atteint en moyenne 29,6 % en 1995, après +30,3 % en 1994. Elle est légèrement plus forte en viticulture de qualité qu'en viticulture courante. Leurs caractéristiques communes sont une croissance du volume et des prix des livraisons ainsi que des consommations intermédiaires.

- un redressement du revenu de l'élevage hors sol. Le revenu de l'élevage hors sol augmente de 21,4 %) en 1995, grâce à la poursuite de l'amélioration de la conjoncture porcine, à la baisse des prix de l'alimentation animale et au ralentissement des achats d'aliments composés, surtout dans le secteur porcin.

Malgré deux années consécutives favorables, le revenu de l'orientation hors sol n'a pas retrouve son niveau de 1990 après les trois années de baisse, notamment celle de 35,9 % intervenue en 1993. Entre les dernières périodes triennales (1991 et 1994), l'évolution est de l'ordre de - 10,7 % en moyenne annuelle.

- Par les grandes cultures, la bonne conjoncture permet une hausse de la valeur ajoutée.

En 1995, les exploitations de grandes cultures ont bénéficié d'une conjoncture mondiale favorable pour le prix des céréales, qui a limité l'effet de la baisse de 7,4 % du prix d'intervention pour la campagne 1995-1996. Ainsi, malgré la baisse des prix des oléagineux, le prix moyen des livraisons de cette orientation augmente en moyenne de 1,1 % Le volume moyen des livraisons s'accroît également, grâce aux céréales (blé tendre), mais surtout aux oléagineux (colza non alimentaire), dont le volume progresse de 24,1 % . La reprise des achats d'engrais et des produits phytosanitaires, ainsi que des l'augmentation des prix des engrais, entraînent une croissance de la valeur des consommations intermédiaires voisine de celle des livraisons. Toutefois, la valeur ajoutée moyenne par exploitation augmente de 7,5 % en valeur courante.

- l'élevage bovin a bénéficié d'une hausse de revenu inférieure à la moyenne nationale.

Le revenu de l'ensemble des exploitations orientées vers la production bovine augmente de 4,4 % en moyenne par exploitation, après une hausse de 11,6 % en 1994. Contrairement à 1994, l'évolution est plus favorable pour les élevages laitiers que pour les élevages à viande, dont la valeur ajoutée diminue.

La situation du revenu est meilleure pour l'élevage laitier (+5,8 % ) que pour l'élevage à viande (+2,3 %). Pour cette dernière catégorie de producteurs, le revalorisation des diverses aides communautaires qui jouent un rôle essentiel dans la formation du revenu, a compensé la dégradation assez marquée des cours.

- La dégradation du revenu dans l'élevage ovin se poursuit : en effet, les livraisons de viande ovine diminuent légèrement en volume en 1995 et les prix sont en retrait de 3,6 %. L'augmentation de la dimension économique des exploitations permet une croissance de la valeur des livraisons par exploitation (+ 3,3 %), mais elle est nettement inférieure à celle de consommations intermédiaires (+17,4 %).

La baisse de la valeur ajoutée n'est ainsi pas compensée par l'augmentation des subventions et le revenu moyen des élevages ovins spécialisés est en baisse de 3,5 %.

Entre les deux moyennes triennales « 1991 » et « 1994 », le taux d'évolution annuel moyen ressort à -0,6 % par an. Le revenu des exploitations ovines reste parmi les plus bas avec un niveau voisin de 45 % du revenu de l'ensemble des exploitations.

- Si on constate une amélioration du revenu en arboriculture fruitière, +7,2 % en termes réels pour 1995, à moyen ferme, l'évolution du revenu des producteurs de fruits demeure très négative , à la suite des résultats des années 1992 et 1993. L'évolution tendancielle depuis 1990 atteint - 15,8 % en moyenne annuelle et le niveau de revenu de 1995 demeure inférieur de 38 % à celui de 1991. Par rapport à la moyenne des exploitations, la position de l'arboriculture fruitière s'est dégradée puisque son revenu, qui se situait 24 % au-dessus du revenu moyen au début des années 1980, n'en représente plus que 60 % en moyenne sur les trois dernières années.

Par ailleurs d'importantes disparités peuvent exister selon les produits ou les régions.

* l'évolution du revenu en horticulture est faible. Cette catégorie d'exploitations regroupe les exploitations spécialisées dans la production légumière et florale. Comme pour les fruits, la diversité des produits concernés fait qu'il existe des disparités de situations importantes selon les producteurs.

* En 1995, la valeur moyenne des livraisons en maraîchage et fleurs augmente de 11,1 % et celle des consommations intermédiaires de 17,1 % ce qui engendre une croissance moyenne de 7,8 % de la valeur ajoutée par exploitation, dont les trois quarts dus à l'accroissement de la dimension économique moyenne des exploitations. L'évolution moyenne des charges d'exploitation, constituées essentiellement par les charges salariales, est quant à elle de +11,8 %. Le revenu moyen pour l'ensemble des exploitations orientées vers l'horticulture augmente de 1,2 % en termes réels en 1995, mais l'évolution serait négative (-4,2 %) pour les exploitations spécialisées dans la culture légumière.

Ainsi, on constate un accroissement des disparités de revenus en 1995. Bien que l'évolution du revenu en 1995 soit positive pour la quasi-totalité des orientations, on aurait donc en 1995 un léger accroissement des disparités de revenus, l'écart entre les extrêmes passant de 1 à 3,5 en 1994 et de 1 à 4,4 en 1995. Les fortes hausses de revenu, c'est-à-dire supérieures à la moyenne nationales, ne concernant qu'un nombre restreint d'orientations techniques des exploitations (OTEX) (viticulture, hors sol...), pratiquement toutes les autres catégories voient leur position relative par rapport à la moyenne se dégrader, même si leurs revenus progressent également. Ceci ne remet pas en cause la tendance à une réduction des disparités à long terme, du fait de la dégradation de la position relative des catégories d'exploitations aux revenus moyens les plus élevés.

b) L'évolution géographique

En 1995, le revenu moyen agricole augmente en termes réels dans plus des trois quarts des départements. La hausse dépasse 15 % dans 20 d'entre eux. Parmi les 16 départements concernés par une baisse de revenu, beaucoup avaient connu une forte hausse en 1994. Si au niveau national, la valeur ajoutée s'accroît en termes réels, elle baisse cependant pour nombre de départements. L'augmentation des subventions est de nouveau générale avec la troisième année d'application de la réforme de la PAC et la revalorisation des aides compensatoires céréalières et des aides animales.

Grâce en particulier à la reprise du volume des livraisons et à la revalorisation des aides compensatoires pour baisse de prix, la situation des départements de grandes cultures s'améliore par rapport à 1993 et 1994. On constate ainsi une hausse de revenu dans la grande majorité des départements. Elle est même forte dans les départements champenois favorisés, il est vrai, par la croissance des livraisons de vins calmes de Champagne.

Dans les départements laitiers, le revenu est en augmentation sensible, à l'exception de la Basse-Normandie. Cette hausse est confortée en Bretagne par l'amélioration des cours du porc et dans l'Est par l'augmentation du volume des oléagineux. Les départements spécialisés en élevage bovin et ovin connaissent des évolutions de revenu faibles et parfois négatives, comme dans la Nièvre, l'Allier ou la Haute-Vienne, mais l'évolution tendancielle au cours des trois dernières années demeure très favorable.

Le revenu des départements viticoles est en général en forte hausse grâce à la progression des prix des livraisons. L'évolution du volume de fruits et légumes entraîne des situations très disparates pour les départements concernés.

Ainsi, tous départements confondus, l'évolution tendancielle est positive pour une grande majorité de départements (hausse du RBE de + 10,3 % en 95). La légère augmentation de disparités de revenu en 1995 ne remet pas en cause la réduction à long terme des écarts interdépartementaux.

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