CHAPITRE IV - LES VOIES NAVIGABLES

I. LE TRAFIC FLUVIAL EN 1995-1996

Deux adjectifs qualifient actuellement la flotte fluviale française : ancienne et peu compétitive. Le parc d'unités (2.374) est réduit. Sa capacité moyenne est égale à 561 tonnes. La flotte a souffert de l'absence de connexion avec nos partenaires européens, l'activité fluviale française s'exerçant dans un « vase clos ». L'effet du « déchirage », en vigueur depuis 1989, a eu des retombées modestes. Facteur aggravant : une insuffisance d'investissements, le rajeunissement du parc résultant davantage de la mise au rebut d'unités anciennes que de la construction d'une cale nouvelle.

56 % de la capacité de cale ont plus de 35 ans, 39 % entre 25 et 15 ans et 5 % seulement à moins de 15 ans. Le parc public en marchandises sèches, soit 72 % du parc total, a été construit pour plus de 60 % avant 1960. On considère que 80 % de la cale actuelle est en « bout de course » (57 % de la cale sèche, et 86 % de la cale citerne).

Comme le souligne le tableau ci-dessous, la capacité moyenne de cale unitaire s'élève à 561 tonnes, or pour conforter la compétitivité d'une expédition par voie d'eau, un seuil minimum de 1.500 tonnes par unité est requis. A titre de comparaison, la France se place loin derrière l'Allemagne -en terme de capacité moyenne de cale- qui atteint 941 tonnes, les Pays-Bas faisant mieux avec 985 tonnes.

Autre élément de comparaison, si l'on réduit le champ d'instigation en limitant le calcul aux unités dont la capacité moyenne est comprise entre 650 tonnes et 3.000 tonnes, les résultats comparés avec l'Allemagne et les Pays-Bas sont frappants. On obtient : 42 % des unités en France ont une cale moyenne de 1.355 tonnes, en Allemagne et aux Pays-Bas avec une cale moyenne respective de 1.372 tonnes et 1.465 tonnes.

AGE MOYEN DE LA FLOTTE AU 1/01/94

NOMBRE D'UNITÉS

EN %

TONNAGE MOYEN UNITAIRE

Supérieur à 35 ans

Compris entre 25 et 15 ans

Inférieur à 15 ans

1.329

925

119

56

39

5

561

740

1.267

TOTAL

2.374

100

561

Source : Comité des armateurs fluviaux

Quant à la batellerie française, elle n'a réalisé qu'un milliard de francs de chiffre d'affaires en 1995. En dix ans, les effectifs des salariés qui ont effectué 55 % des trafics en 1995, ont fondu de moitié pour se stabiliser, depuis deux ans, à quelque 1.000 salariés pour une cinquantaine d'entreprises. Dans le même temps, le nombre des indépendants a été divisé par trois pour atteindre 1.250 personnes en 1995. Il a été divisé par 6 depuis 1973. Avec 30 créations d'entreprise pour 100 disparitions par an, la profession continue de perdre 70 artisans chaque année.

1995 : année satisfaisante

Le trafic fluvial a connu une année 1995 satisfaisante. Après la reprise amorcée à compter d'octobre 1994, la croissance s'est poursuivie jusqu'à l'automne 1995 pour ralentir au dernier trimestre de 1995. Au total, le transport fluvial de marchandises aura crû de 3 % en volume et de 4,6 % en tonnes-kilomètres en 1994-1995.

À l'exception des produits pétroliers (- 2,4%) et des matériaux de construction ( -1,2 %) liés à la crise du BTP et des grèves de décembre 1995, où notamment la consommation de béton prêt à l'emploi a diminué de 35% par rapport à décembre 1994, l'ensemble des produits transportés par la voie d'eau a enregistré une progression. A l'image des marchandises diverses qui ont fait un bond de 39,59 %, ou dans une moindre mesure, les minerais et déchets sidérurgiques (+14,84%), les produits chimiques (12,46%) ainsi que les combustibles minéraux et les denrées alimentaires, fourrages qui ont évolué de façon analogue. A noter également la bonne tenue des produits agricoles (+ 8,56 %) qui semble avoir davantage profité aux ports de l'Europe du Nord via les exportations par la Moselle, des produits métallurgiques (+ 6,04 %) et des engrais (+ 3,03 %) comme le montre le tableau ci-après.

Autre sujet de satisfaction, cette hausse a bénéficié aux flottes publiques (+ 3,31 % en tonnage transit compris) au détriment des flottes privées (-11,2%). Les variations sont moindres en t/km puisque les flottes publiques progressent de 3 % et la flotte privée régresse de 2,3 %.

Enfin, sur le trafic fluvio-maritime, la morosité était de mise avec une baisse de 10 % avec 1,2 millions de tonnes et 190 millions de tonnes/km sur la Seine et le Thône confondus. Cette perte se concentre principalement sur la Seine car si les exportations sont restées stables, les importations ont chuté de 220.000 tonnes (les produits agricoles passant de 95.000 tonnes à 900 tonnes). Le Rhône, quant à lui, a atteint un score honorable avec une hausse de 14 % tant sur les importations que sur les exportations.

1996 : des résultats à confirmer

Les résultats de 1995 demandaient à être confirmés en 1996. Il ne faut, en effet, pas s'illusionner : au niveau national, la part de la voie d'eau dans le transport des marchandises n'excède pas 4 % (6,7 % pour les 34 départements baignés par des voies navigables).

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